Rodez. Emile Puech, inlassable explorateur de la Bible

  • Émile Puech a consacré sa vie aux Manuscrits de la mer Morte. Il a fêté ses 50 ans de sacerdoce en 2019.           DR
    Émile Puech a consacré sa vie aux Manuscrits de la mer Morte. Il a fêté ses 50 ans de sacerdoce en 2019. DR Repro CP
  • Roland de Vaux (à gauche) a dirigé l’équipe catholique ayant travaillé sur les manuscrits de la mer Morte. Ici avec J. T. Milik et Gerald Lankester Harding. DR
    Roland de Vaux (à gauche) a dirigé l’équipe catholique ayant travaillé sur les manuscrits de la mer Morte. Ici avec J. T. Milik et Gerald Lankester Harding. DR Repro CP
Publié le , mis à jour
Aurélien Delbouis

Il vient de fêter son "jubilé d’or" célébrant 50 années consacrées à l’étude des Saintes Écritures. Pour ainsi dire une vie entière consacrée à l’épigraphie, cette "science des inscriptions" qui fait parler le passé, fragments après fragments…

Émile Puech est un érudit. Natif de Sébrazac, il défriche depuis près de 50 ans des manuscrits que lui seul et quelques autres peuvent comprendre. Un demi-siècle de dévouement pour cet épigraphiste du CNRS et du Collège de France, et éditeur, aujourd’hui honoraire, de la revue consacrée aux célèbres manuscrits esséniens de Qumran, ceux dits de la mer Morte.

Si les manuscrits de l’Antiquité n’ont jamais passionné les foules, il en fut tout autrement quand des Bédouins mirent la main sur des rouleaux manuscrits stockés dans des jarres cachées dans les grottes de Qumran en Cisjordanie.

Pourquoi cet engouement ? C’est que le contenu de ces manuscrits, que l’on datait un peu vite des alentours de l’ère chrétienne, n’était pas innocent.

"Ce fût une véritable révolution, se souvient le père Puech, dans le sens où nous avions à faire à des manuscrits de la Bible, datant de l’époque de Jésus, alors que la Bible hébraïque que nous avions jusqu’alors sous les yeux, le codex de Leningrad, maintenant de Saint-Pétersbourg, était bien moins ancien. Avec ces manuscrits nous faisions un bond de 1 000 ans en arrière. Ce fut évidemment une avancée majeure."

Envoyé à Jérusalem par le secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles lettres, le jeune épigraphiste découvre bientôt un fonds de près de 35 000 fragments, répartis en 930 manuscrits différents, dont 235 sont des textes bibliques de la Bible hébraïque.

Une récompense en soi pour le prêtre du diocèse de Rodez en mission d’étude à l’Ecole biblique des dominicains : "J’avais déjà étudié certains de ces textes-là, à Paris, dans les années 60, mais je ne savais pas qu’un jour on me demanderait de les publier. La providence, poursuit Émile Puech, quand ça vous tombe sur la figure, il faut savoir se débrouiller !"

Auteur de plusieurs livres sur le sujet, Émile Puech poursuit depuis l’œuvre de ses illustres prédécesseurs, Roland de Vaux en tête, déchiffrant inlassablement ces manuscrits écrits en hébreu, en araméen pour la plupart, quelques-uns en grec. À ces livres (canoniques ou non) se rajoutent des commentaires, ainsi que des textes propres à la communauté juive qui vivait à Qumran, comme le Rouleau du Temple et le Manuel de discipline.

Un travail colossal pour cet érudit qui, outre les principales langues modernes européennes, le latin et le grec, maîtrise la langue d’oc, "forcément" ou encore l’hébreu ancien, le qumranien et mishnique, l’araméen ancien et impérial, le judéen, galiléen, samaritain, ammonite, moabite, édomite, palmyrénien, nabatéen, syriaque, christo-palestinien, ugaritique, cananéen, phénicien, punique et néo-punique, l’akkadien, le balylonien, les langues sud et nord-arabiques, l’arabe et l’éthiopien ancien. Rien que ça !

"Disons que je les taquine, tempère humblement cet "explorateur de la Bible" : "On a pu remonter le temps, connaître les langues parlées au moment de Jésus, un peu avant, un peu après. Leur manière de parler, d’écrire et de composer un texte. On écrivait alors sur des rouleaux, non pas dans des livres. Tout ça nous éclaire sur nombre de choses. Par rapport aux langues mais aussi sur les us et coutumes, les pratiques. Pendant très longtemps par exemple, on a écrit que la crucifixion était une pratique grecque ou romaine, or on s’aperçoit que les grands prêtres du temple la pratiquaient depuis très longtemps. C’est une pratique bien plus ancienne."

Un éclairage neuf sur un tournant capital pour la pensée occidentale et sur l’une des périodes fondatrices de toute l’histoire de l’humanité qui font des Manuscrits de Qumran, l’une des plus importantes découvertes archéologiques de tous les temps. Et "l’œuvre d’une vie" pour le père Émile Puech, inlassable défricheur et plus que jamais explorateur de la Bible.

 

Un lieu, deux hypothèses

Les Manuscrits de la mer Morte sont sans conteste l’une des découvertes les plus importantes de l’histoire de l’archéologie. Ce trésor, composé d’environ un millier de textes, dont les plus anciens datent de deux siècles avant Jésus-Christ, a été retrouvé dans des jarres en terre cuite, cachées dans 11 grottes sur les bords de la mer Morte, ce qui explique l’état de conservation remarquable d’une petite partie d’entre eux. Aujourd’hui encore, de nombreuses incertitudes demeurent sur l’identité des auteurs et sur la raison pour laquelle ces textes ont été cachés.

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