Air, terre, mer… Aurélien Majorel, un univers en trois dimensions

Il a pour ainsi dire bouclé la boucle. Ingénieur aéronautique de formation, il a exploré les océans avant de retourner à la terre, celle de ses origines. Fils d’agriculteur, Aurélien Majorel est aujourd’hui en pleine phase d’installation dans la petite ferme familiale de Séverac-d’Aveyron. Une reconversion mûrement réfléchie. "Sans prétention, j’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour de ma branche : la robotique sous-marine. J’avais besoin d’un nouveau défi."

Avant de s’installer définitivement et de poser sa marque sur l’exploitation – pas toujours simple quand l’ombre familiale rôde dans le coin – le presque quadra ne boude pas son plaisir. "C’est un retour aux sources plutôt appréciable après une vie à bourlinguer. Mais je sais aussi que tout est encore à construire."

"Machine spéciale"

Lui qui a commencé sa carrière dans l’aéronautique à Paris – "je travaillais sur des trains d’atterrissage"- avant de s’expatrier en Chine par goût du défi et "besoin d’aventure", a couvert le globe avant de remonter la rivière. "J’ai passé quatre années en Chine". À Changzhou, ville de 5 millions d’habitants située à une heure au nord de Shanghai, l’ingénieur fait ses gammes dans une des unités ArcelorMittal. "J’occupais un poste assez transversal dans une usine de transformation de tôles à froid. Je veillais à l’amélioration continue du site : étude des flux, indicateurs de qualité… Très intéressant."

De retour en France pour valider son expérience chinoise, il opte pour la robotique sous-marine : pour lui "le top du top !". Responsable du bureau d’études chez Eca Robotics à Montpellier, société spécialisée dans la robotique sur trois dimensions – terre, mer, air-, il accompagne la croissance de la pépite montpelliéraine en pointe en matière d’exploration robotisée pour l’offshore pétrolier, le nucléaire, l’assainissement et les milieux hostiles.

Robot couteau suisse

Il restera 4 ans dans la préfecture héraultaise avant de lever l’ancre, mû cette fois encore par cette soif inextinguible d’aventure. "Avec un collègue, on trouvait finalement qu’il n’y avait pas assez d’innovation. Un volet pour nous primordial pour rester compétitif. Il faut aussi l’avouer, le plus passionnant pour un ingénieur est de développer de nouveaux concepts."

Convaincus qu’ils peuvent "faire aussi bien dans leur garage", ils créent OIS, pour Ocean Innovation System, et développent un "robot couteau suisse" capable de répondre aux multiples besoins des clients. Avec ce robot sous-marin modulaire, le S-ROV, ils visent juste. "Par la suite, nous avons vendu un robot au musée sous-marin de Lorient pour de l’exploration archéologique." Ils travaillent aussi avec l’Ifremer, l’armée et commencent à développer la partie "éolien offshore" pour "des missions d’exploration d’ancrage, d’inspections d’installation, d’entretien."

Une divergence de "vision stratégique" entre les deux associés mettra finalement un terme à l’expérience OIS. "Nous avons vendu la propriété industrielle à TMI-Orion, une boîte spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes de mesure pour environnements industriels difficiles."

Aujourd’hui de retour à Séverac-d’Aveyron, l’ingénieur retrouve sur la terre de ses aïeux, le terreau idéal à de nouveaux défis. "J’ai suivi un an de formation à la Chambre d’agriculture et je serai officiellement installé dans une petite quinzaine de jours", termine le multidiplômé qui n’en a pas fini avec l’ingénierie. "J’ai de nouveaux projets en lien avec l’innovation. Mais c’est encore prématuré d’en parler."