Saint-Chély-d'Aubrac. Ehpad de St-Chély d'Aubrac : "La deuxième vague est bien pire !"

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  • David Morin, directeur de l’Ehpad de St-Chély-d’Aubrac. David Morin, directeur de l’Ehpad de St-Chély-d’Aubrac.
    David Morin, directeur de l’Ehpad de St-Chély-d’Aubrac. Repro CP
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Olivier Courtil

Entretien avec David Morin, directeur de l’Ehpad de Saint-Chély-d’Aubrac.
 

Avez-vous des cas de Covid dans votre établissement ?

Non. Les tests sont négatifs. Nous réalisons en moyenne trois tests par semaine. On a la chance que le délai pour le résultat, entre 24 et 48 h, ne soit pas long. Pour le moment ça se passe bien mais on craint le pire.

C’est-à-dire…

C’est une catastrophe annoncée avec une mort sociale et une mort physique. La deuxième vague est bien pire que la première. L’ARS a arrêté de donner le nombre de morts dans les Ehpad. Demain, j’ai ça chez moi, je ne sais pas comment faire. C’est pour cela que demain (ce mercredi, NDLR), j’organise une réunion avec les résidents et sonder les familles qui reçoivent les informations par e-mails et nous font confiance.

Comment fonctionnez-vous face à cette crise sanitaire ?

Le fonctionnement est habituel car nous n’avons pas la capacité à renforcer le personnel. On ne trouve personne. En période normale, il manque déjà trois-quatre postes de soignants, deux postes en service hôtellerie, plus l’encadrement. Le métier change et les résidents sont de plus en plus dépendants. Par exemple, je passais deux mois à faire la comptabilité gestion quand je suis arrivé il y a 13 ans, maintenant je passe six mois, c’est une catastrophe ! C’est pareil pour le personnel soignant, une infirmière passe aujourd’hui 1 h 30 par jour sur un ordinateur pour des protocoles. Et ce ne sont pas les mesures du gouvernement avec le Ségur de la santé, qui ont arrangé les choses. Le gouvernement a fait un choix avec 7000-8000 morts sans doute en Ehpad. Il y a actuellement 10 % d’Ehpad en France avec un cluster, c’est catastrophique. Nous avons fermé l’établissement au public il y a trois semaines et nous l’avons rouvert avec des visites encadrées, limitées à deux personnes une fois par semaine dans une pièce dont l’entrée se fait côté jardin.

Que faudrait-il faire ?

Il faudrait mettre en place une seule convention collective, ce serait une grande avancée sociale mais la volonté de l’État n’est pas là et les partenaires sociaux ne sont pas plus chauds. Nous réalisons un audit sur la problématique des ressources humaines mais tant qu’il n’y a pas d’embauche, le problème est insoluble. Avec la première vague, nous avons eu des départs (l’Ehpad compte 50 salariés pour 65 résidents) à cause des contraintes horaires, mal payées… Des jeunes viennent avec plus ou moins de motivation mais il faudrait un management participatif qu’on ne peut pas faire.

Qu’est-ce qui vous fait tenir ?

Essayer de sauver la situation par rapport aux gens qu’on suit depuis des années. Ce ne sont pas des chiffres, il y a des histoires de vie. Voyez aujourd’hui, (lire mardi, NDLR), je vais à Rodez pour acheter des masques car nous ne les avons plus gratuitement.

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