Valérie Michel-Moreaux : "Il n’y a pas eu de prise de conscience forte des Aveyronnais"

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  • "Je préfère prendre des mesures qui ne soient pas liberticides.Mais s’il devait être nécessaire de durcir encore le ton, je le ferai", prévient la préfète Valérie Michel-Moreaux.
    "Je préfère prendre des mesures qui ne soient pas liberticides.Mais s’il devait être nécessaire de durcir encore le ton, je le ferai", prévient la préfète Valérie Michel-Moreaux. José A. Torres
Publié le
Christophe Cathala

Notre département est l’un des plus impactés par la pandémie en Occitanie. Comment a-t-on pu en arriver là ? Entretien avec la préfète Valérie Michel-Moreaux.

L’Aveyron fait partie des deux territoires les plus touchés en Occitanie par l’épidémie de coronavirus.

Comment un département à dominante rurale peut-il aujourd’hui avoir des chiffres de contamination plus élevés que la Haute-Garonne ? Retour avec la représentante de l’État sur une situation qui " demeure grave ", selon ses termes (lire notre édition de mercredi 11 novembre) et qui peine, semble-t-il à être maîtrisée…

Les Aveyronnais prennent de plein fouet cette deuxième vague : est-ce leur indiscipline face notamment aux règles sanitaires qui est à mettre en cause ?

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sont indisciplinés. Mais, de toute évidence, il n’y a pas eu de prise de conscience forte de nos concitoyens. Il est vrai que l’Aveyron a été peu touché au printemps et nombreux sont ceux qui ont pensé que l’on pouvait passer au travers de cette deuxième vague, dont la gravité et la vitesse de diffusion du virus n’apparaissaient pas comme une réalité.

Et donc, les gestes barrières ont été oubliés ?

Négligés plutôt. Il y a eu plusieurs effets à la rentrée de septembre avec une partie du public qui s’est révélé asymptomatique, et la tendance à faire un peu la fête, chez les jeunes surtout, dans un département où il fait bon vivre. Cet état d’esprit a pu conduire à un déni de réalité. Et ce, un peu partout en Aveyron, qui n’est pas une zone plus protégée qu’une autre. L’accélération de la contamination à la mi-octobre a rappelé tout le monde à l’ordre.

Les forces de l’ordre, justement, ont-elles multiplié les sanctions de façon sensible ?

Mais la gendarmerie comme la police sont intervenues, dès le début septembre, sur les marchés notamment pour veiller au port du masque. Passé le temps de la pédagogie, il a bien fallu sévir. L’adoption des mesures sanitaires est diversement suivie. Et mieux admise semble-t-il en zones urbaines. Cela dit, il a été procédé à quelques fermetures administratives et de nombreux avertissements. Et l’on remarque que les verbalisations sont plus marquées ces derniers temps. Il est un peu tôt pour en faire un premier bilan depuis le début de ce deuxième confinement.

Un confinement beaucoup plus souple que celui du printemps. À telle enseigne que certains débordements ont pu être remarqués : l’Umih, syndicat des hôteliers et restaurateurs est ainsi en colère contre quelques collègues qui ne jouent pas le jeu et accueillent la clientèle "dans les arrières salles". Comptez-vous intervenir ?

Les services de l’État sont bien entendu, très attentifs à ces déviances. Et les contrôles se sont déjà avérés nécessaires sur ces débordements.

Je tiens à souligner que l’Umih et ses adhérents ont quand même un grand sens des responsabilités, ils ont le souci de respecter les règles sanitaires comme celui de protéger leur profession.

Si la situation sanitaire venait à rester tendue en Aveyron, voire à s’aggraver, seriez-vous prête à durcir les règles ?

Oui bien sûr. Déjà le port du masque a été rendu obligatoire dans toutes les villes du département et les boissons alcoolisées sont interdites à la vente après 20 heures. D’autres mesures peuvent être mises en place, comme imposer la fermeture de commerces beaucoup plus tôt en soirée…

Mais il faut que ces mesures aient une réelle efficacité. Et je préfère prendre des mesures qui ne soient pas liberticides. Mais s’il devait être nécessaire de durcir encore le ton, je le ferai. Alors, j’en appelle à la responsabilité de chacun d’autant que cette crise peut être longue.

Terrorisme, l’autre souci

Au côté de la pandémie, la France subit également la menace terroriste, comme le révèle à nouveau une dramatique actualité. Et l’Aveyron ne saurait être "une île entourée de terre", étanche à la Covid (on en a la preuve) comme au terrorisme. "La vigilance est toujours de mise, il n’y a pas de zones protégées de tels actes", martèle la préfète. Le département, comme partout en France, est placé en Vigipirate "alerte attentats" et la représentante de l’État a fait une demande d’appui des forces armées : depuis plusieurs jours déjà, ce sont des légionnaires de la 13e DBLE implantée sur le Larzac qui assurent ces missions Sentinelle, à Rodez pour l’essentiel. "Cela permet de rééquilibrer les forces sur le territoire", justifie Valérie Michel-Moreaux qui confirme que les moyens ainsi engagés le sont "pour plusieurs semaines" sans autre précision.

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Les commentaires (1)
Anonyme13077 Il y a 3 années Le 12/11/2020 à 09:23

C est normal que notre département prenne la 2 ème vague de plein fouet après avoir ouvert les vannes tout l été il y avait des touristes partout. Beaucoup trop pour nos capacités d accueil et là les gestes barrières totalement oubliés...