Le dessinateur villefranchois Blick pose "un autre regard sur des faits réels"

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  • Pas de photo personnelle mais un autoportrait dessiné, pas de nom et prénom mais un pseudonyme, voilà la double signature de l’artiste villefranchois Blick. Il vient de lancer sa première collection de "Carnet de faits".
    Pas de photo personnelle mais un autoportrait dessiné, pas de nom et prénom mais un pseudonyme, voilà la double signature de l’artiste villefranchois Blick. Il vient de lancer sa première collection de "Carnet de faits". repro cpa
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Rui Dos Santos

Installé désormais à Paris, après avoir, notamment, fréquenté l’école de cinéma de Lodz (Pologne), l’artiste vient de sortir "Carnet de faits", une collection qui rassemble bon nombre de ses croquis de voyage.

Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux...". Blick a décidé de faire sienne cette formule de Marcel Proust, écrite dans "La Prisonnière",

en 1923. Une phrase qui a donc bientôt un siècle mais qui n’a pas pris une ride pour le dessinateur né en février 1971 ("Poisson ascendant Neptune", selon son horoscope très personnel), à la clinique Saint-Alain de Villefranche-de-Rouergue. D’une mère née à Brandonnet et d’un père originaire, lui, de La Bastide-l’évêque. "Mes parents représentent les deux berges de la rivière Aveyron !", s’amuse volontiers celui qui ne fournit pas de photo d’identité mais un autoportrait dessiné, et qui se présente comme Blick quand il décline son identité. Pas de nom, pas de prénom ! "Voilà plus de trente ans que j’utilise mon pseudonyme d’artiste, explique-t-il. Je fais tout avec. à la banque, à la sécu, c’est Blick qui figure sur mes papiers officiels". Blick justement signifie "regard" en allemand. Voyageur ayant grandi en Camargue, où son père était ouvrier agricole dans les salins, lycéen à Lunel, passé ensuite par les Beaux-Arts ("Par hasard, pour l’ouverture d’esprit") de Montpellier puis de Rennes, étudiant à la faculté d’arts plastiques de Strasbourg, avant d’intégrer l’école de cinéma de Lodz en Pologne, après un crochet par Grenoble "pour du cinéma expérimental", il vit aujourd’hui à Paris. Pas pour très longtemps car il va déménager dans le Jura. Blick est un artiste migrateur et le dessin sa plume. Son dessin donne l’impression d’ailleurs d’être fait d’un seul trait. "Cette technique provient d’une pratique souterraine, explique-t-il. à une époque, je dessinais les gens du métro parisien. à cause des vibrations, j’ai appris à dessiner sans lever le stylo, sur une feuille plaquée sur la cuisse. Cet exercice m’a aussi forcé à synthétiser les détails. Depuis, je garde le charme inventif de cette forme linéaire".

Une collection de carnets est née

Enfant et adolescent, du côté d’Aigues Mortes, il n’était pas encore Blick mais avait été baptisé "le fou", "l’hurluberlu qui fait peur", "le poète", "le malade mental". Lui se savait "juste différent". Il aimait "dévorer les livres d’histoire", notamment ceux qu’il empruntait à son frère ainé. "Alors que mes parents se demandaient ce qu’ils allaient faire de moi, j’étais passionné par les petites histoires dans les faits divers, les contes et les légendes, ou encore le cinéma. Mais plutôt les films d’auteur". Blick était surtout très curieux. "Voyager, très loin ou au coin de sa rue, c’est être en quête de curiosités, lance-t-il, comme un leitmotiv. Elles apparaissent dès lors qu’on daigne les regarder. Même dans les endroits saturés de tourisme ou dans les recoins les plus moroses, je déniche des étincelles d’étonnance". Tout est dit !

Il a décidé de "propager cette expérience d’émerveillement face au quotidien", en publiant sa première collection de "Carnet de faits" (lire le détail ci-contre). "Je pense en faire quatre par an, pendant cinq ou six ans, assure l’intéressé. Les prochains parleront d’Azerbaïdjan, du Jura, de New York". Et l’Aveyron, c’est pour quand ? "Un jour peut-être, sourit-il. Ce n’est pas la distance qui compte mais bien la fraîcheur du regard. Je ne "réalise" pas des cartes postales idéales !".

Aussi beaux que des films

Ce monde peut-il encore nous enchanter ? à cette question, Blick répond en dessin. Lorsqu’une situation retient son regard, il sort de sa poche un carnet et crayonne. Sa main transfigure cet instant en une ligne singulière. L’artiste villefranchois a décidé de partager ses « aventures graphiques » en publiant une collection de carnets. La première collection « Carnet de faits » se compose de quatre titres. Il a lancé une campagne de précommande sur Kisskissbankbank. Mais, « Carnet de faits », c’est bien plus que de beaux dessins. C’est également une invitation à s’émerveiller. « Car, même au sein d’un quotidien morose, se cachent de secrètes incongruités », se réjouit ce maître du crayon.  Avec ses dessins aussi beaux que des films, Blick propose de « revisiter notre manière de regarder le monde ».
 

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