Aveyron : "On avait déjà tablé sur une baisse de 40 %" des sponsors des clubs sportifs

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    Le jeu reprendra-t-il en janvier pour le Sporting ? Archives JLB
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Aurélien Parayre

Le monde amateur vit pour une bonne partie grâce à ses partenaires privés. Mais ces derniers sont bien souvent fortement impactés, eux aussi, par la crise. De quoi inquiéter, même si la tendance baissière n’est pas un dénominateur commun.

Du "petit" boulanger du village, à la multinationale implantée dans le secteur, en passant par la start-up du coin ou le restaurant à la mode. Les clubs et/organisateurs de manifestations sportifs se tournent habituellement vers le secteur privé au sens très large pour tenter de se financer ; en plus des aides publiques auxquelles ils peuvent prétendre, ou de leurs recettes directes. Crise sanitaire, et surtout économique, oblige, l’année 2020 marque un décrochage financier important. Pour autant, le lien de partenariat reste bien solide, entre indulgence, soutien et parfois même une sorte d’autocensure.

"La priorité des priorités, c’est de sauver la structure"

"Tout le monde a besoin de retrouver le sport, mais de quel droit demander quelque chose à nos partenaires alors qu’on ne joue même pas pour l’instant et qu’on ne sait pas encore si on pourra repartir, et quand ? " La question est limpide. Elle émane de Christian Mayrand, un des responsables de Promoval, le club des partenaires du Sporting Decazevillois (rugby). Montrant aussi que devant les difficultés financières de leurs pourvoyeurs de moyens, les clubs comprennent bien que le sport passe au second plan. "Décemment, les clubs ne viennent pas nous solliciter, oui, corrobore Marc Noyrigat-Gleye, le boss du restaurant des Coopérateurs à Millau, qui plus est repaire des associations de la ville (football, pétanque, 100 km, rallye des Cardabelles, basket-ball…). La priorité des priorités, c’est de sauver la structure, et les emplois (cinq)."

"On dépend évidemment de l’activité des entreprises, précise Mayrand. Pour une entreprise qui souffre, dont le chiffre d’affaires baisse ou encore la pérennité est mise en cause, le sport n’est évidemment pas prioritaire. " Du coup, selon les secteurs d’activité, la situation diverge grandement. Amenant toujours plus d’incertitudes au moment de construire ou clôturer un budget annuel. "Nous à Promoval, on compte pour environ la moitié du budget du club, détaille Christian Mayrand. Et en juin dernier, on avait déjà tablé sur une baisse de 40 % en termes de partenariats." Et d’indiquer encore : "Avant, chez nos partenaires, on avait 100 % de sponsoring pur et dur. Aujourd’hui, on est à 30 % environ, et un mécénat qui monte à 70 %"

La solidarité pour ceux qui le peuvent

Car pour les entités qui le peuvent, continuer à verser au monde sportif et ses associations demeure une réelle volonté. "L’époque est compliquée pour tout le monde, avance ainsi un des bienfaiteurs majeurs du sport aveyronnais, Christian Braley, le fondateur deWs établissements éponymes, depuis Bezonnes. La fonte des budgets pub est une réalité. Pour autant, on a choisi de ne pas baisser les aides aux petits clubs et associations, car ce sont eux qui font vivre les villages. Vous parlez de retour d’ascenseur pas possible car le sport est à l’arrêt. Mais on ne fait pas un cadeau à quelqu’un dans l’idée d’en recevoir un en retour. On est tous dans le même bateau, on doit se montrer solidaire. " "Nous, en tant que garagistes, on a eu la chance de rester ouverts, témoigne de son côté le référent de la marque Citroën à Capdenac, M. Gazal. On a donné pareil au basket, et un peu plus au rugby. "

Craintes plus importantes encore pour la saison d’après

Pour autant, et même si avancer un chiffre précis confère au charlatanisme, la tendance générale reste à la baisse des dotations. Parfois même en prévision de résultats justement inconnus. Le cas notamment d’un McDonald’s aveyronnais, habitué à redistribuer, mais dont certains budgets sponsoring ont été gelés pour 2020.

"Certains n’ont pas encore réglé leur versement de la saison dernière. On sait aussi que d’autres, qui s’étaient pourtant réengagés cet été, ne pourront finalement pas assumer. Mais je suis presque plus inquiet pour la saison d’après, révèle enfin Christian Mayrand. S’il n’y a pas de projections claires pour la suite, de certitudes dans les carnets de commandes ou les plannings des entreprises, comment s’investir dans le sport ?" Marc Noyrigat-Gleye répondant en partie à cette interrogation : "On verra comment cela tourne dans les prochains mois. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’aura pas les moyens de faire des chèques, il ne pourra plus y avoir d’aides directes, en argent ; malheureusement. À voir si on pourra faire des prestations, faire venir déjeuner les équipes… Car, pour nous, la vie associative est primordiale. "

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