Rodez. Benjamin Arnal : "La circulation du virus en Aveyron est forte"

  • Benjamin Arnal : "Les gens doivent garder à l’esprit que s’ils respectent le confinement, la limitation des déplacements et les gestes barrières, il y aura moins de malades avec une forme grave et le déconfinement sera plus rapide".
    Benjamin Arnal : "Les gens doivent garder à l’esprit que s’ils respectent le confinement, la limitation des déplacements et les gestes barrières, il y aura moins de malades avec une forme grave et le déconfinement sera plus rapide". José A. Torres
Publié le
Propos recueillis par R.G.

Benjamin Arnal, délégué départemental de l’Agence régionale de santé, a fait un point sur l’évolution de la situation sanitaire.

L’hôpital de Rodez a publié mardi soir les chiffres le concernant et indiqué que la situation sanitaire continuait à se dégrader. Comment la jugez-vous ?

Huit personnes se trouvent actuellement en réanimation dans cet établissement, ce qui signifie que le seuil critique n’a pas encore été atteint, d’autant plus que dans ce service, certains lits ont été transformés pour faire passer la capacité d’accueil de onze à dix-neuf personnes. Aujourd’hui, les patients atteints le plus sévèrement de la Covid sont reçus à Rodez. Si débordement il venait à y avoir, on pourrait envisager une coordination territoriale, avec des transferts de patients, qu’ils soient touchés ou non par le virus, vers d’autres établissements. L’essentiel est que ces malades soient accueillis là où ils sont le mieux pris en charge.

Pour le moment, la situation n’a donc pas encore nécessité de transferts de patients ?

Non. Avec le passage au niveau 4 de la doctrine sanitaire et la mise en place du confinement, les établissements du département ont travaillé à la déprogrammation d’activités, pour dégager des lits et du personnel soignant. Ces moyens sont suffisants même si le nombre d’hospitalisations augmente rapidement. Chaque semaine, nous faisons un point avec la cellule opérationnelle de gestion des flux de patients et l’Agence régionale de santé pour identifier d’éventuels blocages et trouver des solutions en interne, en augmentant le nombre de lits ou en mettant en place une coordination territoriale, avec éventuellement des transferts de malades. Notre but reste de faire en sorte que les patients soient pris en charge dans leur secteur. Si la situation de quelqu’un vivant à Villefranche-de-Rouergue, que ce soit chez lui ou dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, NDLR), nécessite une hospitalisation sans réanimation, il ira à l’hôpital de Villefranche, qui a la capacité d’accueillir dix patients atteints de la Covid. C’est dans l’intérêt des malades, qui ne sont pas éloignés de chez eux, et des établissements. Il est important que tout le monde participe à cela, d’autant plus que la deuxième vague est plus importante que la première. Les lits sont répartis dans l’ensemble du département car les besoins sont supérieurs à ceux du printemps, mais aujourd’hui, contrairement à la première vague, un patient de Millau, s’il n’a pas de problématique particulière, ne sera pas envoyé à Rodez mais restera à Millau.

Quelles données récentes avez-vous concernant cette deuxième vague ?

Entre le 27 octobre et le 2 novembre, on a assisté à une augmentation d’environ 65 % des hospitalisations conventionnelles, qui se font dans les services infectieux, gériatrique ou de médecine Covid, alors qu’on était à 39 % avant. Cette hausse existe aussi en réanimation, même si elle ne prend pas forcément les mêmes proportions étant donné qu’il y a eu des évolutions techniques sur le plan des soins et une plus grande rotation des malades ; c’est ce qui explique qu’on ne compte que huit patients dans ce service à Rodez. Néanmoins, on a de plus en plus de malades au Smit (service des maladies infectieuses et tropicales), qui a augmenté ses capacités en lits et peut accueillir jusqu’à trente-trois personnes. On oriente les patients en fonction de la gravité de leur état : une personne vivant en Ehpad et contaminée par la Covid, mais qui ne présente pas de problèmes respiratoires, ira en gériatrie. De même, un patient jeune mais souffrant d’une détresse respiratoire aiguë et devant être suivi par des infectiologues ira au Smit. L’objectif est qu’il n’y ait pas de concentration de patients en un même endroit, de les répartir entre les soignants d’un même établissement et entre les établissements eux-mêmes. Dès la première vague, on avait fait le choix de ne pas baser notre coordination sur le GHT (groupement hospitalier de territoire) mais sur le département dans son ensemble, avec l’hôpital de Rodez en point central et les autres en relais, dans leur secteur. Ç’a plutôt bien fonctionné et on a vu qu’il n’y avait pas eu de jeu de concurrence, de difficultés de coordination entre public et privé, comme ç’a pu être le cas ailleurs, ce qui a rendu l’accueil des patients compliqué. Dans l’Aveyron, tout le monde joue le jeu, que ce soit dans les principaux établissements ou dans les services de soins de suite et de réadaptation.

Y a-t-il des foyers ou des zones plus touchées que d’autres ?

Non, tout le département l’est, avec néanmoins une logique de densité de population qui fait que l’on a des situations assez marquées autour de certaines communes, liées à des foyers qui ont fait monter les statistiques, notamment dans certains établissements médico-sociaux. Rodez, Millau, Villefranche et leur agglomération sont les communes avec le plus de cas positifs et un taux d’incidence très fort, monté très rapidement et qui continue sur sa lancée. Si vous êtes dans une zone rurale, hormis s’il y a un Ehpad touché, le niveau est plus bas, mais la circulation du virus dans l’Aveyron est forte. Il ne faut pas que les gens pensent que parce qu’ils vivent dans ce département, il n’y a pas de risque. Le taux d’incidence n’a pas baissé, il continue même de monter, puisqu’entre le 25 et le 31 octobre, on est arrivé à 509 cas pour 100 000 habitants, avec, en parallèle, un taux de positivité de 19 %, soit un niveau jamais atteint ; et les effets du couvre-feu ne se font pas encore sentir. Il ne s’agit pas de faire peur à la population mais de lui faire comprendre que la circulation virale est réelle, que les contaminations continuent et que le confinement est important pour faire baisser les chiffres et soulager les hôpitaux et le personnel soignant. Enfin, le nombre de décès est plus important que lors de la première vague puisqu’on est à 90 personnes décédées de la Covid depuis septembre.

La préoccupation est donc importante…

Oui, et on reste extrêmement concentré sur la réponse du système sanitaire et la protection des établissements médico-sociaux en premier lieu, car c’est là que vivent beaucoup de personnes fragiles. Cela étant, il y a aussi une certaine confiance étant donné que les professionnels sont plus aguerris et que des réflexes ont été adoptés pour réagir au plus vite lorsque l’on détecte des cas positifs, en déclenchant des dépistages massifs et en mettant en place des renforts avec l’appui de tous, comme les médecins ou les associations de protection civile. Cela marche assez bien dans les établissements touchés, qui arrivent à s’en sortir, même si c’est très compliqué.

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