Decazeville. L’arrivée de la "fée électricité"
Ce nouveau volet évoque l’arrivée de cette nouvelle énergie dans un Bassin qui en consommait tant.
La France voit arriver l’électricité peu avant la fin du XIXe siècle, une véritable filière énergétique décolle dans le sillage de l’expansion industrielle. Pourtant, après la Première Guerre Mondiale, à peine 20 % des Français étaient connectés au réseau électrique géré par des compagnies privées. Certaines familles se montraient réticentes face à cette invention révolutionnaire.
Dans l’Aveyron, 207 communes rurales sur 306 ne sont pas encore électrifiées en 1928 (selon Arnaud Berthonnet, "Histoire et sociétés rurales").
Le Bassin de Decazeville-Aubin ne fut pas en reste car les usines et les mines avaient besoin de la "fée électricité", apportant de nouvelles performances, du confort, tout comme une métamorphose des usages quotidiens.
Vers 1901, est créée une station ou centrale thermique à Lacaze qui délivrait le "jus" aux mines, aux forges et à d’autres installations.
Peu après, un atelier de fabrication de selles et d’éclisses pour les chemins de fer a été transporté de Fourchambault à Decazeville et mis en service.
Ses appareils, fonctionnant sur commande électrique, furent alimentés grâce à la centrale établie à Lacaze qui sera reliée au réseau de la Société d’énergie électrique de la Sorgue et du Tarn.
Cette dernière fournissant de l’électricité aussi aux particuliers. Une liaison entre la centrale thermique decazevilloise et les installations de Campagnac pourvoyait aux manques éventuels de la société cransacoise.
On poursuivit l’amélioration de l’outillage mécanique et des installations minières, et donc de leur productivité, par l’emploi toujours plus conséquent de l’énergie électrique. La station de Lacaze fut renforcée, comprenant une centrale à courant continue 280-300 volts et une centrale à courant triphasée 3 300 volts (Archives nationales 110 AQ ; ouvrage de Louis Lévêque).
À la fin des années vingt, la Vieille Montagne abandonna le charbon et adopta le procédé électrolytique, réclamant davantage d’électricité pour produire son zinc.
La rivière Lot et ses affluents jouèrent un rôle prépondérant car plusieurs sites en amont furent aménagés pour y construire des barrages. Le complexe de la vallée de la Truyère, de 1928 à 1934, constitua alors le plus imposant programme hydroélectrique d’Europe. La ligne principale fut tirée jusqu’à Viviez, à la ligne d’interconnexion de la Société d’énergie Rouergue-Auvergne.
De ce fait, la centrale de Lacaze perdit de son activité, conservant notamment quelques chaudières pour alimenter les appareils marchant encore à la vapeur.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Résistants ne se sont pas trompés en faisant sauter les pylônes électriques qui alimentaient les mines et les usines, sapant la production qui devait partir pour l’Allemagne nazie.
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