Villefranche-de-Rouergue. Patrick Lamarre : "S’éloigner de tout rapproche un peu de l'essentiel"

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  • Patrick Lamarre : "C’était dur cet Atlas Mountain Race, mais pas si pénible que le confinement finalement."
    Patrick Lamarre : "C’était dur cet Atlas Mountain Race, mais pas si pénible que le confinement finalement." REPRO CPA
  • Raids-aventure, stand up paddle, fat bikeen tandem,  les roues dans la neige... rien ne résiste au Villefranchois.
    Raids-aventure, stand up paddle, fat bikeen tandem, les roues dans la neige... rien ne résiste au Villefranchois. REPRO CPA
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    Raids-aventure, stand up paddle, fat bikeen tandem, les roues dans la neige... rien ne résiste au Villefranchois. REPRO CPA
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Aurélien Delbouis

Pilote d’hélicoptère dans la gendarmerie, le Villefranchois installé depuis 13 ans à Montpellier est un fan inconditionnel de courses au long cours, sans assistance, en totale autonomie. Une passion qu’il partage avec nous avant de se lancer sur de nouveaux défis, toujours plus extrêmes.

Il a accompagné la naissance du VTT en France : "il y a 35 ans ! Ça ne nous rajeunit pas." Il use depuis ses mollets avec la même détermination sur quelques-unes des plus belles des courses au monde. Un parcours pour le moins sinueux que Patrick Lamarre revendique avec la passion des débuts.

"Je fais du vélo depuis gamin. J’ai débuté en Aveyron, un territoire qui se prête particulièrement bien à la pratique outdoor. Mais avec du recul, je crois que j’apprécie peut-être davantage la nature et le calme."

Grand amateur de raids-aventure sur lesquels il a fait parler la classe, – il a notamment participé aux championnats du monde de la discipline – le Villefranchois est un boulimique de sports atypiques avec pour seul dénominateur commun, le "goût du long, de l’ultra-distance", sur des itinéraires que le commun des mortels couvre plus volontiers le pied sur l’accélérateur.

"Je me suis lancé dans le raid avant de passer au gravel, au fat bike – ces vélos avec de larges roues – je me suis même essayé au stand up paddle. Mais aujourd’hui, c’est véritablement l’ultra endurance qui me motive. Partir à vélo, en complète autonomie, sans assistance, pendant une ou deux semaines. C’est toujours un bonheur !"

Un bonheur parfois pluvieux quand la neige ou le soleil brûlant du Maroc ne s’invitent pas au voyage. De retour de Bretagne, il a participé à la Gravel tro Breizh, "une aventure bikepacking de 1200 km, sans assistance, pour repousser ses limites", préviennent les organisateurs. "On se pose uniquement pour manger, dormir un petit peu. En Bretagne, je m’arrêtais de pédaler à la nuit tombée avant de repartir vers 3 heures du matin."

De cette "épopée pluvieuse", le Villefranchois reviendra avec des images plein la tête, "des paysages magnifiques" et une 4e place de prestige.

Plutôt pas mal pour le jeune homme de 54 ans qui a réussi là où les deux tiers des participants finiront par échouer. Mais comme il aime à le rappeler, "la victoire n’est pas là." "L’important n’est pas le classement.

"Souffrir ensemble"

Sur ce genre d’épreuves, les organisateurs insistent peu sur cet aspect-là pour éviter les accidents, le manque de sommeil qui peut s’avérer très dangereux. L’ambiance doit rester conviviale jusqu’au bout. On souffre ensemble, on partage nos expériences… Une véritable communauté se crée."

En août, il est aussi venu à bout des 2 500 km de la French Divide et de ses 40 000 mètres de dénivelé positif, un monstre de course ultra distance avalé en 13 petits jours… les fesses en compote sur la selle d’un fat bike : une première !

"En prenant le départ, on sait qu’on va souffrir, qu’on va avoir des passages à vide, des moments où l’on se demande clairement ce qu’on fait là… mais avec l’expérience, j’ai appris à dépasser ce stade. L’ultra est en soit une école de la patience."

Heureusement pour lui et la poignée de courageux empêtrés dans la boue, "le positif compense largement la douleur ou les aléas. Pour moi, du pur bonheur et le moyen de m’évader, de penser à autre chose, de m’extraire du boulot. Et puis, je suis Aveyronnais, donc je suis censé être un petit peu plus rustique que la normale", s’amuse-t-il.

Pilote d’hélicoptère de la gendarmerie, lui qui a fait ses gammes dans l’armée, en connaît d’ailleurs un rayon niveau stress et d’adrénaline. "J’ai commencé ma carrière à Pau, puis Strasbourg. En 2000, j’ai quitté l’armée pour la gendarmerie", rembobine le Villefranchois. Puis direction Dijon, Cayenne et enfin Montpellier où il enchaîne les gardes depuis 13 ans.

"Les missions comme les terrains d’intervention sont assez variés, résume le pilote. Entre appui aérien, transports de troupes, assistance, recherche de personnes disparues…"

Lui qui cumule près de 6 000 heures de vol – "dont 1 000 de nuit" – a aussi vu la mort de près. "En Guyane, on s’est fait tirer dessus par un contrebandier brésilien. Mon mécanicien a été blessé" se souvient Patrick qui, en l’air ou sur terre, mesure sans doute plus qu’un autre, l’éphémère de l’existence.

Le Kirghizistan en tête

"Quand on rentre d’une course de 2 500 km dans des conditions extrêmes, on apprécie encore plus son frigo, son canapé… Ces petites choses quotidiennes. On ne se rend parfois pas compte de la chance que l’on a. Même si de mon point de vue, être sur son vélo au milieu de la nature, c’est aussi une chance." Une chance dont il compte bien profiter encore très longtemps. "Cette année je vais me calmer. Enchaîner la French Divide, 2 500 bornes, et la Gravel Tro Breizh, a laissé des traces. Mais je garde en tête deux belles courses que j’espère faire dans les années à venir" songe le cycliste.

Parmi elles, la Silk Road Mountain et ses 1 700 km à travers les montagnes du Kirghizistan : sans doute la course la plus dure au monde. "La première édition a eu lieu en août 2018, et un tiers des participants seulement ont vu l’arrivée. Pour moi, c’est mon Graal, termine Patrick Lamarre. J’aimerais pouvoir m’arrêter là-dessus."

Première mondiale en tandem

Adepte des sports individuels, Patrick Lamarre sait aussi jouer en équipe. En mars dernier, notre adepte du fat bike a traversé en tandem le Lac Saint-Jean gelé, au Québec. Une course de 32 km, sous la neige, par moins 12°C, menée grand braquet en compagnie de Sébastien Le Meaux (vice-champion paralympique de judo, vainqueur du Yukon River en paddle tandem au Canada, détenteur du record du monde des 24 heures avec 190 km parcourus en paddle, etc.) Le but de l’événement : « arrêter de considérer les sportifs handisport comme des personnes courageuses qui inspirent la pitié. »
Fondateur de l’association Handi’vision Sport Événement, il explique : « On veut montrer aux personnes atteintes d’une cécité que tout est possible, que le handicap ne gêne en rien le fait de se lancer des défis, d’accéder à l’aventure et à la compétition. »

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