"Rien ne justifie l’hôpital médian tel qu’il est présenté dans le rapport"

  • Emmanuelle Gazel mesure le rejet des habitants sur le sujet de l’hôpital médian. Emmanuelle Gazel mesure le rejet des habitants sur le sujet de l’hôpital médian.
    Emmanuelle Gazel mesure le rejet des habitants sur le sujet de l’hôpital médian.
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victor guilloteau

La maire de Millau, Emmanuelle Gazel, témoigne son rejet du projet d’hôpital médian développé dans le rapport Mupy. Mais elle se dit favorable à un rapprochement des hôpitaux de Millau et Saint-Affrique.

Vous avez en votre possession le rapport Mupy, l’étude de faisabilité sur l’hôpital médian. Quelle conclusion en faites-vous ?

Ce rapport, je l’ai entre les mains depuis le premier jour de mon installation. Je pensais qu’il justifiait l’hôpital médian tel qu’il nous a été présenté. En réalité, rien dans celui-ci ne me donne d’argument pour aller vers ce qui a été validé par l’ex-ministre Agnès Buzyn, à la demande de quelques élus. Je veux aujourd’hui, comme les habitants, qu’on m’explique ce qui a conduit à ce choix. Aujourd’hui, je n’ai rien.

On vous a reproché durant la campagne de ne pas vous prononcer sur le sujet. Avez-vous une position tranchée désormais ?

Je sais que ma vision sur le sujet est attendue. J’ai toujours refusé d’avoir une position idéologique ou dogmatique sur l’hôpital. Ce qui m’intéresse, c’est de bâtir le meilleur projet pour les habitants du Sud-Aveyron. Pour les Millavois, bien sûr, car je suis maire de Millau, mais aussi pour l’ensemble des habitants du bassin de santé. En outre, mon engagement politique n’a jamais été d’encourager le plus fort à manger le plus faible, et je ne veux pas jouer Millau contre le reste du territoire. Millau ne peut être fort qu’avec son territoire. Je suis persuadée qu’il faut trouver des collaborations fortes entre les hôpitaux actuels de Millau, Saint-Affrique, mais aussi avec l’hôpital de proximité Fenaille à Sévérac, les maisons de santé de Belmont ou de Nant, la médecine de ville et l’ensemble des acteurs de santé.

Vous êtes donc défavorable à l’hôpital médian ?

Je ne veux pas m’enfermer dans un pour ou contre. En tout cas, rien ne justifie l’hôpital médian tel qu’il est présenté dans le rapport. Je veux repartir de nos besoins aujourd’hui. Il faut qu’on s’appuie sur ces réseaux de professionnels de santé pour construire notre offre. Aujourd’hui, à Millau et Saint-Affrique, on perd nos lits et nos postes, on perd des médecins… Le bloc de Saint-Affrique va fermer plusieurs semaines, une nouvelle fois. Ce qui se passe ne va pas dans le bon sens. Il y a urgence à faire travailler nos hôpitaux ensemble.

Qu’imaginez-vous concrètement ?

Je suis convaincu, je le répète, qu’il faut des collaborations, fortes et rapides. C’est le "ici et maintenant" que j’ai martelé pendant la campagne. Pour être attractif et avoir des médecins, il nous faut proposer plus d’activités et donc augmenter la population du bassin de santé. Il faut le faire en urgence, dès maintenant. Car ce que nous perdons sera encore plus difficile à rattraper. On va être confrontés à un problème de démographie médicale. Les médecins, pour venir dans un hôpital, doivent avoir de l’activité. Pour ça, il faut structurer une offre. Il ne faut pas se regarder, il faut travailler ensemble.

Durant votre campagne, vous aviez dit vouloir lancer une consultation citoyenne sur le sujet. Est-ce toujours d’actualité ?

Pour le moment, je n’ai aucun argument technique ou scientifique pour justifier ce projet auprès de ma population. Mais ce qui est certain, c’est que je souhaite avancer en transparence avec la population. Le message que je vais porter au comité de pilotage qui a lieu ce vendredi avec l’ARS, le CHU et les élus du territoire, c’est qu’il faut reconstruire ce projet en partant des besoins, en associant professionnels et médecine de ville. Tous les jours, à Millau et ailleurs en Sud-Aveyron, je mesure les inquiétudes, et même le rejet, des habitants à l’encontre du projet d’hôpital médian. Je ne vois pas comment nous pourrions valider un projet sans l’adhésion de la population. Il en va de l’acceptabilité de l’hôpital médian.

Le sujet est aussi politique. Croyez-vous en la capacité des élus de s’unir autour de ce projet ?

La démarche doit dépasser nos divergences politiques. Cet enjeu est trop important pour en faire un objet politicien. Il faudra trouver un consensus, on doit tous accompagner un projet capable de réussir. Le projet aujourd’hui ne peut pas réussir, car la population y est hostile. Il faut justifier les choses. S’il ne faut qu’une seule maternité, il faut expliquer pourquoi. Je veux construire avec de l’objectivité, des faits, du réel, des solutions pour tous. Mon ambition, c’est de mener une concertation qui aboutit à ce projet qui nous engage sur les 40 prochaines années. Ce serait une première en France.

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