Cantoin. Aveyron : "L’installation des jeunes agriculteurs hors cadre, notre cheval de bataille"

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  • Bastien Hibert, heureux, installé au milieu de ses aubracs, à Cantoin.
    Bastien Hibert, heureux, installé au milieu de ses aubracs, à Cantoin. oc
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Olivier Courtil

Ce type de transmission est incontournable pour assurer l’avenir du monde agricole.

L’arrivée de Bastien Hibert au village de Cantoin est la deuxième installation agricole en un an sur la commune. Une avancée lente mais significative sur la reprise d’installations agricoles par des jeunes, ce qui fait dire à Théophile Valentin-Assier, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du Nord-Aveyron : "On sent un frémissement. C’est trop tôt pour dire qu’il s’agit du confinement mais plutôt une prise de conscience des gens".

Une prise de conscience nécessaire voire vitale avec un tiers des exploitations sans repreneur d’ici une décennie. "C’est notre cheval de bataille", ajoute-t-il en ce sens. Bastien Hibert, âgé de 25 ans, en est un parfait étendard. Une installation toutefois facilitée du fait qu’il est fils d’agriculteur. En effet, sa famille est déjà installée sur l’Aubrac, à Saint-Rémy-de-Montpeyroux. "C’est un métier passion, j’ai toujours baigné dedans", résume-t-il en ce sens. Après des études agricoles et trois ans d’apprentissage, Bastien y élève 55 aubracs dont la moitié en croisement charolais, pour la coopérative Celia, produisant notamment des Fleurs d’Aubrac et du Bœuf fermier Aubrac (BFA).

Parrainage et aide financière

Pour ce faire, le bouche-à-oreille a suffi. Jean-Pierre Andrieu, le cédant, fut heureux de transmettre à un jeune et de voir son exploitation continuer à exister. Un parrainage grâce au Contrat emploi formation installation (Cefi) a permis à Bastien de mettre le pied à l’étrier pendant un an. Cette aide est financée par la Région ou Pôle Emploi. L’occasion de découvrir la ferme, son nouveau lieu de travail, et mettre en place son activité. En somme, de se projeter dans la réalité et de s’acclimater. " Il y a une bonne ambiance à Cantoin avec un comité des jeunes dynamique " glisse Bastien qui continue à jouer au rugby à Espalion et s’est mis au foot à Cantoin. " Il faut bien occuper le dimanche ! " En retour, le cédant a bénéficié d’une aide gratuite pendant cette durée avec la présence de Bastien pour l’épauler.

L’installation hors cadre familial étant incontournable pour perpétuer le modèle agricole, une dotation supplémentaire est accordée à ce dispositif à travers la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) financée par la Région. "Il faut aussi recentrer les étudiants agricoles, et pas seulement dans le para-agricole", estime aussi le responsable des JA du Nord-Aveyron. Inciter et recentrer. Revenir à l’essentiel. À la terre, à ce qui vient dans l’assiette. Il faut donc attirer de nouveaux disciples.

Parler avec le cœur

En ce sens, le premier podcast des JA est proposé ce vendredi lors d'un petit-déjeuner partagé avec un agriculteur. " C’est un moyen de toucher un public plus large, de se confier, de parler autrement, avec le cœur. "

Cela s’est vu, à 950 m d’altitude, en marchant avec Bastien Hibert, entouré de ses aubracs et d’un paysage vierge, sans nuisance sonore ni visuelle. "Le paradis n’est pas loin", sourit-il. Et d’ajouter, pour donner une autre raison de franchir le pas d’une vie agricole, en lien avec la nature et hors cadre familial : "On est son propre patron, il n’y a pas de routine, c’est la liberté". À le voir heureux au milieu de Jolie, Jonquille et autres Capitaine, au-delà de faire travailler sa mémoire en connaissant les noms de toutes ces aubracs, c’est surtout un parfait tableau du bien-être animal qui se dessine sous nos yeux. Le bien-être tout court.

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