Rodez. Diabologum, ou quand le rock toulousain était situationniste
Le groupe culte des années 90 ressort ses premiers albums en un seul. Le Ruthénois Cisco Esteves l'a bien connu, et même au-delà...
"Si notre jeunesse était un art, seul Diabologum en avait trouvé la formule", dit la presse à la réédition des premiers albums sortis en 1993 et 1994 d’un groupe culte et au final influenceur, vénéré par des groupes comme Noir Désir et dont les héritiers sont nombreux, comme Fauve. Et Télérama le présente ainsi : "Groupe abrasif des années 1990 qui cite aussi bien Sonic Youth et Fugazi que Jean Eustache et Guy Debord". Vaste programme.
Diabologum, c’est trois garçons et une fille dans le vent d’Autan, qui a apporté une nouvelle énergie et une nouvelle écriture à la musique rock, voire hip-hop.
D’abord expérimental, la musique de Diabologum, sorte de fourre-tout où l’on pouvait entendre en vrai toutes ses influences, a évolué jusqu’à devenir "du rock indépendant et spoken word ", dit le beatmaker ruthénois Cisco Esteves, qui a rejoint la "nébuleuse Diabologum" avec sa propre formation aveyronnaise Téléfax, alors que le groupe toulousain, lui, s’apprête bientôt à se séparer, ce qu’il fera en 1998 après un dernier concert... à New York s’il vous plaît. Les deux auteurs de Diabologum allaient prendre chacun une voie parallèle, Arnaud Michniak fondant Programme et Michel Cloup créant Expérience... en compagnie de Cisco Esteves, une aventure qui tiendra une dizaine d’années.
Cisco revient sur Diabologum et sa musique : "À l’époque, je traînais avec Téléfax du côté du label Lithium, qui produisait Diabologum et d’autres, comme Dominique A." Pour lui, Diabologum " a été le premier groupe de slam français, et même de spoken word, sur une musique rock et pop. Ça a explosé tous les codes de la musique en France, notamment avec l’album #3 ".
Ce phrasé parlé sur de la musique pop-rock sera aussi le terreau des groupes de Michniak ou de Cloup. Et le tout pour dire quelque chose et pas n’importe quoi. "Diabologum était influencé par les situationnistes de 1968 comme Guy Debord, commente Cisco. Le discours était inspiré de ça, et on était tous dans la même logique engagée, philosophique et politique... D’ailleurs j’y suis encore..."
Quelques titres emblématiques de Diabologum claquent comme autant d’étendards de ce rock situationniste comme "L’art est dans la rue", "Les garçons ont toujours raison", et une attitude de jeunes intellos impliqués mais pas appliqués, aussi sérieux que joueurs, pour un univers qui déroute autant qu’il envoûte. A redécouvrir.
"La jeunesse est un art", double CD (ou triple vynil) chez Ici d’Ailleurs.
À l’usine !
Michel Cloup a poursuivi sa carrière en plus ou moins solo depuis 2011 et vient de sortir ce mois-ci son sixième album, "A la ligne", riche de 17 "chansons d’usine" construites à partir du roman deJoseph Ponthus, "A la ligne", paru aux éditions de la Table ronde. L’ancien Diabologum est entouré là de Pascal Bouaziz et Julien Rufié. Les trames rock hypnotiques de Cloup façon travail à la chaîne...
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