Covid-19: les 2/3 de la population désormais soumise à un couvre-feu

  • En France, ce sont désormais 54 départements et la Polynésie qui sont soumis à un couvre-feu nocturne pour tenter d'endiguer l'épidémie
    En France, ce sont désormais 54 départements et la Polynésie qui sont soumis à un couvre-feu nocturne pour tenter d'endiguer l'épidémie Abdulmonam EASSA / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Alors que la barre symbolique du million de cas de Covid-19 vient d'être franchie en France, ce sont désormais 54 départements et la Polynésie qui sont soumis à un couvre-feu nocturne pour tenter d'endiguer l'épidémie, le gouvernement alertant que la période sera "longue et difficile".

Une semaine après l'Ile-de-France et les grandes métropoles, le décret interdisant les déplacements entre 21H00 et 6H00 du matin dans 38 nouveaux départements a été publié dans la nuit.

Samedi matin, le ministre de la Santé Olivier Véran a défendu devant les députés la prolongation jusqu'au 16 février de l'état d'urgence sanitaire pour faire face à un "période qui sera longue et difficile", alors qu'un nouveau record de 42.032 cas de Covid-19 a été atteint en 24 heures vendredi, portant le total à 1.041.075 cas confirmés depuis le début de l'épidémie en mars.

Les députés examinent ce week-end le projet de loi qui vise à proroger ce régime d'exception, redéclenché samedi dernier et qui permet notamment les couvre-feux dans une partie du pays.

"Nous avons besoin de ce texte pour être efficace dans la période" de deuxième vague du coronavirus, a déclaré le ministre au coup d'envoi des débats, avant de partir pour Marseille où il doit visiter l'Hôpital Nord avec le Premier ministre Jean Castex.

La veille, après une rencontre avec les équipes du centre hospitalier René-Dubos de Pontoise (Val-d'Oise), le président Emmanuel Macron a justifié ces nouvelles mesures en expliquant que "dans la phase où nous sommes, nous n'avons d'autre choix, compte tenu du nombre d'infections par jour, que de réduire notre vie sociale au maximum".

Pour le chef de l'Etat, "il est trop tôt aujourd'hui pour dire si on va vers des reconfinements locaux ou plus larges" car il faut attendre "le milieu de la semaine prochaine (pour avoir) une vision plus claire de l'impact des mesures" prises. Mais, en tout état de cause, il faudra vivre avec le virus "au mieux jusqu'à l'été 2021", a-t-il averti.

Le taux de positivité des tests ne cesse de grimper, atteignant 15,1% contre 14,3% la veille, contre seulement 4,5% début septembre. Le bilan s'alourdit aussi chaque jour, avec 298 nouveaux décès, portant le total à au moins 34.508 morts.

"La différence par rapport à la première vague c'est qu'on a toutes les pathologies chroniques de la période hivernale à prendre en charge, ce qui entraine une charge de travail plus importante", a souligné sur CNews Agnes Ricard-Hibon, médecin urgentiste qui participait à la rencontre avec le président.

- "Atteinte aux libertés" -

"On essaie d'anticiper un peu plus, un peu mieux, on a plus de moyens matériels mais pas assez de personnels soignants", a renchéri sur BFMTV Nadège Houbgbo, infirmière au service de réanimation de Lariboisiere, alors que les hôpitaux parisiens ont sonné l'alerte générale: armement de lits de réanimation supplémentaires, déprogrammation d'opérations, annulation de congés et appel aux volontaires.

S'ils échappent pour le moment à un confinement, 46 millions de Français doivent désormais renoncer à leurs soirées en liberté, soit les deux tiers de la population. Pour certains, la pilule est difficile à avaler.

"Ca va beaucoup nous affecter", s'inquiète le patron d'un bar-restaurant de Strasbourg, Franck Meunier, qui gère plusieurs établissements et s'attend à une baisse de chiffre d'affaires entre "30 et 40%".

A Lyon, les bouchons privés de clients le soir renouent avec la tradition du "mâchon", un repas de cochonnailles bien arrosé à déguster le matin. "Même si on a le sourire, la situation est compliquée. On s'adapte aux horaires qu'on nous impose. On essaye, notamment avec le mâchon, de trouver des solutions et de garder le moral", explique le patron du "Poêlon d'Or" Yann Lalle.

Dans une tribune parue dans Le Monde, la défenseure des droits Claire Hédon se demande si le couvre-feu est la mesure "la plus adéquate, considérant l'ampleur de l'atteinte aux libertés qu'elle implique" et en appelle à un "débat public approfondi".

Une autre voix critique s'est élevée samedi, celle du généticien Axel Kahn qui a estimé sur franceinfo que la réouverture des universités à la rentrée était une "erreur grossière", "le nombre de contaminations d'étudiants (ayant) été considérable".

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