D’Arvieu à Pigüé, Auguste et Marie Cransac ont tenté l’aventure

  • Auguste Cransac et son épouse Marie.
    Auguste Cransac et son épouse Marie.
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CORRESPONDANT

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il y avait en Argentine des milliers d’hectares incultes et inhabités, l’État faisait la promotion de l’immigration et de colonies et créait des cabinets de recrutements en France où une grave crise économique sévissait.

Cette crise frappait particulièrement l’Aveyron : le phylloxéra s’abattait sur les vignes, le prix du seigle et du cochon était infiniment bas, les mines licenciaient à tour de bras, le département était surpeuplé et beaucoup de familles nombreuses vivaient sur quelques arpents de terre. Dans l’Aveyron c’était la misère, au loin on promettait l’Eldorado.

Aussi, le 23 octobre 1884, quarante familles pionnières, partirent de Rodez par train et embarquèrent le 24 octobre de Bordeaux pour 38 jours de traversée sur un vapeur/voiles via l’Argentine. Elles arrivèrent à Buenos Aires le 30 novembre et atteignirent Pigüé le 4 décembre, à 12 000 km de leur Aveyron natal, dans un pays totalement inconnu et une langue différente. Il ne s’agissait pas d’émigrants désargentés car ils devaient posséder un capital de minimum 3 000 francs. Un lot de terre de 100 ha avec un abri convenable avait été promis à chacun. Ils étaient agriculteurs, institutrice, forgeron, curé…, ces colons paieraient leurs parcelles en six annuités par cession de la moitié de leurs récoltes.

Pierre Jean "Auguste" Cransac (34 ans), du Moulin de Cazottes était l’un d’eux, avec son épouse Marie Alauzet et leurs 3 enfants : Marie-Rosalie (6 ans), Adrienne (3 ans), Auguste Pierre (10 mois). Son demi-frère Amans Verdier (25 ans) l’avait suivi dans l’aventure avec son épouse Rosalie Férieux (23 ans) et leur fille Germaine (- de 1an) ainsi que son beau-frère Pierre-Philippe Alauzet (25 ans) célibataire.

Les débuts tournèrent au cauchemar. À leur arrivée, seule la gare et un grand hangar pour abriter les premières récoltes existaient. Pendant des mois, ce hangar servit de logements provisoires. Puis, la production fut si faible durant les trois premières années que certains ne purent payer leur terre. Heureusement, les années suivantes les récoltes ont été bonnes et progressivement le premier contingent fut bientôt rejoint par d’autres qui pouvaient ne disposer que d’un petit capital de départ. Au fil des ans, la colonie de Pigüé, devint l’une des plus prospères de la pampa et compte aujourd’hui une dizaine de milliers d’habitants.

En novembre 1903, Frédéric Boudou et son épouse Eugénie, originaires de Durenque, étaient partis pour l’Argentine avec leurs sept enfants rejoindre leur cousin Honoré qui les y avait précédés. De leurs descendants, est issu Amado Boudou qui occupa plusieurs postes dans la fonction publique, fut ministre de l’Économie, puis vice-président aux côtés de Cristina Fernández de Kirchner du 10 décembre 2011 au 10 décembre 2015. En remontant la généalogie d’Amado, on trouve certains de ses ancêtres aussi dans la commune d’Arvieu, au Puech-Grimal (Caplongue) et au Colombier d’Arvieu.

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