Prévenu alité sur un brancard, dossier de 4 000 pages… la colère des avocats

  • Après une longue délibération, le procès a été ajourné au mois de mai prochain,
    Après une longue délibération, le procès a été ajourné au mois de mai prochain, JAT
Publié le
Mathieu Roualdés

Scène ubuesque au palais de justice de Rodez, ce lundi après-midi lors d’une comparution immédiate dans le cadre d’un trafic de stupéfiants impliquant sept prévenus à Villefranche-de-Rouergue.

Il ne manquait qu’un dessinateur d’audience pour immortaliser la scène. Car si on dit des cours d’assises qu’elles sont des cathédrales de douleur, la comparution immédiate de lundi après-midi au tribunal de Rodez le fut également. Au sens le plus primaire et physique du terme cette fois. Il est presque 16 heures quand la cour entre dans une salle confinée. Face à elle, se « dresse » un prévenu, alité sur son brancard, les deux pieds plâtrés et surélevés par un coussin. Il est sous perfusion et patiente depuis le matin dans les couloirs du palais de justice, entourés de deux ambulanciers. Et de gendarmes, davantage préoccupés par son état de santé que par un risque d’évasion… Pourtant, c’est en prenant la fuite et en sautant du troisième étage d’un immeuble à Villefranche-de-Rouergue, quelques jours auparavant, que le jeune homme s’est blessé. Sa garde à vue dans le cadre d’un trafic de stupéfiants a duré 96 heures, à l’hôpital.

« C’est une honte, une offense à la dignité humaine »

Est-il véritablement en état de comparaître devant le tribunal ce lundi, quand les six autres prévenus de l’affaire, dont deux de ses frères, s’entassent debout dans le box ? Quand le ministère public assure que oui et rappelle que « s’il est blessé, c’est qu’il a tenté de fuir », le jeune homme lutte pour ne pas fermer les yeux, trop fatigué par la douleur, trop assommé par les médicaments. Pour les sept avocats de la défense, « c’est un scandale », « une honte », « une offense à la dignité humaine et aux droits de la défense ». Mes Galandrin, Montels-Estève, Foucault, Cordeiro, Ballanger… tous ont pris la parole pour se dire « heurtés » de la situation. Et jamais vu, de mémoire de robes noires. Mais la colère des sept ne s’est pas arrêtée là. Ce procès en comparution immédiate, ils l’ont tous jugé « trop rapide ». Écoutes téléphoniques, balisages de véhicules, auditions des uns et des autres, épluchages des comptes bancaires… Le dossier est épais de 4 000 pages. Et « je ne suis pas un robot, pas une machine » fait savoir Me Cédric Galandrin. Lui et ses confrères n’en ont eu connaissance que le matin même de l’audience. Et tous ont jugé qu’il était impossible, dans ces conditions, d’assurer la défense de leurs clients, dont certains nient les faits quand d’autres, récidivistes, risquent jusqu’à 10 ans de prison.
Une demande d’ouverture d’information judiciaire a ainsi été formulée à la présidente de l’audience et par ailleurs unique juge d’instruction du tribunal, Mariette Bel. Le parquet, lui, a dit « entendre et comprendre les plaidoiries ». Tout en tentant de calmer le jeu : « On porte la même robe, on défend aussi les droits de la défense : allons dans le même sens. Cette affaire n’est pas complexe, c’est un trafic de faible envergure - la défense aura certainement noté… -, comparée à ceux de la banlieue marseillaise ou toulousaine. On doit rapidement sanctionner les auteurs car ces trafics pourrissent la vie des habitants ».
Après une longue délibération, le procès a été ajourné au mois de mai prochain, un supplément d’information étant accepté par le tribunal, notamment pour confronter les différents protagonistes. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire, dont le jeune homme blessé. Il devait subir une intervention chirurgicale, hier, avant d’être incarcéré à Mende. Après une journée à patienter sur les marches du palais de justice, malgré le confinement, la famille et les amis des prévenus ont laissé éclater leur colère vers 23 heures… Heure à laquelle « robes noires » et magistrats ont quitté une audience et une journée « ubuesque ».

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Les commentaires (1)
Costesrouges Il y a 3 années Le 05/11/2020 à 12:49

Pauvre victime. il a sauté par la fenêtre, vendu du poison et on devrait le plaindre. Ils ont qu'à le mettre en prison pour se reposer tranquillement en regardant canal+.