Florentin-la-Capelle. Gérard, un homme de la terre qui transmet le savoir de nos anciens

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  • Gérard près de sa Dauphine.
    Gérard près de sa Dauphine.
  • Séance de battage en 2018 chez Michèle et Gérard.
    Séance de battage en 2018 chez Michèle et Gérard.
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CORRESPONDANT

À la Capelle, entre les murs de granit d’une ferme typique du Nord Aveyron vit Gérard, un passionné, un amoureux du temps passé, un nostalgique des années 60-70 pendant lesquelles s’est déroulée son enfance, puis et sa jeunesse. Il a gardé un profond attachement pour la vie rurale d’alors ainsi que pour le matériel agricole de l’époque. Il affectionne également les véhicules de collection qu’il bichonne dès qu’il a un moment.

Il a conservé en lui de nombreux souvenirs champêtres. Déjà enfant, lors du battage, son père le faisait grimper sur la batteuse Breloux pour couper les liens des gerbes de blé. "J’aimais écouter le bruit de cette machine et j’appréciais l’ambiance chaleureuse de ces journées avec les voisins", dit-il. Il se rappelle de la javeleuse qui coupait le blé en le déposant en gerbes sur le sol, des femmes qui suivaient pour les lier. I l se souvient aussi des labours rythmés par le pas des vaches sillon après sillon. Au moment des fenaisons, il montait sur la râteleuse tirée par la jument, "mon père me faisait appuyer sur la pédale", dit-il. "Lorsqu’on binait les patates, c’est moi qui conduisais avec fierté cette jument".

Gérard se souvient également de la moto faucheuse, dont il ne garde pas un excellent souvenir ; dans les prés humides qu’on ne drainait pas à l’époque, elle s’enfonçait et le paysan avec... il n’était pas aisé de la ressortir.

Petit à petit, le progrès s’est immiscé dans nos campagnes, le premier tracteur de la ferme est arrivé en 1965, il s’agissait d’un Someca 312 et le gas-oil pour le nourrir coûtait 18 centimes de francs le litre à ce moment-là.

"Ma première voiture était une Simca 1 300 dans laquelle un soir on est partis à 8 copains au bal à Huparlac", dit Gérard "mais mon véhicule préféré a été la R12, on a fait les fous avec cette voiture ! Ça marchait bien, c’est avec cette voiture qu’on s’est mariés avec Michèle, mon épouse. À l’occasion j’aime bien restaurer une de ces vieilles guimbardes".

"Pour les merveilleux souvenirs que j’en ai et pour pouvoir transmettre les traditions agricoles de jadis, j’ai gardé le matériel de mon père, j’en récupère d’autre de temps à autre par le biais d’internet ou du bouche-à-oreille. Je fais moi-même les réparations et l’entretien, je tiens à tout garder en état de marche".

Tous les ans, Gérard et Michèle organisent une séance de battage comme autrefois et exposent leurs machines anciennes. Ce moment est très convivial comme il l’était il y a plus de 50 ans et très apprécié de tous les participants de tout âge qui viennent pour revoir ou découvrir. Ce jour-là Gérard se replonge avec délice dans cette époque qu’il a tant aimé où "le travail était moins facile qu’à présent mais où on savait prendre du temps et faire la fête", dit-il avec nostalgie.

Tout comme les écrivains régionaux nous font revivre le passé en s’appliquant à relater les souvenirs ancestraux de notre monde rural, quelques rares personnes comme Gérard s’appliquent à cultiver le savoir-faire hérité de leurs aïeuls pour nous le transmettre en direct.

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