Millau. VoilenSac, du nautisme à la maroquinerie
Michaël Ladet combine, depuis dix ans, ses deux inspirations : la Méditerranée et les cuirs du Larzac. Pour confectionner une nouvelle gamme de sacs et d’objets de décoration.
Les commandes ont déserté son carnet au moment du confinement, et les salons liés au nautisme se sont annulés les uns après les autres. Avec son ami Julien Hanchir, de Bleu de Chauffe, ils ont monté une chaîne solidaire en s’appuyant sur leurs réseaux respectifs pour la fabrication de masques. "Tout s’est arrêté le jour du déconfinement, mais je pense que cette activité a sauvé nos deux boîtes", résume Michaël Ladet. Ce dernier tient à accueillir des stagiaires "pour que le savoir-faire reste en France et pour le plaisir de transmettre".
Face à la crise
Michaël Ladet est un marin qui s’épanouit désormais dans la maroquinerie qu’il a inventée depuis Millau, voilà maintenant dix ans. Fort de ses expériences, et parfois de ses échecs, l’artisan d’art combine aujourd’hui le savoir-faire de la maroquinerie, et la haute technologie des tissus de voiles de bateaux de la Méditerranée pour alimenter sa gamme de sacs et d’objets de décoration sous sa marque VoilenSac.
L’homme de 47 ans, natif de la Corse, est un amoureux de la mer. Il n’était pas pour autant voué à un tel destin. Informaticien de formation, la vie parisienne ne lui convient pas et rentre dans une voilerie à Port Camargue et suit une formation pluri-qualifiante à Palavas. "C’est une question de choix de vie, explique-t-il. Dans cette voilerie, nous sommes partis de rien." Puis le cœur le pousse à suivre sa femme du côté de Millau, où il trouve un poste de responsable à la sellerie Gaston Mercier, à Saint-Léons. "J’y suis resté près d’un an et demi, où je me suis formé sur tous les postes. J’ai ensuite pris la direction de l’atelier du Sac du Berger, à l’époque où il était encore à Lapeyre, dans la vallée de la Sorgues. L’objectif était d’arriver à l’équilibre au niveau des comptes. On l’a atteint au bout d’un an", développe-t-il. Michaël Ladet refuse alors d’acheter l’atelier et se retrouve sans activité. "Une amie de Corse m’envoie un reportage sur le potentiel des voiles de bateaux. Je lui ai répondu que, si elle s’occupait de la vente, je m’occupais de créer des sacs."
Se jeter à l’eau
Trois semaines durant, Michaël Ladet travaille d’arrache-pied pour confectionner une gamme de produits qu’il revend à Saint-Florent. Le succès est au rendez-vous. Le bouche-à-oreille fait son œuvre. Trois revendeurs proposent aujourd’hui ses produits en boutiques, à Six-Fours, sur l’île de Groix au large de Lorient, et à Saint-Barthélemy.
Après 20 ans d’expérience, le créateur met 45 minutes pour confectionner un sac. La légèreté, l’imperméabilité et la résistance de ses sacs sont également plébiscitées des cordistes, une activité qui pèse aujourd’hui 10 à 20 % de son chiffre d’affaires.
Les voiles, que ce soit du tissu neuf déclassé ou qui a navigué, peuvent aller de 17 € le m2 jusqu’à 90 € en non déclassé. Celui qui se définit comme un artisan d’art joue désormais avec les matières et associe la voile, ou le lin - le même qui a servi pour la confection des voiles de l’Hermione - avec les cuirs d’ici. De 10 € pour un porte-monnaie à 250 € pour un sac en voile, le prix peut grimper jusqu’à 1 000 € pour un sac en cuir commandé.
Parti de rien, Michaël Ladet ne se refuse rien et se lance dans les objets de décoration. Après avoir réalisé le mobilier en cuir pour le Carré de Vie de Jack Pierrejean, le passionné planche sur le projet de musée antique de Narbonne, imaginé par Sir Norman Foster, célèbre architecte qui a notamment pensé le viaduc de Millau. Depuis son atelier installé à la maison des entreprises, avec une vue sur le Tarn, l’esprit créatif de Michaël Ladet n’a pas fini de voguer, en toute humilité.
VoilenSac, 4, rue de la Mégisserie. Tel. : 06 32 69 11 32 ou voilensac.com
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