Jean Puech, les leçons d’un engagement politique
Jean Puech donne une suite à "La Démocratie confisquée" parue en 2002. Un recueil de chroniques où se mêlent son parcours en politique et son regard aiguisé sur la société d’aujourd’hui.
De Jean Puech, on conserve ce regard, perçant, toujours à l’écoute pour livrer à son interlocuteur un sentiment profond né d’une incessante réflexion.
Le voilà retiré de la vie politique depuis douze ans mais il n’a rien perdu de cette acuité à étudier chaque chose dans son détail. Il en livre la substance désormais dans un ouvrage, le troisième de sa bibliographie, la suite de cette Démocratie confisquée parue en 2002 où il témoignait déjà de sa défense incessante de la ruralité.
Douze ans de silence, est-ce bien ce que les Aveyronnais attendaient ?
Des vertus du rassemblement…
Mais Jean Puech ne les a jamais quittés et c’est pour mieux les retrouver qu’il livre aujourd’hui douze chroniques empreintes de recul, donc, autant dire de sagesse et, surtout d’application à permettre à l’Aveyron de se conduire un avenir.
Bien sûr, on y retrouve ses chevaux de bataille, intacts, de la défense de la démocratie de proximité qui consacre le maire et le Département, jusqu’aux valeurs de rassemblement, au-delà de toutes vues politiciennes, qui signent l’identité de l’Aveyron.
Et ce, notamment à travers son monde agricole, enraciné dans le bon sens qu’il saura porter au ministère dont il avait la charge, dans le gouvernement Balladur. Ministre, il le sera aussi en suivant (Fonction publique), pour Alain Juppé : des engagements au plus haut niveau, complétés par 28 années de mandat de sénateur à, là encore, défendre les territoires.
… Jusqu’aux crises actuelles
On retrouve dans ces chroniques tout ce qui a fait corps dans son action, de son ambition d’inscrire le territoire dans la modernité jusqu’aux ferments de la révolte qui animent notre société. Sans oublier d’évoquer ceux à qui il doit la force de son engagement.
L’enfant du Bassin qu’il est, fervent giscardien et réformiste, ne saurait passer sous silence les Gilets jaunes et ce que la crise de la Covid-19 impose désormais aux réflexions de nos gouvernants.
D’aucuns y verront un livre testament, mais l’héritage est à la hauteur du personnage, figure tutélaire de la vie politique durant un demi-siècle dans ce département qui est assurément le sien. Et dont il sait toujours, avec sagesse et maturité, porter haut l’identité, celle-là même qui donne à l’Aveyron sa valeur et ses valeurs.
"J’ai envie de dire aux jeunes : osez la politique !"
Dix-huit ans ont passé depuis votre dernier livre, voilà douze ans que vous n’avez pas pris la parole publiquement… Pourquoi ce silence imposé ?
Ce n’est pas du silence, c’est du recul. Et douze ans, c’est un temps nécessaire. J’ai emprunté à François Mitterrand cette phrase qui me correspond bien : "Il faut donner du temps au temps". La faiblesse de la situation que l’on connaît aujourd’hui, c’est la réaction de l’instant et on passe à côté des analyses essentielles. Des notes et réflexions que j’ai rassemblées, m’ont permis de tirer un enseignement de ce recul politique, loin du politiquement superficiel qui est la règle aujourd’hui, des vaines polémiques qui dominent le débat.
Et sur ce point, on resterait presque sur notre faim : vous ne lancez de bordées contre quiconque… Vous n’avez pas dans votre carrière croisé que des gens bien ?
J’ai vécu une période extraordinaire dès mes débuts avec beaucoup de gens de qualité, Poniatowsky, Debré… Bon, ce n’est pas dans ma nature de porter des jugements sur des personnes que l’on ne connaît jamais suffisamment. Les attaques ad hominem sont toujours plus nombreuses aujourd’hui, ce n’est pas acceptable.
Votre livre est, de toute façon, résolument optimiste. C’est un message pour la jeunesse ?
J’ai essayé, il est vrai, de traduire l’optimisme aveyronnais. Arrêtons de nous plaindre ! Les Aveyronnais ont toujours réagi courageusement et positivement aux situations les plus sombres. Avec beaucoup de générosité. Alors, oui, j’aimerais que les jeunes s’en inspirent, qu’ils partagent cette expérience : je suis entré jeune en politique et j’ai la chance d’avoir été confronté à bien des situations nouvelles et d’avoir eu autour de moi des gens qui m’ont fait confiance. J’en garde un credo : on peut réussir en politique pour peu que l’on ait la patience de l’engagement et la foi en ce que l’on fait. J’ai envie de dire aux jeunes : "Osez la politique" !"
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