L'accès à l'avortement toujours très inégal dans le monde

  • A women's rights activist protests against a draft legislation that would ban the abortion of foetuses with congenital birth defects, in front of the parliament building in Warsaw.
    A women's rights activist protests against a draft legislation that would ban the abortion of foetuses with congenital birth defects, in front of the parliament building in Warsaw. Wojtek RADWANSKI / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Les législations sur l'avortement varient selon les pays avec parfois d'importantes restrictions, à l'instar de la Pologne où le Tribunal constitutionnel a donné jeudi son feu vert à un nouveau durcissement de la loi en proscrivant l'IVG en cas de malformation grave du foetus.

- Interdiction totale -

Le Salvador a adopté dans les années 90 une législation draconienne qui interdit l'interruption de grossesse en toutes circonstances, même en cas de risque pour la vie de la femme. L'avortement est théoriquement passible de deux à huit ans de prison mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé comme un "homicide aggravé", puni de 30 à 50 ans de réclusion.

Selon des organisations non gouvernementales, une vingtaine de femmes sont actuellement détenues au Salvador en raison de cette loi.

Malte, où le catholicisme est religion d'Etat, reste le seul pays de l'Union européenne prohibant totalement l'interruption volontaire de grossesse (IVG). La peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison.

L'avortement est également illégal en Andorre - le débat a repris dans la principauté fin 2019 -, et à Saint-Marin, qui sont en Europe mais pas dans l'UE, ainsi qu'au Vatican.

Dans le reste du monde, l'IVG est interdite dans une quinzaine de pays: Congo, Djibouti, Egypte, Guinée-Bissau, Madagascar, République démocratique du Congo, Sénégal en Afrique; Honduras, Nicaragua, Surinam, Haïti et République dominicaine en Amérique; Philippines et Laos en Asie; Palaos en Océanie.

- Accès restreint -

Dans de nombreux pays, l'avortement est soumis à des conditions extrêmement restrictives.

Ainsi, l'IVG est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la mère dans des pays comme la Côte d'Ivoire, la Libye, l'Ouganda, le Soudan du Sud, l'Irak, le Liban, la Syrie, l'Afghanistan, le Yémen, le Bangladesh, la Birmanie, le Sri Lanka, le Guatemala, le Paraguay ou encore le Venezuela.

Au Brésil, dirigé par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, l'accès à l'IVG est également très limité, en cas de viol, risque pour la mère ou grave malformation du foetus.

En 2017, le Chili a mis fin à près de 30 ans d'interdiction totale de l'IVG, désormais autorisée en cas de risque pour la vie de la mère, viol et non-viabilité du foetus.

En Argentine, un texte légalisant l'avortement avait été adopté en 2018 par les députés, avant d'être rejeté par les sénateurs. La loi en vigueur n'autorise l'avortement que dans des cas de viol ou de risque pour la santé de la mère. En 2020, le nouveau président de centre-gauche Alberto Fernandez s'est fermement engagé à présenter devant le Parlement un nouveau projet de loi en faveur de sa légalisation, retardé en raison de l'épidémie de Covid-19.

En Corée du Sud, la plus haute juridiction du pays a ordonné en avril 2019 la levée de l'interdiction de l'avortement, jugée anticonstitutionnelle, et demandé une évolution, d'ici fin 2020, de la législation très restrictive (IVG en cas de viol, d'inceste ou de menace pour la santé de la mère). Le gouvernement a présenté début octobre un projet de loi autorisant l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse, qui provoque la colère des anti-avortement et ne satisfait pas non plus les partisans de l'IVG.

- Un droit parfois récent, qui reste sous pression -

Ce sont les femmes d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Océanie qui bénéficient des législations les plus libérales, acquises parfois récemment.

La Nouvelle-Zélande n'a dépénalisé qu'en mars 2020 l'avortement, qui était jusque-là passible de 14 ans d'emprisonnement dans ce pays réputé progressiste.

En Australie, l'Etat du Queensland a légalisé l'avortement en octobre 2018, abolissant une loi de 1899 adoptée durant l'ère coloniale britannique. Seule la Nouvelle-Galles du Sud, l'Etat le plus peuplé du pays, continue à proscrire l'IVG.

En Irlande, l'avortement n'est légal que depuis septembre 2018, à la suite d'un référendum historique abrogeant l'interdiction constitutionnelle de l'IVG dans ce pays catholique. Il a également été libéralisé en octobre 2019 en Irlande du Nord, seule partie du Royaume-Uni où il restait interdit.

Aux Etats-Unis, où l'avortement a été autorisé par un arrêt de la Cour Suprême en 1973, le débat a été relancé par la campagne présidentielle. Le démocrate Joe Biden, qui a promis d'inscrire dans la loi le droit à l'IVG s'il était élu, s'est vu accuser par Donald Trump de soutenir les "avortements tardifs".

Les défenseurs de l'avortement craignent un retour en arrière de la Cour Suprême, où Donald Trump a déjà fait entrer deux magistrats conservateurs et vient de désigner la juge Amy Coney Barrett opposée à l'avortement, pour remplacer la juge féministe Ruth Bader Ginsburg, décédée en septembre.

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