Aveyron : face à la Covid-19, le Téléthon en pleine réflexion

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  • De très nombreuses associations se mobilisent chaque année, comme l’école de danse d’Edwina Costecalde.
    De très nombreuses associations se mobilisent chaque année, comme l’école de danse d’Edwina Costecalde. Reproduction Centre Presse - Reproduction Centre Presse
  • Michel Allot, président de la coordination départementale.
    Michel Allot, président de la coordination départementale. Reproduction Centre Presse - Reproduction Centre Presse
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François Cayla

L’événement caritatif de fin d’année est dans l’expectative, confronté comme tant d’autres à une situation sanitaire qui limite les marges de manœuvre.

C’est devenu un poncif. Il n’empêche, on peut encore le dire, l’écrire, le répéter : 2020 n’est pas une année comme les autres. Covid-19 oblige. C’est vrai pour tous. C’est vrai pour tout. Et dans ce "tout", il y a "aussi" le Téléthon, l’événement caritatif de fin d’année, organisé, pour mémoire, par l’Association française contre les myopathies (AFM) pour financer des projets de recherche sur les maladies génétiques. Ainsi donc, et comme tant d’autres, le Téléthon va vivre un exercice 2020 forcément différent, forcément compliqué.

Trouver des alternatives

Samedi dernier, à la salle d’animation de Luc, était programmée la traditionnelle convention départementale, qui devait exceptionnellement être couplée avec la cérémonie du "Téléthon merci", annulée en début d’année pour cause de confinement.

D’abord autorisée, ladite convention a également dû être annulée dans le courant de la semaine, au regard des derniers arrêtés préfectoraux pris en lien avec l’épidémie de coronavirus. Plus de 200 personnes devaient se retrouver à cette occasion. C’était trop, selon les nouvelles règles liées aux rassemblements en salle.

Une jauge qui ne cesse de descendre et qui va immanquablement contrarier les habituelles manifestations organisées chaque premier week-end de décembre en Aveyron et dans tout le pays.

Michel Allot, président de la Coordination départementale de l’AFM, est bien conscient du défi qui va se présenter en cette période hors normes. "La question, elle est bien évidente, est comment va-t-on faire ? s’interroge le "patron" du Téléthon aveyronnais. Il y a déjà un mois, nous avons réuni tous les délégués cantonaux, au nombre de 46, pour lancer la réflexion. Chaque année, depuis 1987, nous avons en Aveyron des masses d’animations, organisées par des dizaines d’associations et des centaines de bénévoles. On ne pourra pas faire comme d’habitude. On cherche donc des alternatives. On sait que les rendez-vous qui réunissent d’ordinaire beaucoup de monde ne pourront pas être proposés. Peut-être faudra-t-il s’orienter vers des manifestations beaucoup plus réduites en termes d’affluence. Mais le souci est que, même aujourd’hui, on ne sait pas quelle sera la situation sanitaire au moment du Téléthon. Meilleure ? Pire ?"

Pour autant, les 5 et 6 décembre, le Téléthon sera bien inscrit au calendrier caritatif. Au niveau national, l’AFM va probablement miser sur une forte participation numérique des Français. Le département aussi, mais Michel Allot tempère cette orientation.

"En Aveyron, et contrairement à ailleurs dans le pays, les deux tiers des dons proviennent du terrain. Si on veut maintenir un bon niveau de dons, on ne peut pas se limiter au numérique, c’est impossible."

Mobilisation sans faille

Michel Allot et les organisateurs du Téléthon aveyronnais avouent qu’ils vont donc faire "comme si". Comme si les manifestations, du moins les moins lourdes, pouvaient être organisées. "On a commencé à distribuer les contrats pour l’organisation de diverses animations. Et puis on verra au fil du temps. Si on doit annuler, on annulera. On fera au coup par coup."

Pour l’heure, l’un des rares aspects positifs du moment tient dans la mobilisation des bénévoles. Là où on aurait pu craindre un mouvement de repli, de craintes, il n’en est rien. Au contraire.

" J’ai commencé à me rendre un peu partout à la rencontre des acteurs de terrain et, très franchement, on sent des gens motivés comme jamais, confirme dans ce sens Michel Allot. Je ne vois aucune démission. À l’inverse, et je l’ai vérifié lors de la réunion avec les délégués cantonaux, il y a une volonté farouche d’aller au combat, de faire face. "

Faire face, mais pas n’importe comment, s’empresse de préciser le président départemental. "Le but du Téléthon c’est sauver des vies, pas d’en détruire. Ce qui sera fait le sera dans les règles absolues du droit, de la protection de tous. Il est bien évident que nous ne ferons prendre aucun risque à personne."

Tant bien que mal, il s’agira une nouvelle fois de récolter un maximum d’argent pour aider la recherche médicale. L’enjeu est de taille, comme le rappelle encore une fois Michel Allot.

"Le Téléthon a permis des avancées extraordinaires. Actuellement, 35 expériences sont en cours sur 28 maladies génétiques. C’est énorme. Et ce travail engagé a toujours besoin de fonds. Si on faisait l’impasse sur le rendez-vous de cette année, ça pourrait impacter tout le processus de recherche. On ne peut pas laisser tomber."

Le chiffre

  • 620 000

En euros, c’est le montant des dons collectés l’an dernier en Aveyron pour le Téléthon. Comme depuis quelques années, cela fait du département le plus solidaire et le plus impliqué dans cette démarche à travers tout le pays, si l’on s’en tient au ratio établi entre le montant des dons et le nombre d’habitants.

S’il hésite logiquement à se prononcer, Michel Allot considère malgré tout que si l’exercice 2020 permettait de collecter 500 000 €, ce serait déjà une "belle réussite" au regard du contexte général.

Peut-être un enjeu de lien social

Dans sa réflexion sur le comment organiser le Téléthon 2020, Michel Allot évoque aussi le rôle que pourrait jouer l’événement auprès de certaines personnes âgées isolées. "Le Téléthon, c’est une solidarité de terrain qui peut être encore plus importante cette année si on pense à tous ces aînés qui ont difficilement vécu le confinement, en milieu rural, mais pas seulement. Les acteurs du Téléthon peuvent aller vers ces personnes et, par exemple, les impliquer de manière prudente dans ce qui sera organisé. Ce serait peut-être une façon de leur faire renouer avec les contacts sociaux."

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