Villefranche-de-Rouergue. Villefranche : la distillerie de Saint-Igest bientôt centenaire
La coopérative a été créée le 15 septembre 1922. Les alambics ont quitté le cœur du village en 1997 pour s’installer au-dessus du bourg. Aujourd’hui, la distillation des fruits revient en vogue auprès des jeunes générations.
Cent ans. Un âge canonique qui sera bientôt celui de la coopérative de distillation de Saint-Igest. Cette institution a été créée le 15 septembre 1922 par l’abbé Basile Bourdoncle, curé de Saint-Igest, qui cherchait des fonds pour faire bâtir une église. Et depuis, l’aventure dure. Chaque automne et chaque hiver (la campagne de distillation s’échelonne du 2 novembre à la fin avril), l’eau-de-vie coule. De prune, de poire, de marc de raisin (encore un peu), de coing ou de cerise (plus rare). La tradition de "faire sa gnole" perdure. Dans deux ans, on lèvera le verre à la centenaire.
Cette coopérative est unique en son genre. "Nous fonctionnons comme une association", explique son président, Jean-Paul Fayret. Celui qui veut faire distiller (le bouilleur de cru) doit prendre une carte d’adhérent. "À une époque, nous en avions 400", se souvient Jean-Paul Fayret. C’était du temps de son père, René, qui a assuré la présidence de la coopérative pendant trois décennies (Jean-François Marty lui avait succédé avant de laisser la place à l’actuel président).
René Fayret était l’emblème de cette coopérative. "C’est lui qui m’a recruté", confie Patrick Allemand, le distillateur qui entame sa dixième campagne.
Sans privilège
Patrick Allemand veut d’abord tordre le cou à une idée répandue. "Tout le monde a le droit de distiller sa récolte de fruits." Ce qui s’éteint petit à petit, au fil de la disparition de nos aînés, c’est le privilège, c’est-à-dire l’exonération des taxes. Un privilège dont la transmission a été interdite par une ordonnance du 30 août 1960 aux descendants immédiats (les enfants), mais pas aux conjoints. Alors à combien s’élèvent ces taxes ? Finalement, elles sont assez réduites. À la coopérative de Saint-Igest, il en coûte, avec la façon, 9 € le litre, contre 4,20 € pour celui qui bénéficie du privilège (cette franchise de droits ne vaut que pour sa consommation personnelle).
D’ailleurs, Patrick Allemand constate un renouvellement des bouilleurs de cru, qui viennent de toute une large région (Aveyron, Lot, Cantal et même Pays basque). "Il y a des jeunes de 30 ans qui distillent les fruits qu’ils ont récoltés au pied de leur maison. Ils se situent dans une autre démarche que les anciens. Pour eux ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Le plaisir d’avoir un produit naturel." Un retour aux sources de plus en plus prisé. C’est pour répondre à cette demande que la coopérative veut investir dans un alambic plus petit que les deux qu’elle possède (lire ci-contre).
Méthode ancestrale gage de qualité
"À Saint-Igest, notre méthode de distillation est ancestrale", assure Patrick Allemand. Un gage de qualité, aujourd’hui recherchée. À son savoir-faire, le distillateur ajoute ses conseils. "Si vous voulez faire vieillir votre eau-de-vie pendant 30 ans, où l’utiliser pour des préparations comme le ratafia, il faut la sortir à 51°-52°. Par contre, si vous voulez la consommer (avec modération) plus tôt, à 45°, cela suffit. Elle est alors aromatique et agréable à boire."
Pour les cent ans de la distillerie, nul doute que ce sera une vieille bouteille qui sera sortie !
Un appel aux dons
Au cours de sa vie de presque centenaire, la coopérative de distillation de Saint-Igest a toujours réussi à évoluer et à se moderniser en fonction des attentes de ses utilisateurs. Aujourd’hui l’objectif est d’investir dans un alambic de 150 litres, afin de répondre aux demandes des bouilleurs de cru nouvelle génération. Une dépense de l’ordre de 5 000 à 6 000 €.
Pour financer cet investissement, la distillerie a besoin de l’aide de ses adhérents mais aussi de toute personne qui pense que "produire local avec un outil de qualité et créer de l’emploi est indispensable à l’économie du territoire". Une collecte participative a été lancée pour financer cette acquisition. Vous pouvez déposer vos dons directement auprès du distillateur, Patrick Allemand (Tél.: 06 35 94 79 20), ou à la mairie de Saint-Igest.
Ironie de l’histoire. En 1922, la coopérative avait été créée pour récupérer des fonds afin de financer la construction de l’église du village. Aujourd’hui, c’est elle qui sollicite de l’aide. Un autre temps.
La distillerie fonctionne avec deux alambics chauffés au bois de chêne
La distillerie a quitté en 1997 la place du village de Saint-Igest (face au presbytère), pour s’installer au-dessus du bourg, au Causse, dans un bâtiment neuf construit contre les vestiaires des footballeurs. Aujourd’hui, il n’y a plus d’équipe et l’aire de jeu est devenue un lotissement. Les alambics, eux, sont toujours là. "La mairie a fourni la parcelle et les matériaux et les travaux ont été réalisés par les bénévoles", rapporte Patrick Roux, qui a exercé plusieurs mandats de maire de la commune (il est toujours conseiller municipal). Au fronton du nouveau bâtiment, les constructeurs n’ont pas oublié de faire figurer l’année de la création de la coopérative, 1922. La distillerie fonctionne avec deux alambics de 300 litres, qui sont chauffés au bois (du chêne du Causse).
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