Millau. "On a du mal à mettre du soleil dans nos chiffres"

  • Mylène Villard et Pierre Mahauden ne sont plus que deux au sein de l’agence de voyage. 	A. C.
    Mylène Villard et Pierre Mahauden ne sont plus que deux au sein de l’agence de voyage. A. C.
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aurore cros

L’agence Paysages et Destination, implantée à Saint-Affrique, est particulièrement impactée par la crise.

En début d’année, l’agence de voyages Paysages et Destination avait déjà observé une baisse d’activité sur l’Asie, "un secteur important à cette période" pour eux. Avec l’annonce du confinement en Chine, l’agence prend conscience de la gravité de la crise qui touche l’Italie et le reste de l’Europe. "On ne se doutait pas de l’ampleur que ça prendrait."

Le premier confinement entraîne alors pour eux un arrêt brutal de leur activité. Ils perdent alors deux salariés.

En mars et avril, Mylène Villard, la directrice passe trois semaines à renégocier les remboursements, les annulations en lien direct avec les ambassades. "Ca m’a pris des jours et des nuits entières avec les décalages horaires pour contacter les clients, que ça leur coûte le moins possible."

Trois semaines intenses où les aéroports ferment les uns après les autres. "On guettait un peu les annonces de fermetures. On programmait un vol qui passait par tel pays, avec telle compagnie, qui s’annulait au dernier moment. Il fallait toujours rebondir."

Même si dans l’été, l’agence de voyages a connu un léger regain, elle en registre depuis mars, une baisse de 94 % du chiffre d’affaires.

"En avril, on était à zéro, en mai rien, juillet c’est reparti un peu, en août, le chiffre monte à 3 000 €. En octobre, on est à 700 € de marge et novembre zéro", constate Pierre Mahauden, gérant de la boîte. Pour autant, avec Mylène, ils ne se démoralisent pas : "Je n’ai jamais rien abandonné, encore moins un client à l’étranger", sourit Mylène.

S’ils ont pu bénéficier des aides à 1 500 €, et de l’ouverture de l’aide allant jusqu’à 10 000 €, ils font face aussi à une complexité administrative : "Les seules aides concrètes qu’on a perçues étaient celles de l’État. La Région nous a dit qu’on ne rentrait pas dans leurs clous", regrettent-ils.

"On a un compte pour préserver l’argent de nos clients. Ils nous disent qu’on a déjà de l’argent dessus alors que cette trésorerie est fictive, elle ne nous appartient pas. On s’est vu refuser des aides car elles revenaient aux sociétés ayant perdu entre 40 et 60 % de leur chiffre d’affaires. Mais nous, on avait perdu 95 % donc forcément, on ne rentrait pas dans les clous."

Des difficultés de remboursements

Confinement ou non, cela ne changera pas grand-chose pour eux car "les gens ne veulent plus voyager". C’est au total, un an et demi de travail de perdu pour eux. "On bataille pour se faire rembourser auprès de fournisseurs." Des compagnies aériennes font parfois aussi la sourde oreille et tardent à payer. Mais la plupart de leurs clients, "s’en sont majoritairement bien sortis". Une crise qui leur a aussi permis d’anticiper et de créer de nouvelles closes. "Même si les gens ont des projets un peu éloignés dans le temps, on peut les étudier et les rassurer. On a renégocié tous les contrats d’assurance voyage."

Une agence indépendante

L’agence créée en 1988 organise des voyages scolaires, de particuliers, en famille, des voyages de noces, des croisières. "Les gens nous décrivent leur projet, ce qu’ils aimeraient voir dans leur voyage", explique Mylène Villard, directrice depuis 2004. Une proximité que l’on trouve difficilement sur internet. "J’ai déjà vendu des voyages sur internet. Si le client n’a pas lu les conditions générales de quinze pages écrites en petit, quand ça se passe mal, les virgules ne sont pas les mêmes", ajoute Pierre Mahauden, qui a rejoint la boîte l’an dernier. L’agence se veut indépendante et dit miser "sur la relation de confiance avec ses clients". Elle se base sur le réseau TourCom d’agences indépendantes qui les soutient en conseils juridiques.

Une centrale de paiement garantit les fonds de leurs clients chez les voyagistes qui se verront toujours remboursés à terme.

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