Economie : "L’Aveyron résiste plutôt bien à la crise" sanitaire

  • Le dépôt de l’entreprise Raynal et Roquelaure, à Capdenac.
    Le dépôt de l’entreprise Raynal et Roquelaure, à Capdenac. Archives JAT
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Philippe Henry

D’après les indicateurs fournis par la Banque de France, la reprise économique est là. Elle s’accompagne toutefois de nombreuses incertitudes, comme le souligne le directeur départemental, Gilles Arisdakessian.

Mi-mars, toute une partie de l’économie du pays s’est arrêtée. "C’est un épisode que nous n’avions jamais connu, bien pire que la crise de 2008", rappelle Gilles Arisdakessian, le directeur départemental de la Banque de France.

Logiquement, avec la levée progressive du confinement, l’activité économique a redémarré, accompagnée par un accroissement de la consommation et une forte augmentation de l’épargne des ménages (lire ci-contre). En septembre, la Banque de France a mené une enquête de conjoncture auprès des entreprises aveyronnaises.

Pour résumer : "L’Aveyron résiste plutôt bien à la crise." Dans le secteur industriel, le niveau de production est en hausse par rapport à août 2020 et à septembre 2019. Les capacités de production sont encore sous-utilisées. Mais, les industriels s’attendent à "un palier", en octobre.

Pour le bâtiment, là encore, l’activité est "soutenue et en hausse" par rapport à l’an dernier. Des inquiétudes existent néanmoins pour les prochains mois. Enfin, dans les services, l’activité semble soutenue "et supérieure à 2019", même si des craintes sont émises pour l’avenir.

Récemment, en écho au point économique qui s’est tenu au mois d’avril, la Banque populaire occitane a dévoilé le nombre de Prêts garantis par l’état (PGE) accordés en six mois : au niveau régional, un peu plus de 8 000 ont été émis, représentant 3,3 milliards d’euros. En Aveyron, 665 PGE ont été débloqués pour un montant de 66,4 millions d’euros. La Banque de France rappelle toutefois qu’il y a eu "peu de PGE demandés en Aveyron, de l’ordre de 343 millions d’euros, pour environ 2 300 prêts", détaille Gilles Arisdakessian.

"Les banques ont joué leur rôle"

" La trésorerie des entreprises du département est plutôt saine, avec une gestion efficace, poursuit le directeur. Pour l’instant, le PGE est immobilisé pour la majorité des contractants. De ce côté-là, les banques ont joué pleinement leur rôle et ne sont pas le problème de cette crise, mais font partie de la solution. Les chefs d’entreprise ont voulu et veulent anticiper sur d’éventuelles défaillances, chutes d’activité. "

Dans son rapport, au niveau régional, la Banque populaire occitane et son directeur général Alain Condaminas estiment que seulement "15 % des entreprises qui ont bénéficié de ces PGE pourront rencontrer des difficultés de remboursement". Un chiffre plutôt "rassurant mais qui peut évoluer en fonction de la conjoncture et d’une reprise ou non de la consommation", complète Gilles Arisdakessian.

Mais, de la santé financière incertaine d’entreprises de dimension régionale de secteurs aussi importants que l’industrie, l’aéronautique et le tourisme dont on connaît les difficultés, découle également celle des nombreux sous-traitants qui travaillent en Aveyron.

L’objectif de ces Prêts garantis par l’état est de "préserver la capacité de production tout en préparant la relance de l’économie, indique le directeur de la Banque de France. Toutefois, l’endettement doit rester maîtrisé, soutenable, pour préserver une capacité d’investissement suffisante".

Cette situation reste donc fragile et il est difficile d’en prévoir l’évolution. " Quels que soient les facteurs nous restons dépendants de la progression de la pandémie, reconnaît Gilles Arisdakessian, et des mesures sanitaires qui en découlent. "

 

Un choc sur l’emploi avant une reprise

L’impact de la crise économique se fait durement ressentir en termes de "baisse des salariés au regard des chutes d’activités". Ainsi, d’après les données de la Banque de France, les effectifs dans le secteur industriel ont chuté de 4,1 %, ceux du BTP de 6,6 %. Le secteur des services connaît actuellement une stagnation de l’ordre de 0,2 %. Les indicateurs économiques dessinent une reprise de l’activité, en particulier dans le bâtiment, pour les mois à venir, entraînant avec elle une hausse des effectifs qui compense malgré tout difficilement les pertes d’emplois.

L’épargne des ménages en hausse

"Globalement, l’épargne des ménages est très conséquente, assure le directeur départemental de la Banque de France. Au niveau national, celle-ci est passée de 50 milliards d’euros avant le confinement, à près de 100 milliards. Toute la difficulté reste aujourd’hui de restaurer la confiance des ménages, pour relancer la consommation."

 

 

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