Elio et Justin s'offrent l'Europe sur un plateau

  • Depuis le départ, les deux compères ont parcouru plus de 5 000 km pour rallier le Cap Nord. Il en reste deux fois plus avant de retrouver l’Aveyron.
    Depuis le départ, les deux compères ont parcouru plus de 5 000 km pour rallier le Cap Nord. Il en reste deux fois plus avant de retrouver l’Aveyron. JP. Sicard
Publié le , mis à jour
Aurélien Delbouis

Le bac en poche, ils ont laissé derrière eux la France et son embargo sanitaire pour les étendues polaires de l’Europe du nord, les plages paradisiaques de la Grèce, les plaines désertiques des pays baltes. Un périple de 14 600 km à travers 26 pays qu’ils nous racontent aujourd’hui

Ils ont tout affronté. Le vent, le froid, la pluie, la neige, quelques blessures même. Ils n’échangeraient pourtant leur place pour rien au monde. Armés de leurs seuls vélos et d’une paire de mollets bien affûtés, Elio et Justin, 18 ans, ont entrepris leur premier Tour d’Europe à vélo. Un défi de taille pour les jeunes bacheliers qui espèrent boucler les 14 600 km de cet incroyable périple en une petite année.

"Nous sommes partis en juillet de Villefranche-de-Rouergue, là où nous avons préparé notre voyage pendant deux bonnes années, développe Elio. Nous espérons être de retour en Aveyron à l’été 2021." Actuellement posé en Estonie après 5000 km d’effort, le duo savoure la vie à Tallin avant de repartir vers le Sud. Après le Cap Nord, étape la plus septentrionale de leur parcours, la perspective de journées baignées de soleil s’annonce avec appétit.

"On est passé par des hauts, les paysages magnifiques de la Laponie, la côte sauvage entre les Lofoten et la Cap Nord, mais aussi pas mal de bas, résume Justin qui a du poser pied à terre quatre semaines durant après une vilaine chute. "Je me suis cassé le bras, reprend l’intéressé. Tout ça aurait pu signer la fin de l’aventure mais on préfère relativiser, rester optimistes. On a donc décidé de profiter des quatre semaines d’interruption pour visiter Copenhague et Oslo."

Une petite halte dans le programme plutôt chargé des aventuriers. "Le but est de parcourir environ 80 kilomètres par jour. On a roulé davantage aux Pays-Bas ou en Belgique mais les choses pourraient se corser bientôt avec la traversée des Alpes."

Fans de voyages, de rencontres, de découvertes, les deux futurs étudiants ont décidé de donner forme à ce vieux rêve voilà deux ans. "A l’occasion d’un voyage de trois mois en camion avec mes parents, j’ai rencontré un écrivain au Maroc. Il ne voyageait qu’en vélo. Son expérience a fini de me convaincre, explique Elio qui enrôlera bientôt Justin dans son sillage.

Si l’aspect aventure s’est vite imposé à eux, le voyage sert aussi de support à leurs aspirations du moment : citoyenneté européenne et initiatives éco-responsables.

"Depuis le départ, nous intervenons régulièrement dans des écoles primaires et le lycée Raymond-Savignac à Villefranche autour de cette thématique de la citoyenneté. Nous voulons également profiter du voyage pour mettre en avant des initiatives locales en Europe. Rencontrer tous ceux qui œuvrent pour la transition écologique et vivre le changement qui couve un peu partout dans différents domaines : social, environnemental, éducatif, agricole, économique, culturel…Un objectif rendu plus difficile avec la crise du Covid-19", reconnaît Elio.

Cette crise pourtant lointaine depuis le centre médiéval de Tallin, où les choses sont pour ainsi dire normales. "Personne ne porte le masque ici, les bars sont toujours ouverts. Pour tout vous dire, on n’a que très rarement porté notre masque depuis les Pays-Bas, reconnaît Elio. Même aux postes frontières, où l’initiative des deux Aveyronnais et leur indéfectible bonne humeur, font office de sésame. "On craignait être dans l’obligation de respecter une quatorzaine entre la Finlande et l’Estonie. C’est ce qui était prévu, souligne Justin, mais le garde frontière a été très conciliant."

Pas évident pourtant que la suite du périple soit aussi "facile".

"On s’attend à d’autres petites complications, notamment en Pologne, mais rien d’insurmontable. On a franchement vécu pire, plaisante Elio en souvenir de la traversée de la Laponie sous la neige, de ces quinze jours à pédaler sous la pluie continue, le vent de face, le long des îles Lofoten, ou enfin de cette nuit "à la belle étoile", là encore sous des trombes d’eau.

Reste que route du Sud rime aussi avec hiver. "Certes, on prend la direction du soleil, mais on avance aussi dans l’hiver", avec - et c’est là le hic - des cols alpins pour horizon. "On doit être à Venise le 28 décembre, c’est fixé comme ça. On va devoir sérieusement accélérer la cadence, en convient le duo qui rêve déjà aux plages grècques. "C’est l’objectif. On va tout faire pour y parvenir même si parfois, on désespère un peu. C’est franchement plus difficile qu’on ne l’imaginait avant le départ mais on se soutient mutuellement. Quand l’un passe par du ‘moins bien’, l’autre prend le relais. En ça, notre voyage est aussi très instructif, s’amuse Justin qui avoue déjà avoir pas mal pris en maturité : "Je sais gérer un budget ! Parlez-en à mes proches, ce n’est pas rien", plaisante le plus dépensier des deux qui, avec son compère, ne compte pas s’économiser plus longtemps pour se mettre l’Europe dans la poche.

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