Aveyron : de nouvelles menaces planent sur l’usine Bosch d'Onet

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  • Les nuages s’accumulent au-dessus de l’usine Bosch.
    Les nuages s’accumulent au-dessus de l’usine Bosch. J.-L.B.
Publié le , mis à jour
R. G.

Une fermeture du site a été envisagée par la direction du groupe selon certains syndicats, provoquant l’inquiétude sur place.

Les prochains mois diront si c’est le cas mais le site Bosch d’Onet-le-Château a peut-être connu un tournant dans son histoire ces derniers jours. En cause : deux réunions du CSE (comité social et économique) local et de son pendant central, les 5 et 10 novembre, au cours desquelles pour la première fois, selon un communiqué de Sud, a été évoquée "une réflexion sur l’éventualité d’une fermeture définitive du site ruthénois".

"Elle émane des dirigeants allemands, indique Cédric Belledent, élu de ce syndicat aux deux CSE. La direction française du groupe aurait mis son veto mais on a appris que des décisions concernant notre site devraient être prises mi 2021. Notre inquiétude est réelle étant donné que le mot fermeture n’avait jamais été prononcé auparavant."

Diversification compliquée

Une inquiétude d’autant plus vive que la diversification de l’activité du site castonétois, source d’espoir pour l’avenir des emplois, actée par un accord signé en mars 2018, n’est pas (encore) au niveau escompté.

"Depuis trois ans, les dirigeants allemands nous ont dit : "Vous, vous êtes dédiés au diesel et le resterez, mais si le diesel meurt, vous mourrez avec", poursuit Cédric Belledent. Ils avaient dit que c’était à nous d’aller chercher d’autres projets, comme la production de nouveaux produits. Une équipe a été mise en place pour ça, la direction a sollicité deux cabinets d’expertise, 30 millions d’euros avaient été glissés dans l’enveloppe lors de la signature de l’accord, pour permettre l’achat d’équipements pour réaliser ces différents projets, mais aujourd’hui, il n’y a rien. On avait évoqué trois cents emplois créés et on en est à une quarantaine à peine. On avait parlé de l’aéronautique mais ce secteur est particulièrement touché par la crise sanitaire. La situation était déjà compliquée avant ça et aujourd’hui, elle l’est encore plus."

Meillaud : "Nous intensifions nos efforts"

"L’inquiétude des salariés est légitime, entre les difficultés du marché mondial de l’automobile, celles de la filière diesel et la crise sanitaire, mais je peux affirmer que nous tenons à cet accord et intensifions nos efforts en matière de diversification, insiste Patrick Meillaud, directeur économique de l’usine aveyronnaise, sans reconnaître qu’Heiko Carrie, PDG France-Bénélux du groupe, avait confirmé "officieusement que la fermeture du site de Rodez ne pouvait plus être une hypothèse à écarter totalement", selon le communiqué d’un autre syndicat, la CFE-CGC. Nous avons démarré un nouveau produit en septembre, destiné aux systèmes de direction, ce qui prouve que nous allons bien au-delà du diesel. Nous avons également gagné plusieurs projets d’images avec des entreprises externes pour industrialiser des produits aussi divers que des masques chirurgicaux ou des chaussures de sport. Notre usine est labellisée pour l’industrie du futur et nous bénéficions de contacts avec les acteurs du secteur de l’aéronautique. Maintenant que leur carnet de commandes est allégé, ils ont le temps et les ressources nécessaires pour un travail de fond sur leur filière."Compte tenu de cette nouvelle situation, Sud (la CGT n’a pas répondu) a annoncé solliciter une réunion dans les plus brefs délais avec la direction du groupe Bosch en Allemagne et espère "un soutien plus important" (Belledent) de la part du gouvernement français.

Une lettre ouverte adressée au PDG du groupe

C’est également une grande première, mais dans l’autre sens, qui va intervenir d’ici quelques jours, avec la publication d’une lettre ouverte au PDG de Bosch, signée par Jean-Louis Chauzy, dans laquelle le président du Ceser (conseil économique, social et environnemental régional) d’Occitanie interpellera son interlocuteur au sujet de la stratégie du groupe et lui demandera le "maintien en activité d’un site exemplaire".

"Cette annonce d’une possible fermeture ne me surprend pas dans la mesure où, il y a un mois, Bosch a annoncé vouloir supprimer plusieurs centaines d’emplois en Europe, notamment sur les sites de Castellet, en Espagne, de Bari, en Italie, et d’Onet-le-Château, ces deux derniers fabriquant les mêmes pièces", confie le dirigeant régional, avant de se montrer plus offensif : "Depuis 2004, Bosch monde est une fondation, et à ce titre, elle doit mettre en œuvre certains principes et respecter une éthique et des valeurs. Elle doit donc investir en Europe et en France plutôt qu’en Turquie, comme elle le fait. L’usine d’Onet-le-Château est considérée comme un site pilote dans le groupe, bénéficie de tous les labels européens de qualité et a fait l’objet de gros investissements pour que la chaîne de production soit à la pointe. De plus, l’État a payé 5 millions d’euros à ce jour, au titre du chômage partiel, pour 300 personnes en sureffectif, conformément à ce que prévoyaient les accords de diversification de mars 2018 ; il ne faut pas l’oublier. Aujourd’hui, on ne peut pas laisser cette usine fermer. Le défi est là et un groupe qui travaille avec des constructeurs allemands et français et réalise quelques milliards de bénéfices doit mettre les moyens financiers pour sauver ce site".

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