Une campagne hivernale de tous les défis

  • Hubert, Eliette et Catherine et la présence bienveillante de Coluche.
    Hubert, Eliette et Catherine et la présence bienveillante de Coluche.
Publié le
aurélien marchand

L’association créée par Coluche en 1985 n’a jamais été aussi vitale en ces temps de crise.

Fidèles au poste et gonflés à bloc, la quarantaine de bénévoles (dont une dizaine de nouvelles têtes) se tient prête dans le local de la rue de la Saunerie, à Millau, à l’heure d’affronter les rigueurs de l’hiver jusqu’au mois de mars, pour la 36e campagne des Restos du cœur. Une petite annonce dans le journal aura donc suffi à ces recrues qui ne seront pas de trop pour permettre de constituer deux équipes une semaine sur deux et éviter toute désorganisation en cas de contamination au Covid.

"Nos bénévoles ont un certain âge et peuvent avoir des gens fragiles autour d’eux. Plusieurs ont dû se mettre en retrait ce qui ne les a pas empêchées de participer autrement", confie Catherine, bénévole au grand cœur. À l’inverse, des gens en télétravail ou privés d’emploi actuellement ont promis de venir prêter main-forte. "À voir des personnes galérer, d’autres ont pris conscience qu’il fallait aussi donner de son temps et venir aider. Il y a quand même du positif dans l’histoire", poursuit la bénévole.

20 % de bénéficiaires en plus

De la bonne volonté, il en faudra effectivement. Cet été, 250 familles soit 600 personnes environ étaient aidées à Millau (1 800 au niveau du département). L’hiver, les barèmes pour accéder à l’épicerie solidaire sont revus à la baisse (667 € par bénéficiaire). Sans compter la crise économique qui est passée par là. "À ce jour, on est à plus 20 % de bénéficiaires par rapport à l’année dernière en sachant que ça va encore augmenter car tout le monde ne s’est pas inscrit", souligne Sabine Renault, responsable départementale.

Une hausse de la précarisation qui s’explique par plusieurs facteurs : "la crise économique, de plus en plus de travailleurs pauvres, les emplois précaires, petites retraites… Il n’y a pas eu de petits boulots cet été et avec le confinement, il y a moins de travail au noir pour se débrouiller à joindre les deux bouts et certaines familles qui avaient un certain standing se retrouvent en difficulté financière." Quand d’autres frisent le désespoir. "On croise des gens en grande souffrance et en général tout s’additionne. L’aspect psychologique s’ajoute à la solitude car les gens ne se rencontrent plus à cause du Covid. C’est toujours compliqué d’entrer aux Restos du cœur. Les gens qui franchissent la porte sont vraiment au bout du rouleau et n’ont pas d’autre choix. Certains le cachent même à leur famille."

Il faut dire qu’avec les normes Covid, plus discussions autour d’un café, les gens viennent récupérer leur colis préparé en mode drive. La convivialité en a perdu un coup, en apparence seulement.

"Les gens sont très reconnaissants et nous remercient alors qu’ils nous donnent aussi beaucoup. Si on est là c’est que ça fait du bien aussi de voir les gens qui nous offrent un sourire. On ne fait pas que de la distribution, il y a un véritable échange et de la chaleur humaine qui se dégage de part et d’autre."

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