Dans la Drôme, un centre aide les convalescents du Covid à reprendre leur souffle

  • Depuis le printemps, cet établissement donne un second souffle à des patients guéris mais que le coronavirus a amputé de la moitié de leurs capacités respiratoires.
    Depuis le printemps, cet établissement donne un second souffle à des patients guéris mais que le coronavirus a amputé de la moitié de leurs capacités respiratoires. Philippe DESMAZES / AFP
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Relaxnews

(AFP) - "Ici, c'est pas un Club Med": Charles Billion-Rey, 79 ans, marche au rythme imposé par un tapis roulant pendant qu'une kiné du centre de réhabilitation de Dieulefit (Drôme) vérifie régulièrement son taux de saturation en oxygène.

Depuis le printemps, cet établissement donne un second souffle à des patients guéris mais que le coronavirus a amputé de la moitié de leurs capacités respiratoires.

Après deux semaines de rééducation intensive, M. Billion-Rey se tient debout et avance d'un pas de plus en plus décidé. "Quand je suis arrivé ici j'étais sur un brancard, tout raplapla", raconte le septuagénaire, qui a passé 15 jours alité en pneumologie à l'hôpital de Valence après avoir attrapé le Covid-19, "une cochonnerie" qu'il "ne souhaite à personne".

Entouré de kinés et professeurs de sport adapté, l'ancien cuisinier enchaîne à Dieulefit les séances de marche, vélo et gymnastique à raison de près de 3 heures par jour. Il dit déjà avoir repris deux kilos sur les sept perdus à l'hôpital. "Je fais aussi des mouvements dans ma chambre en plus, je me force", confie celui qui a hâte de retrouver son épouse à sa sortie.

Dans le centre cardio-respiratoire niché entre les collines de la Drôme provençale, les patients qui ont développé des formes graves de coronavirus restent en moyenne 25 jours.

"Au-delà c'est difficile, car ils se sentent survivants mais encore confinés", explique Frédéric Hérengt, l'un des deux médecins pneumologues de la structure. "Les meilleurs progrès se font dans les 10-15 premiers jours. Il s'agit que le patient puisse se lever, reprendre la marche, récupérer sa mobilité".

Fatia Khalfi a encore le souffle court et une toux sourde, signes perceptibles d'un séjour en réanimation à Montélimar après avoir contracté une pneumopathie liée à la maladie.

"Quand je suis sortie de l'hôpital, je ne pouvais pas marcher, je ne pouvais pas aller aux toilettes ou me laver le visage, je tombais...", relate d'une voix encore faible cette femme de ménage de 62 ans.

Première victoire: elle parvient désormais à faire quelques pas en s'appuyant contre un mur, même si le simple fait de "remonter la couverture" dans son lit l'épuise. "Je ne sais rien, je ne sais pas", répète-t-elle d'un air impuissant, lorsqu'elle est interrogée sur son séjour en réanimation et la manière dont elle a pu être contaminée.

- "Vous êtes une championne !" -
"Les patients qui ont eu la Covid peuvent avoir un stress post-traumatique avec des rêves de réanimation, ou au contraire des oublis de ce qui a pu s'y passer", constate Yara Al Chikhanie, doctorante en physiologie respiratoire à l'Université de Grenoble Alpes.

Affectée à Dieulefit Santé, elle accompagne les patients post-Covid tout au long de leur séjour sur place, en lien avec une psychologue. Un entretien a lieu à chaque entrée pour évaluer l'état psychique du patient.

Dans un long couloir de l'établissement équipé d'une rampe, Mme Al Chikhanie coordonne un test d'effort à la marche de six minutes d'une femme en surpoids dont le séjour s'achève. "Encore ?", demande-t-elle alors que la jeune médecin libanaise l'encourage sans cesse à aller au bout du temps requis. "C'est bien, bravo !", s'exclame la doctorante quand l'épreuve est enfin terminée, invitant la patiente à s'asseoir dans son fauteuil roulant.

A l'issue de la première vague, la jeune médecin libanaise a publié une étude démontrant que plus tôt les patients commencent leur rééducation pulmonaire après l'arrêt de la ventilation, meilleure et plus rapide s'en trouve leur récupération.

Autre motif d'espoir selon le Dr Hérengt: "le poumon a une capacité de cicatrisation et récupération exceptionnelle". Le risque redouté au début de la pandémie de fibrose pulmonaire, où l'organe continuerait à se dégrader après la phase aiguë de la maladie, est écarté.

Reste que pour revenir à sa condition d'avant, le chemin est long, et chaque petite avancée est une victoire. "Vous êtes une championne!", lance une kinésithérapeute respiratoire à une femme de 92 ans en pleine séance de spirométrie incitative au cours de laquelle elle inspire de toutes ses forces dans un tuyau.

Au bout, deux petites boules bleues s'élèvent, signes visibles d'une lente reconstruction.

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