Un restaurant géant rouvre à Narbonne, à contre-courant de la morosité ambiante

  • Un à un, les quelque 400 clients venus déjeuner se plient avec le sourire au passage obligé par la "Sanibox", une cabine de désinfection aux UV et à l'azote, qui prend également la température de chacun.
    Un à un, les quelque 400 clients venus déjeuner se plient avec le sourire au passage obligé par la "Sanibox", une cabine de désinfection aux UV et à l'azote, qui prend également la température de chacun. GEORGES GOBET / AFP
Publié le
Relaxnews

(AFP) - Au moment où colère et angoisse agitent des milliers de restaurateurs menacés de fermeture à cause de la dégradation de la situation sanitaire, le patron des Grands Buffets à Narbonne rouvre lui cette semaine "avec enthousiasme" son établissement géant fermé depuis six mois.

Un à un, les quelque 400 clients venus déjeuner se plient avec le sourire au passage obligé par la "Sanibox", une cabine de désinfection aux UV et à l'azote, qui prend également la température de chacun.

"C'est du matériel utilisé dans les aéroports. Compte tenu du principe même du buffet à volonté et de l'affluence, nous voulions proposer des garanties maximum", au-delà du protocole exigé, explique à l'AFP Louis Privat, le fondateur de ce restaurant, qui s'affiche comme le plus grand de France.

Depuis 1989, cet établissement audois attire chaque année des dizaines de milliers de clients de toute la France et de l'étranger, proposant pour une quarantaine d'euros des buffets géants de fruits de mer, fromages et foies gras, et une déclinaison de toute la cuisine traditionnelle française.

Entre les lustres dorés, les chandeliers d'argent et les tapisseries du 17e siècle qui habillent les différentes salles, les appareils de distribution de gel hydroalcoolique, parois vitrées devant le buffet et fléchages au sol pour fluidifier la circulation passent presque inaperçus.

- "Rien n'a changé" -

"Rien n'a changé, l'ambiance est la même", s'enthousiasme Corinne Rubado, 49 ans, dégustant des crustacés avec son mari. Le couple résidant à Marignane (Paca), avait l'habitude de venir au mois une fois par mois avant la crise du Covid-19. Ils ont tenu à faire partie des premiers clients dès l'ouverture.

Quand en juin la majorité des restaurants, exsangues après trois mois de fermeture, s'empressaient de rouvrir leurs portes, M. Privat avait lui estimé qu'il n'était "pas prêt" à assurer la sécurité du personnel et du public.

Six mois et 3,5 millions d'euros d'investissement plus tard, des adaptations structurelles --sanitaires et décoratives-- ont été réalisées et le protocole sanitaire a été renforcé.

Un effort financier que M. Privat juge rentable à long terme, "car dans l'avenir, le public sera beaucoup plus sensible à la question sanitaire, au-delà même de cette épidémie".

Grâce à un étalement des arrivées avec des plages horaires très précises réservées à l'avance, les déplacements devant les buffets sont fluides. Masquée et les yeux rieurs, Nora Robinet se désinfecte les mains avant de se servir, puis réitère le geste avant de rejoindre sa table.

- "Continuer à vivre" -

"Des fois les responsables d'établissements hésitent à être persuasifs ou interventionnistes sur leurs clients. Chez nous, on n'a aucun état d'âme, celui qui ne respecte pas les règles sera raccompagné", assène M. Privat.

Loin de la refroidir, ces nouvelles règles contraignantes rassurent Mme Robinet. "Je suis plus sereine que quand je fais mes courses au supermarché", dit-elle, attablée avec son mari et un couple d'amis.

"C'est merveilleux, j'ai l'impression que c'est Noël. On a besoin de se faire plaisir en cette période sombre et puis il faut continuer à vivre", affirme la quinquagénaire.

Le credo est aussi celui du restaurateur, qui se refuse de céder à la peur, dans un département classé en zone de circulation active début septembre.

"Moi je vis avec enthousiasme", lance-t-il, se félicitant notamment d'avoir enregistré déja 80.000 réservations pour les semaines à venir.

Quant au traitement réservé aux restaurants et bars à Marseille, et à la menace qui pèse sur des milliers d'établissements situés dans des zones risquant de passer en "alerte maximale" dès la semaine prochaine, il y discerne une certaine injustice.

"Je pense qu'il est essentiel qu'il y ait des mesures concernant la restauration. Mais je ne comprends pas pourquoi on impose une fermeture générale sans discernement, alors que certains restaurateurs mettent en place des protocoles sanitaires très stricts".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?