Estaing : les habitants gardent un souvenir ému de Valéry Giscard d'Estaing

  • Nathalie Couseran, la nouvelle maire et Jean Pradalier, son prédécesseur, ont côtoyé l’ancien président. 	J.-A. T.
    Nathalie Couseran, la nouvelle maire et Jean Pradalier, son prédécesseur, ont côtoyé l’ancien président. J.-A. T. JAT
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Guilhem Richaud

L’ancien président venait plusieurs fois par an à Estaing où " il aimait échanger et aller à la rencontre " de ses habitants. 

Le ciel crachait une pluie bien fraîche jeudi matin sur le village d’Estaing. De quoi refroidir un peu les envies de balade des habitants le long du Lot. Confinement oblige, les restaurants sont fermés, mais il reste encore La Poste, la boulangerie, la petite épicerie et la pharmacie pour accueillir le public. Depuis tôt le matin, les habitants regardent d’un air amusé le ballet des journalistes. Dans son petit bureau au sein de la mairie-poste, Nathalie Couseran enchaîne les interviews avec la télé, la radio et la presse écrite. Le temps de quelques heures, sa commune est devenue le centre de la France. La maire a eu régulièrement l’occasion de croiser l’ancien président. Elle n’en garde que des bons souvenirs. "Estaing est orphelin aujourd’hui, confie-t-elle. On a eu la chance de le rencontrer régulièrement. Chaque année, il venait à la procession de la Saint-Fleuret (début juillet, NDLR), aux Journées du patrimoine, et quelques fois de manière impromptue. C’était vraiment un homme très simple. Il aimait la discussion, échanger et aller à la rencontre des Estagnols. On le voyait souvent se promener dans le village. Il aimait aussi beaucoup aller manger dans les restaurants des communes aux alentours ou visiter d’autres châteaux."

Car le Giscard que les habitants d’Estaing connaissent est très différente de l’image du châtelain un peu hautain et éloigné du peuple qu’une bonne partie des Français avait de lui. "Il était toujours très accessible quand il venait ici, raconte Maryse. C’est d’ailleurs plutôt nous qui avions peur de le déranger. Mais dès qu’il sortait de chez lui, il n’hésitait pas à venir vers nous." Et accueillait les habitants, chaque année aux journées du patrimoine, pour la visite du château, qu’il assurait régulièrement lui-même. Un moment, qui selon André, le rendait particulièrement joyeux. "Il avait toujours le sourire, assure-t-il. ça tranchait vraiment avec la froideur qu’on lui prêtait."

Tout le monde, dans le village, est persuadé que sont attachement à la commune est véridique. En témoignent les énormes investissements pour la rénovation du château, mais aussi son implication lors des événements majeurs de l’histoire récente d’Estaing. "En 2013, nous l’avions invité pour l’inauguration du quai Amiral-d’Estaing et de la place François-Anat, se remémore Yves Palobart. Il avait alors prononcé un discours très brillant. Il m’avait impressionné par sa hauteur d’esprit."

Un hommage après la Covid

Exceptionnellement cette année, "VGE" n’était pas venu pour la fête du village en juillet. Mais il s’était accordé quelques jours de repos dans son appartement à l’intérieur du château au 15 août. Ce jour-là, il avait assisté à la messe dans l’église avec sa femme. Il s’était assis au troisième rang, celui qui lui était toujours réservé. "À la fin de la messe, je l’ai vu repartir en tenant le bras de sa femme, se souvient une habitante. Il avait l’air en forme, mais vu son âge, j’ai eu le pressentiment qu’on ne le reverrait pas." En effet, il n’y a pas eu de Journées du patrimoine cette année. Et dans la foulée, l’ancien président est tombé malade de la Covid. Avant de décéder donc mercredi soir, brisant ainsi le cœur des habitants d’Estaing qui l’aimaient tant. Nathalie Couseran envisage déjà, quand les contraintes liées au confinement auront pris fin, d’organiser quelque chose en son honneur. La Saint-Fleuret 2021 aura forcément une saveur particulière et certains voudraient déjà qu’une place du village prenne son nom. Pour ça il faudra attendre un peu. Et voir ce que sa famille en pense. Fermé l’hiver, le château a gardé ses portes closes jeudi. Les habitants auraient aimé pouvoir aller sur place pour lui rendre hommage, mais la fondation qui le gère a préféré attendre. Ce sera pour plus tard.