Millau. Des ateliers créatifs pour se soigner autrement

Soigner avec des médicaments, par traitement thérapeutique c’est connu. Au centre de santé mentale de Millau, le lien social avec le monde extérieur est aussi important pour l’accompagnement des patients. Du moins c’est la philosophie de Jean-Dominique Gonzales, psychiatre à Millau : "Les traitements sont divers pour que les personnes retrouvent du lien social. Les médicaments et la psychothérapie aident et le traitement social est aussi important. Sans cela, il n’y a pas de réintégration du sujet dans la société."

Pour cela, rien de mieux que la culture. Il est facile de le comprendre en entrant dans l’atelier du centre social de Millau. Les murs sont tapissés de créations colorées, la salle jonchée de sculptures faites par les patients et les bureaux garnis par les productions en cours. Cette nouvelle activité, mise en place avec le concours d’Aveyron culture, filière du conseil départemental de l’Aveyron, ajoutera des pièces à cette collection déjà fournie.

"On participe déjà depuis des années à la vie culturelle de la ville, s’est satisfait le psychiatre. On a des groupes de musique, on participe activement au carnaval de Millau et à Millau en jazz. Pour nous, le lien social par la culture est essentiel pour que le sujet ait une vie normale."

Depuis ce mardi, c’est donc une nouvelle activité qui est proposée pour les patients. Des créations d’avatars, pour compléter les œuvres de Sylvain Corentin. "On va rentrer dans une première phase, détaille Aurélie Fourrier, la plasticienne qui accompagnera les patients pendant le projet. Nous allons créer des personnages qui vont entrer dans les sculptures de Sylvain Corentin qui fait des abris."

Derrière la création d’œuvre, l’aspect psychologique et psychiatrique est toujours présent. "L’idée de cet atelier est de créer ce qu’on veut, de se libérer en créant ses propres avatars, ses propres représentations de soi et aussi de faire un lien entre toutes les facettes qui nous composent."

Délocalisés à Saint-Sever

Tout au long de l’année, sept patients participeront aux différents ateliers, avant une rencontre avec Sylvain Corentin, au mois d’avril. "Nous ferons une résidence pour les participants avec un abri qui sera exposé dans le jardin du centre." Ce nouveau temps dans l’activité durera quatre jours au cours desquels la création se fera directement au musée des arts buissonniers de Saint-Sever-du-Moustier, "une vraie caverne d’Ali-Baba", complète la plasticienne. "On pourra, pourquoi pas, proposer une nouvelle exposition itinérante", souffle Jean-Dominique Gonzales. Il fait référence aux brebis et moutons colorés, déjà réalisés et exposées un peu partout. Une certitude déjà, les participants, artistes d’un jour, seront du vernissage de la sculpture de Sylvain Corentin, le 17 octobre prochain, à Saint-Server-du-Moustier.

Des artistes expérimentés

Aurélie Fourrier a étudié aux Beaux arts à Toulouse puis a travaillé le dessin. Elle a mené de nombreux projets plastiques avec un grand volet de médiation, adapté à différents publics (enfants, personnes âgées, handicapées et collégiens). Sylvain Corentin est montpelliérain. Il crée "des tours aux allures précaires d’une grande élégance". Pour ses œuvres, il use de morceaux de bois, de corbeilles d’osier et différents matériaux de récupération. Il les transforme jusqu’à les faire oublier dans ses structures.