Bertholène. L'Aveyron de Lionel Suarez : "L'Aubrac et ses lumières si poétiques"

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Propos recueillis par Rui Dos Santos

Originaire de Bertholène, âgé de 43 ans, installé en banlieue parisienne, accordéoniste de renommée mondiale, Lionel Suarez est "très attaché" à son département de naissance. Son actualité est "forcément perturbée" mais il travaille déjà sur la prochaine édition du Bretelle(s) festival, qui aura lieu les 7 et 8 août à Bertholène. "L’annulation du millésime 2020 a été un crève cœur, on a donc une revanche à prendre et je peux vous dire qu’on ne va pas faire semblant !", assure le fondateur de cet événement. Il vient d’enregistrer les prochains albums de Roberto Alagna, de Julien Clerc. Il travaille toujours régulièrement avec la comédienne Clotilde Courau et son projet "Quarteto Gardel" est en tournée, ainsi que les duos avec Airelle Besson ou avec Jehan. Lionel Suarez vient aussi de composer la musique du prochain film du Najacois Jean-Henri Meunier, intitulé "La tête cachetonnée", qui sortira début 2021. Les cinémas de Rieupeyroux et de Figeac ont répondu "Oui" pour la tournée en avant-première.

Un lieu emblématique

Je pense à la rue du professeur Calmette à Rodez. J’y suis allé deux fois par semaine pendant près de dix ans pour suivre les cours de mon professeur François Aceti. Pour moi, tout a commencé dans cette rue. Il m’est arrivé d’y retourner, un peu au hasard, un peu pour rien, peut-être pour voir si je n’y avais pas laissé quelque chose ? Des souvenirs en pagaille.

Un souvenir fort

La même chose je crois, ce rituel bi-hebdomadaire avec mon père qui m’accompagnait à chaque fois. J’ai un souvenir très intense des voyages aller-retour Bertholène-Rodez. Mon père travaillait à l’usine Bosch, comme mon grand-père, comme ma grand-mère. à l’aller, à chaque fois qu’on passait sous le pont de la voie ferrée à Cantaranne, il jetait un coup d’œil "à la Lino Ventura" vers le bâtiment et il disait : "Là, t’iras jamais". Parfois, d’un coup de tête, il rajoutait : "Ou alors là-haut", désignant les étages où travaillaient les ingénieurs… Le retour était toujours impacté par mes bons ou moins bons résultats pendant le cours. L’ambiance dans la voiture passait donc du soleil à l’orageux, selon. Mon père est plutôt un taiseux, alors on écoutait de la musique, en boucle : Pierre Perret, Renaud... Plus tard, quand j’ai travaillé avec eux, je leur ai raconté mes voyages avec le daron !

Un rituel, une habitude quand vous êtes en Aveyron

Dès que je peux, c’est balade dans la forêt des Palanges, ou sur l’ancienne voie ferrée entre Bertholène et Espalion. Je connais cette forêt par cœur, ce sont de beaux souvenirs d’enfance. Je reconnais certains arbres, certaines pierres… Je vous parlerais bien des champignons mais je préfère faire attention avec ces sujets. Tout le village me dicte qu’il n’y en pas par là-bas…

Une conviction

Et bien justement : "L’art, la beauté, c’est comme les champignons, faut chercher un peu, sinon…".

La carte postale idéale

L’Aubrac et ses lumières si poétiques. J’aimerais savoir (pouvoir) prendre plus de temps pour me ressourcer par là-bas. C’est une immensité propre à la contemplation. Ces temps-ci, où j’écris un prochain album, je ne rêve que de ça.

Un personnage marquant

C’est difficile. J’ai la sensation de n’être fait que de personnages marquants. J’ai la chance d’avoir fait de très belles rencontres. Tiens, les bénévoles du Bretelle(s) Festival ! Des adorables, des merveilleux, qui m’ont suivi têtes baissées dans cette belle aventure. C’est beau l’entraide, l’engagement, la solidarité, l’envie, le savoir faire ensemble. Et puis comme on est dans mon Aveyron, j’ai une pensée toute particulière pour le grand René Duran qui vient de nous quitter. C’était mon premier face à face avec une parole libre, débordante, fracassante.

Un plat et/ou un vin pour lequel vous craquez

(Longue réflexion) Incapable de vous répondre. Je craque sur tout, et trop ! Je connais bien les régions grâce à mon métier et j’adore découvrir les petites spécialités par ci, par là. Mais, quand on joue à Strasbourg, le lendemain à Sète, qu’on finit par Bayonne après un après-midi à Castelnaudary, j’avoue que, en arrivant à la maison, je craque pour une salade ! Sur les plats spécifiquement aveyronnais, mes retours à la capitale ressemblent à la traversée de Paris tellement la cellule familiale comble mes valises de produits "made in Rouergue".

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