Rodez. Secours catholique : la 2e vague Covid apporte un océan de précarité en Aveyron aussi
Le nombre de personnes venues demander de l’aide au Secours Catholique a explosé ces derniers mois en Aveyron.
La France comme pratiquement le reste de la planète fait le dos rond en appliquant des mesures radicales pour tenter de limiter l’impact de la deuxième vague de la Covid-19. Même si elles commencent à produire leurs effets, ces mesures drastiques en plus de restreindre les libertés, ne sont pas sans effets sur l’économie au sens large. Et ceci alors même que se profile déjà à l’horizon une troisième vague, mais pas de Covid celle-là. Du moins pas pour tout de suite. Non, la houle qui se forme dangereusement au large actuellement est provoquée par les effets induits de la lutte contre la pandémie.
Une vague de précarité que tous les acteurs du social redoutent tant elle promet d’être destructrice car bien qu’elle n’ait pas encore déferlé elle a déjà commencé à produire ses premiers effets.
Effets redoutables
Et ils sont "redoutables" selon Louis Droc, vice-président de la délégation Tarn - Aveyron - Lozère du Secours Catholique. "Au regard des chiffres relevés par nos bénévoles sur le terrain, cette vague menace à tout moment de se transformer en tsunami social, prévient le vice-président bénévole. Les effets de toutes les mesures mises en place depuis le mois de mars sont déjà visibles sur les populations les plus précaires", déclare-t-il en précisant que le Secours catholique répond depuis le printemps dernier à une explosion des demandes d’aide. "Déjà 30 % de personnes supplémentaires (38 % sur le Bassin decazevillois). C’est inédit, insiste-t-il. Et d’autant plus inquiétant que les dégâts sociaux découlant des nouvelles mesures décidées par le gouvernement pour tenter d’absorber cette 2e vague de contamination ne se ressentiront que dans les prochaines semaines voire les prochains mois. Et les spécialistes prédisent déjà qu’ils seront considérables et tout aussi dévastateurs pour bon nombre d’Aveyronnais, même au sein des populations habituellement préservées", précise-t-il encore. Du moins, si l’on peut encore les qualifier de préservées.
Dettes et précarité
Car déjà bien avant l’arrivée de la pandémie, en 2020, les acteurs sociaux ont constaté qu’année, après année, la précarité gagnait toujours plus de terrain. Et que le nombre d’Aveyronnais vivant sous le seuil de pauvreté ne cesse de progresser (voir par ailleurs), notamment chez les retraités, les mères isolées, les jeunes de moins de 25 ans, mais aussi chez les travailleurs précaires (50 % des personnes rencontrées). C’est notamment ce qui ressort du rapport 2019 sur "l’État de la pauvreté dans le Tarn, l’Aveyron et la Lozère" (La Lozère a intégré en septembre la délégation Tarn - Aveyron) rédigé au plus près du terrain par les 1 300 bénévoles de cette délégation du Secours Catholique.
Acteur incontournable du secteur social et solidaire, le Secours Catholique dresse régulièrement un état des lieux de la pauvreté en France. Tout en, faisant ce qu’il peut pour la juguler en tentant d’apporter écoute, conseils et réponse concrète aux sollicitations. Et le moins que l’on puisse dire c’est que celle-ci gagne du terrain. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les chiffres du dernier rapport en date (2019) avec celui publié quelques années plus tôt : c’est éloquent. Et la situation actuelle ne risque pas d’arranger les choses, bien au contraire.
En chiffres
- 6 138 familles et personnes soutenues en 2019 dont 50 % de femmes seules avec ou sans enfant.
- 1/3 des personnes ont plus de 50 ans et plus de la moitié entre 25 et 49 ans.
- 20 % des personnes occupent un emploi.
- 71% des aides demandées en Aveyron concernaient une dépense liée au logement.
- 670€ c’est le revenu moyen par unité de consommation des personnes rencontrées en 2019.
- 5,40€ c’est le reste à vivre moyen par personne par jour et par foyer, 29 % ont un reste à vivre inférieur à 2€.
- 152 592 € c’est le montant des aides directes attribuées en 2019 par la délégation Tarn - Aveyron.
Le revenu minimum en question
Comme le rapport statistique le démontre, les revenus des ménages rencontrés par le Secours Catholique sont pour l’immense majorité très insuffisants pour atteindre un budget permettant de vivre décemment et ce même lorsque les personnes travaillent.
Le Secours Catholique demande l’instauration d’un revenu minimum garanti sans contreparties. Cette assurance revenu accessible dès l’âge de 18 ans, mais aussi aux étrangers disposant d’une carte de séjour, doit être suffisante pour permettre de vivre une existence sans privation majeure, estime le Secours catholique qui fixe ce montant à 893 € (50 % du niveau de vie médian).
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