Decazeville. Les produits dérivés du charbon favorisent l’industrialisation

  • La production d’agglomérés de charbon employait de nombreux enfants et femmes. Ici, aux mines de Campagnac (Cransac), début XXe siècle.
    La production d’agglomérés de charbon employait de nombreux enfants et femmes. Ici, aux mines de Campagnac (Cransac), début XXe siècle.
  • Système automatique d’arrosage à eau à la cokerie de Decazeville qui ne cessa de se moderniser.
    Système automatique d’arrosage à eau à la cokerie de Decazeville qui ne cessa de se moderniser.
Publié le
Didier Latapie

Le charbon ne servait pas seulement à alimenter l’âtre des cheminées des maisons. Il était aussi un allié indispensable, indissociable, de l’avènement de l’industrie. Il fallait de la houille pour produire le zinc à la Vieille-Montagne jusqu’en 1930. L’usine viviezoise possédait même une mine de charbon à proximité, située à la Planquette. Sans la présence du charbon, la verrerie ne se serait jamais installée à Boisse-Penchot, une entreprise qui fonctionna de 1841 à 1954.

Et que dire des usines à Firmi, Decazeville et Aubin produisant de la fonte, du fer et de l’acier en grande quantité grâce à "l’or brun". Le charbon était transformé en coke, l’incontournable combustible pour les hauts fourneaux. L’endroit où l’on concevait le coke était appelé cokerie, constituée par un assemblage de fours bâtis en briques réfractaires, avec aux alentours des aires de stockage pour le charbon qui alimentait de façon continue ces fours chauffés à environ 1 300° par du gaz produit par la "cokefaction" elle-même (ou par le gaz émis par les hauts fourneaux). L’excédent de coke était vendu à la population locale.

Rien ne se perdait et le charbon servait à des produits dérivés car la fabrication du coke s’accompagnait d’émissions de gaz de diverses matières volatiles. Récupérés par des dispositifs spécifiques, ces gaz produisaient du méthane (d’où naquit l’usine du méthanol 1925-1951), de l’acétylène, de l’éthylène, de l’oxyde de carbone, du benzène, du gaz d’éclairage, du dihydrogène, des goudrons… Du charbon donc, émanaient d’autres combustibles pour s’éclairer, pour alimenter les voitures durant un temps sur le Bassin, etc.

Le coke fut encore mobilisé par l’usine Claude (à l’emplacement actuel de Géant Casino) qui, de 1924 à 1954, fabriquait de l’ammoniaque, en récupérant l’hydrogène délivré par les gaz, et du sulfate d’ammoniaque.

L’arrivée du gaz naturel de Lacq à Decazeville, en 1961, peu avant la fermeture des mines de fond, condamna la dernière cockerie de Decazeville. La carbochimie céda sa place à la pétrochimie.

Autre facette charbonnière, les mines de Campagnac, à Cransac, géraient une fabrique d’agglomérés : briques de charbon mélangées à un peu d’argile, utilisés dans les locomotives à vapeur et dans la marine.

Sinon, à la sortie du criblage, le charbon prenait diverses directions : il s’exportait dans le département et bien plus loin via les trains de marchandises et les camions, vers la centrale thermique de Boisse-Penchot (de 1954 à 2001), vers la chaufferie centrale sur les hauteurs nord de Decazeville, vers les particuliers, etc. Les produits secondaires pouvaient alimenter des fours spéciaux comme la cimenterie (de 1954 à 1963). Le charbon, combustible disponible et solide, facilement transportable et stockable, tant décrié aujourd’hui, générait des milliers d’emplois directs et indirects sur le Bassin au temps du Pays noir.

Voir les commentaires
L'immobilier à Decazeville

127000 €

2 Km Centre-ville, Maison T6 avec garage, terrasse, cave et terrain clos de[...]

Toutes les annonces immobilières de Decazeville
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?