CPAM de l'Aveyron : une chaîne d’entraide face à la contamination

Un afflux de travail considérable", résume Aymeric Seguinot. Le directeur de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de l’Aveyron a remobilisé depuis plusieurs semaines déjà les 180 personnels de l’institution pour faire face à la deuxième vague de Covid-19. Et ce, pour assurer un roulement au sein de la plateforme départementale de "contact tracing", c’est-à-dire la recherche de cas contacts à partir d’un "patient zéro", pour limiter la contamination à un minimum de personnes. Mobilisation et flexibilité des personnels Sous l’autorité de Chantal Hurtes, référente départementale du dispositif "contact tracing" au sein de la CPAM, "quinze personnes travaillent ainsi simultanément, sept jours sur sept de 8 h 30 à 17 h 30, explique Aymeric Seguinot. Soit 31 personnes au total qui assurent la permanence de la plateforme par roulement, avec l’aide de quatre CDD, des agents du service social de la Carsat et le renfort de la MSA et de ses quatre départements du nord Midi-Pyrénées. Le dispositif nécessite une grande mobilisation et une grande flexibilité des personnels, d’autant que toutes autres missions de la CPAM continuent à être assurées". Une mobilisation qui sait pouvoir compter sur un maillage régional, voire national, à travers une entraide gérée par la Caisse nationale d’assurance-maladie qui, en fonction du nombre de dossiers qui entrent chaque jour, détermine quelles sont les caisses locales qui peuvent venir en aide. "Nous avons été épaulés par toutes les caisses d’Occitanie, assure ainsi Chantal Hurtes. Sauf celles de l’Hérault, du Gard et de la Haute-Garonne qui avaient déjà fort à faire. En retour, selon nos possibilités, on a pu aider les caisses d’Auvergne Rhône-Alpes". 40 cas contacts parfois pour un patient La tâche est immense, elle doit de plus être rapide pour freiner au maximum le cheminement de la contamination. "Il n’est pas rare que quarante personnes aient été en contact avec un "patient zéro", soit autant de personnes à appeler pour les prévenir, les inciter à se faire tester et, si le test est positif, à s’isoler de leur entourage…". Une préconisation qui n’a rien, légalement, d’obligatoire mais qui sanitairement reste indispensable. "Depuis le printemps, la prise de conscience a évolué dans le bon sens, nous avons très peu de mauvaises réactions parmi les cas contacts, reprend Chantal Hurtes. Il faut dire que nos personnels au sein du dispositif parviennent à bien expliquer les enjeux avec un discours approprié et un accompagnement adapté. Les personnes ainsi informées qu’elles ont été en contact avec quelqu’un de contaminé sont volontaires pour suivre les consignes et demandeurs de précisions. De fait, nos conseillers remarquent que l’accueil de ce public est beaucoup plus bienveillant qu’au printemps". Cette relation résolument optimisée est le fruit d’une "osmose et une synergie" entre tous les conseillers, dont la mission est valorisée par cette action de prévention essentielle. Des maillons essentiels Les conseillers eux-mêmes ne cachent pas leur fierté d’être des maillons de premier plan d’une chaîne qui unit les médecins, pharmaciens (avec les tests antigéniques désormais), la CPAM, les établissements de santé (et les établissements scolaires qui travaillent eux aussi en amont sur les élèves cas contacts) et l’Agence régionale de santé qui prend en charge les clusters, ces contaminations en grand nombre sur un même lieu. "Nous avons eu il est vrai d’importants clusters dans les Ehpad. Il y a eu tellement de signalements que l’on a pris le relais de l’ARS, c’est la force de notre complémentarité", confie Aymeric Seguinot. Ce travail énorme accompli jusqu’alors marque-t-il le pas ? "On a eu un pic, on est en train de redescendre petit à petit, confirme le directeur de la CPAM. Avec le confinement on a un peu moins de cas contacts par patient positif. Mais les niveaux restent élevés et le virus continue de circuler. Quoi qu’il en soit, nous sommes armés pour y faire face". Virus : cette autre chaîne qu’il faut briser Faire vivre la chaîne d’entraide, c’est aussi briser celle de la contamination. Un site internet est dédié aux personnes révélées positives au coronavirus : www.briserlachaine.org permet en quelques minutes à des "patients zéro" de contacter les personnes croisées pendant leur période contagieuse. Un dispositif qui épaule celui de la CPAM dont le plus grand besoin aujourd’hui est "que les gens respectent les gestes barrières et le port du masque !", lance Chantal Hurtes qui recommande l’isolement des personnes contaminées "avec plateau-repas à la porte de la chambre au sein du foyer pour éviter de contaminer toute la famille".