Millau : partis pour un malaise, l’intervention des pompiers se transforme en sauvetage héroïque

  • Nicolas Bonami a plongé dans le Tarn sans réfléchir, pour porter secours à la victime.
    Nicolas Bonami a plongé dans le Tarn sans réfléchir, pour porter secours à la victime. Repro CP -
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Maxime Cohen

Entre l'appel et l'intervention, la victime a chuté dans le Tarn. L'eau avoisinait les 10°C et les pompiers n'avaient pas prévu le matériel de secours aquatique.

Mardi, en début d’après-midi, quand la sonnerie de la caserne des pompiers de Millau sonne, le véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV), part pour un malaise. La routine. Il prend la direction du parking du parc des sports, derrière les cours de tennis, pour un homme, âgé de 37 ans. La nature de l’appel ne reflète pas vraiment la situation à laquelle les secouristes sont confrontés une fois sur place.

Les trois sapeurs-pompiers arrivent face aux témoins, qui ont donné l’alerte et qui font signe de se dépêcher. "On pense arriver sur un malaise classique", souligne Nicolas Bonami, dans le véhicule ce jour-là. Entre le coup de téléphone et l’arrivée du camion, l’homme n’est plus sur terre, mais dans le Tarn. Ce qui change significativement la nature de l’intervention.

"Quand je suis arrivé, j’ai vite regardé d’en haut, le corps flottait, on voyait la veste de la personne, poursuit le pompier âgé de 46 ans. Heureusement qu’il l’avait, ça lui a permis de flotter, il faisait le bouchon."

"Tout seul, il aurait été incapable de revenir"

Sa tête était hors de l’eau la majeure partie du temps, mais les sapeurs de Millau n’avaient pas le temps de récupérer une combinaison néoprène et des équipements adaptés au sauvetage aquatique. "Quand on sait qu’on part sur ce type d’intervention, on s’équipe, ajoute William Buchet, le commandant. On prend le bateau et des combinaisons."

Nicolas Bonami se débarrasse de ses rangers, laisse son téléphone, son bip et tout ce qui pourrait le ralentir dans la rivière aux témoins. Il se jette à l’eau. Au mois de novembre, elle est loin des températures et de la couleur d’un lagon de l’océan Indien.

"Après les premiers mètres, j’ai eu un coup de froid mais c’est vite passé, se souvient le sauveteur. Il dérivait, il était emporté par le courant mais il entendait ce que je lui disais, je voyais ses yeux bouger. Mais tout seul, il aurait été incapable de revenir." Avec tous les vêtements que la victime portait, le pompier parvient quand même à nager une vingtaine de mètres avant de la mettre au sec.

Une température corporelle de 29°C

Là, c’est une autre histoire qui commence. "Les équipes ont dû lui passer un cordage sous les aisselles pour le hisser sur les berges, détaille le commandant Buchet. La police nationale était aussi présente sur les lieux et a aidé les pompiers."

Lorsque les sauveteurs relèvent les constantes, ils notent une température corporelle de 29 °C. "S’ils étaient arrivés quelques minutes plus tard, il aurait pu boire la tasse et l’issue aurait pu être fatale." Une fois dans le camion, la victime et le sauveteur se réchauffent. Le quadragénaire sauvé, est transporté au centre hospitalier de Millau et Nicolas Bonami "sous une douche chaude en rentrant", sourit William Buchet.

"C’est la première fois que je fais une intervention comme celle-ci, note Nicolas, pompier professionnel depuis 2004 et volontaire dès 1997, à Saint-Rome-de-Tarn. Heureusement que ça n’arrive pas tous les jours, ça fait bizarre mais sur le moment on n’y pense pas, on réfléchit après."

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