Manhac. L’appel à l’aide des voyagistes scolaires

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  • Les professionnels du secteur demandent un soutien de l’état, en particulier concernantle chômage partielou l’exonérationdes cotisations patronales.
    Les professionnels du secteur demandent un soutien de l’état, en particulier concernantle chômage partielou l’exonérationdes cotisations patronales. repro cpa
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Philippe Henry

Regroupées en collectif, des agences de voyages scolaires et linguistiques, dont "Merveilles du monde voyages", à Manhac, s’inquiètent de la situation économique de leur profession confrontée à la fermeture des frontières, à l’annulation des voyages et à la fonte de leur trésorerie.

 

Une situation dramatique" pour les voyagistes scolaires. Ce cri d’alarme lancé par Stéphanie Cuijpers, de l’agence "Merveilles du monde voyages", à Manhac, fait écho à la situation de nombreux autres professionnels du secteur, en difficulté depuis le 1er mars, date à laquelle le confinement avait été ordonné.

Le collectif des agences de voyages scolaires et linguistiques, regroupant initialement "Horizons du monde", "Merveilles du monde", "PG Trips" et "Vivalangues" s’est récemment étoffé de la participation d’"Ados voyages", spécialiste des voyages pour les classes primaires, et d’"Unisco", expert des séjours linguistiques individuels. Et les craintes émissent par ce collectif persistent et s’amplifient car tous les voyages scolaires prévus pour l’automne et l’hiver sont annulés et, alors que l’épidémie de Covid-19 continue sa progression, les pays européens interdisent l’accès à certaines de leurs régions.

Face à cette situation qui risque bien de durer, les voyagistes scolaires demandent un véritable plan de soutien de la part du gouvernement. "Notre trésorerie fond à vue d’œil et les prêts garantis par l’état ne sont plus qu’une menace maintenant que nous savons avec certitude que l’activité ne reprendra pas avant un bon moment", tempêtent les voyagistes.

Mais ce collectif a imaginé plusieurs pistes dans l’espoir de maintenir leur activité : maintien de la prise en charge du chômage partiel à 100 %, exonération des cotisations patronales, report des décisions de rétrocession des PGE jusqu’en décembre 2021 et prise en charge des frais fixes de l’entreprise. Des mesures "inspirées de ce qui se fait déjà en Allemagne. Un pays où le secteur représente quasiment la même part du PIB et le même nombre d’emplois (lire chiffres ci-dessous)", précise les professionnels du voyage scolaire.

Reconversion

"On demande juste une aide ponctuelle mais efficace, complète Stéphanie Cuijpers. Le temps de nous mettre à l’abri jusqu’à l’hiver, et après… On comprend les inquiétudes de chacun autour du virus. On ne va pas forcer les enfants à partir en voyage. Mais il faut pouvoir passer cette période sans trop de casse. Car, pour nous, les voyages scolaires représentent pour 95 % de notre activité." Une réunion interministérielle doit se tenir la semaine prochaine et le collectif "attend que le gouvernement réponde à son appel à l’état d’urgence économique et tienne compte des propositions concrètes du plan de sauvetage que nous avons faites".

Car, pour l’heure, les annonces du gouvernement sont loin de rassurer les professionnels du secteur. "Réduire de 15 % la prise en charge de l’activité partielle n’est pas un bon signal envoyé", poursuivent les voyagistes. Pour ces derniers, "la seule option" reste de négocier un plan de chômage partiel de longue durée afin de préserver l’emploi.

Car de réelles inquiétudes apparaissent concernant ces salariés "ultra-spécialisés qui ne pourront pas se reconvertir. Sans compter les seniors, les plus de 50 ans qui ont entre 25 et 30 ans de métier qui seront inclassables malgré leur compétence", déplore Stéphanie Cuijpers. Et puis, la directrice de l’agence "Merveilles du monde voyages" s’interroge : "Quel avenir pour ce personnel qui a consacré sa vie professionnelle, parfois au détriment de sa propre vie, pour l’éducation de la jeunesse hors des murs…"

On demande simplement de nous laisser souffler. L’objectif n’est pas qu’on nous aide indéfiniment. Mais il s’agit juste pour nous de passer l’hiver. On ne peut pas obliger les enfants à retourner en voyage, la situation ne le permet pas et on peut comprendre les inquiétudes des parents et des directeurs d’école.

Stéphanie Cuijpers, directrice de l’agence Merveilles du monde voyages

En chiffres

2 850 000 jeunes Français découvrent l’Hexagone, l’Europe ou le monde chaque année.

24 % des jeunes Français profitent d’un voyage scolaire, éducatif ou linguistique, chaque année.

3 000 emplois directs en France, et des dizaines de milliers d’emplois indirects dans tous les secteurs.

1,8 milliard d’euros de chiffres d’affaires, par an, pour les professionnels du secteur.

7,3 % du produit intérieur brut est généré par les entreprises du tourisme. Cela représente 8,7 % de la masse salariale de la France.

25 000 000 de nuits sont passées chaque année par les écoliers en voyage scolaire.

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