Montézic ; le pont suspendu de Phalip a 70 ans

Comment dans un endroit aussi sauvage la présence de deux ponts successifs perdure-t-elle depuis 1886 ? Il a fallu la ténacité et la patience des habitants du canton de Saint-Amans-des-Côts et plus particulièrement de la commune de Montézic pour y arriver.

Un premier pont en pierre a été bâti en 1886. De tout temps, les habitants du plateau de la Viadène ont eu à franchir ces profondes et inhospitalières gorges de la Truyère pour rejoindre le tribunal de Mur-de-Barrez ou pour faire le commerce de leurs récoltes et de leurs bêtes.

La traversée de la Truyère ne se faisait qu’en bac guidé et trop souvent, passants et bateliers furent engloutis sous les eaux. "Quand aurons-nous un pont ?" s’interrogeaient les habitants du pays.

Enfin, en 1886 un pont en pierres de granit taillées prend place au lieu de Phalip.

Le journal "L’Auvergnat de Paris" du 1er août 1886 fait le récit de son inauguration : "La Truyère est une assez large rivière, aux eaux très rapides, qui se jette dans le Lot à Entraygues. Elle sépare la Viadène du Carladès et a rendu jusqu’à ce jour toute communication presque impossible entre les deux contrées.

Un pont vient d’être bâti à Phalip où le désirait la commune de Montézic.

Un banquet de cent couverts sur le pont a inauguré ce superbe édifice, présidé par M. le sous-préfet d’Espalion, réunissant des conseillers généraux, des agents voyers, des maires, des journalistes, des instituteurs.

Au dessert, plusieurs discours furent prononcés. Au crépuscule, on entendait encore au loin le chant de la Marseillaise."

Pourquoi un pont suspendu

La construction du barrage de Couesque, à environ 7 km en aval, allait provoquer une importante montée des eaux et noyer le pont de Phalip existant. Il fallait donc construire un nouveau pont situé à un niveau plus élevé avec une portée supérieure d’où le choix d’un pont suspendu, plus économique dans cet environnement. Le chantier est lancé... Une visite faite le 13 juin 1950 constate que les ancrages, les pylônes et les câbles porteurs sont terminés et la mise en place des suspentes est en cours. Le 22 septembre 1950 ont eu lieu les dites "épreuves" réalisées sur le pont.

Pour ce faire, les surcharges ont été réalisées sur les trottoirs par une couche de sable, sur la chaussée par des camions chargés de sable dont 2 pesaient les 16 tonnes réglementaires de l’époque.

La réception définitive du pont de Phalip et de ses abords ne se fera que le 15 novembre 1951, alors que le pont était ouvert à la circulation depuis un an.

Depuis sa construction, le pont suspendu de Phalip est surveillé de près, entouré de soins attentifs et régulièrement entretenu. En 2006, il a subi d’importants travaux de maintenance et s’est habillé tout de vert se fondant dans son décor naturel.

L’ancien pont a été détruit

En 1980, la retenue d’eau de Couesque est appelée à baisser et l’ancien pont pourrait alors se trouver dénoyé durant certaines périodes et devenir dangereux.

La décision est donc prise de faire sauter à la dynamite les trois voûtes de cet ouvrage en profitant de la vidange de Couesque qui a lieu cette année-là.