Rodez. Aveyron : branle-bas de combat pour maintenir l’activité du "petit commerce" grâce à Internet

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Rideaux baissés mais commerces ouverts… sur le Internet ! Centre Presse - José A. Torres

Economie, Covid-19, Vie commerçante, Rodez

Publié le 03/11/2020 à 08:00

Centre Presse

La fédération départementale 12e Sens multiplie les initiatives et les appels en faveur du "petit commerce"

C’est souvent qu’un lundi comme celui d’hier, les rideaux des commerçants sont baissés. Reste qu’aujourd’hui, demain et ces prochains jours, ils le seront aussi. Mais c’est un trompe-l’œil. Car, via le net, les commerçants sont appelés en quelque sorte à être ouverts tous les jours ! Et à le faire savoir.

C’est en tout cas sur le numérique que la fédération départementale des commerçants, 12e Sens, compte pour maintenir les "petits commerces" à flots. Plusieurs commerçants sont déjà passés à l’offensive. D’autres sont appelés à s’y intéresser de plus près. Via plusieurs possibilités. Avoir son site, être présent sur les réseaux sociaux, rejoindre une plateforme en ligne, etc.

12e Sens s’attelle ces jours-ci à recenser les liens de chaque commerçant pour bientôt les mettre en ligne sur une page dédiée. Ainsi, ces prochains jours, vous pourrez trouver sur cette page le lien qui vous expliquera comment acheter ce que vous souhaitez chez votre commerçant préféré.

"Par du clic and collect, en allant sonner chez lui, en récupérant le paquet chez un autre commerçant, etc.", relate le président de 12e Sens, Michel Alibert.

"Pour le territoire"

"Notre slogan c’est "Acheter aveyronnais, on a tout à y gagner". Et l’on rajoute même sur le Net !" lance-t-il. "Notre message, c’est que nos magasins ne sont pas fermés. Et ce n’est pas une bataille contre le supermarché du coin. Nous n’en sommes plus là. C’est contre les Gafa et pour la défense de notre territoire." Ravi de voir que l’on n’a jamais autant parlé des petits commerces que ces derniers jours, il en profite pour rappeler : "En Aveyron, les commerçants, c’est la plus grande galerie marchande du département. Et ce sont 5 000 emplois à la clé. Il faut mesurer l’enjeu".

Michel Alibert en convient : "La première chose à éradiquer, c’est ce virus. 0n ne sait pas combien de temps cela va durer. Mais ce que l’on propose avec internet, ce n’est pas pour les quinze jours à venir. Cela doit s’inscrire dans la durée".

La fédération, à grand renfort de communication, s’apprête à rappeler tout cela aux consommateurs. Et déjà, sur les réseaux sociaux, la promotion du petit commerce fleurit. "En Aveyron, les commerçants sont plutôt bien organisés. Il y a 31 associations de commerçants, pas tous affiliés à la fédération. Mais cela souligne le dynamisme ".

Reste que des commerçants sont aujourd’hui un peu perdus devant tout ce chambardement. "Ce qui nous inquiète, c’est qu’il y a des commerçants au bord du chaos. Ils n’y croient plus. Ils préfèrent rester ouverts, quitte à prendre une amende. Ils n’ont plus rien à perdre." Et de les inviter à se tourner vers la fédération qui les orientera afin de pouvoir rapidement trouver de la visibilité sur la toile (mail : 12emesensfederation@gmail.com).

En attendant, la fédération est en train de tisser "une toile aveyronnaise". Avec l’espoir de la voir prendre dans ses filets une bonne partie des consommateurs aveyronnais.

Rodez : « Des mesures doivent être prises par rapport à nos stocks », avertit l'association Cassiopée

Jérôme Delgado est vendeur de chaussures et coprésident de Cassiopée, l’association des commerçants de Rodez agglomération. Il livre son ressenti.

Comment appréciez-vous la situation, aujourd’hui, pour les petits commerces ?

Ce que l’on salue, tout d’abord, c’est la mesure prise par le maire de Rodez, même si elle devient tout à fait symbolique. On n’a fait passer le message aux commerçants en précisant bien qu’il y avait un risque d’être hors la loi. Mais il fallait démontrer la nécessité d’équité.

Comment percevez-vous la mesure de confinement.

Il faut qu’elle soit la plus sérieuse possible. Il faut absolument ouvrir en décembre.
Vous ne pensez pas que cela soit possible avant ?
Il faut prendre un peu de recul. Si l’on nous autorise à ouvrir dans quinze jours mais qu’il n’y a personne dans les rues, cela ne servira pas à grand-chose… Non, là où nous attendons le gouvernement, c’est à propos de nos stocks.

C’est-à-dire ?

Pour la plupart d’entre nous, nous avons acheté la marchandise destinée à être vendue en novembre et décembre. Il va bien falloir la payer. Cela se fait généralement à la fin du mois de novembre. Peut-être on pourra négocier avec les fournisseurs, mais en tout état de cause, nous allons avoir besoin de trésorerie. Sur ce terrain-là, des mesures importantes doivent être prises par le gouvernement.

Les grandes surfaces ne peuvent plus vendre les produits non essentiels, qu’en pensez-vous ?

C’est un principe d’équité. Mais ce que je ne veux surtout pas, c’est que l’on monte les petits commerçants contre les grandes ou moyennes surfaces. On a besoin de tout le monde. Le sujet n’est d’ailleurs par grande ou moyenne surface. A mon sens, si un produit est interdit, il l’est partout. C’est tout. Sinon, demain, on mettra dans nos vitrines du papier toilettes et on dira à nos clients qu’ils peuvent venir, et acheter aussi des chaussures ou des vêtements.
Mais j’irai plus loin, il faut que ces produits soient interdits à la vente sur internet également…

Vous échangez beaucoup avec d’autres commerçants, dans quel état d’esprit sont-ils ?

Même si on s’attendait à cette mesure, il va falloir quelques jours pour retrouver un peu de combativité. Mais quand on voit nos clients, ces derniers jours, qui sont venus juste avant la fermeture, faire leurs courses, par solidarité. Cela fait chaud au cœur. Après, on leur demande d’être citoyen. De faire attention à eux et de ne pas acheter sur internet ce qu’ils peuvent acheter chez un commerçant.

Recueilli par Ph. R.