Aveyron : les usagers prennent en main la défense du train

  • Le train de nuit Rodez-Paris est actuellement en service dégradé.
    Le train de nuit Rodez-Paris est actuellement en service dégradé. Archives J.-A. T.
Publié le
Guilhem Richaud

Depuis quelques années, plusieurs comptes créés par des voyageurs prennent le relais de la SNCF pour donner de l’information sur les lignes aveyronnaises.

 

Il aime ce train et veut absolument le défendre. Depuis environ deux ans maintenant, Laurent Mazet alimente, de façon très régulière une page Facebook consacrée à la ligne Rodez-Paris. Appelée Train de nuit Paris/Rodez, elle lui permet d’informer ses abonnés de l’actualité de la ligne. " Je l’ai lancée car j’ai constaté des dysfonctionnements sur la ligne, détaille-t-il. L’objectif est de répondre à la demande des usagers. Je souhaite donner des informations aux passagers et répondre à leurs interrogations quand il y a des difficultés. " Avec en ligne de mire le constat que la SNCF ne répond plus assez aux sollicitations des particuliers en mal d’informations. " Pour moi, l’objectif est de démontrer qu’il y a un réel attachement au train de nuit, mais aussi répondre aux interrogations des utilisateurs. "

Car justement, Laurent Mazet, qui vit dans le Lot, est un grand connaisseur du sujet. Fonctionnaire à Paris, il prend la ligne très souvent et se sent donc tout légitime, pour témoigner de son utilité. " Elle semble nécessaire et est indispensable à l’aménagement du territoire, reprend-il. On a besoin de ce train de nuit quand on est à Rodez ou à Figeac. Ce sont des territoires enclavés. Il nous le faut pour nous amener à la capitale sinon on est loin de tout. Et pareil dans l’autre sens, c’est l’occasion de relier Paris à nos départements. C’est absolument nécessaire." Alors au fil des temps, il a réussi à se faire un réseau de contacts chez les cheminots, qui l’alimentent en informations, mais aussi avec la direction des Intercités, à Paris, qui répond à ses sollicitations quand il a besoin.

Un atout touristique

Dans les prochaines semaines, Laurent Mazet va créer un compte Twitter. Celui-ci viendra rejoindre un autre compte de défense des lignes aveyronnaises. Il s’agit de celui du train Aubrac. Derrière le pseudo @Train_Aubrac, c’est un étudiant en droit de 20 ans qui se cache. Antoine Levesque vit à Paris, mais il est tombé amoureux de cette ligne très jeune. "J’ai des attaches dans la Région et je viens en vacances depuis mon enfance, détaille-t-il. Je suis un usager depuis toujours. Encore aujourd’hui, dès que je peux, je l’utilise." L’idée de créer ce compte date de 2016. Cette année-là, il intègre le comité pluraliste de soutien de cette ligne qui relie Béziers, dans l’Hérault à Neussargues, dans le Cantal, via, donc, Millau et Sévérac-le-Château. Une structure qui milite depuis 25 ans pour la sauvegarde de ce train, jugé nécessaire pour l’équilibre du territoire, mais en perpétuel sursis. Il est aussi le créateur de l’association des Amis du viaduc de Garabit, l’un des hauts lieux patrimoniaux par lequel passe le train Aubrac. "L’objectif de ce compte, qui est désormais couplé à un site internet, est d’informer au mieux les usagers, reprend-il. Je suis en relation constante avec des acteurs locaux à la SNCF. On se rend compte que chez eux, la diffusion de l’information n’est pas toujours claire et qu’il y a des choses qui sont perfectibles."

Des échanges avec la SNCF

Avec pour exemple récent, la suspension de la ligne sur le tronçon aveyronnais, il y a quelques jours, et son remplacement par des cars, qui n’a pas été communiqué aux usagers autrement que par une petite note sur le site internet lors des réservations de billet. "On navigue un peu à vue avec ce train, souffle le jeune homme. Mais on se bat pour que la ligne soit maintenue durablement. On ne peut plus se permettre qu’elle soit en perpétuel sursis." Alors les réseaux sociaux sont un moyen de relayer toutes les informations autour de la ligne, mais aussi d’en faire sa promotion touristique, ou encore d’interpeller et d’échanger avec les élus locaux, acteurs majeurs des négociations actuelles entre la Région et la SNCF pour l’avenir de l’Aubrac. Et ceux-ci, selon Antoine Levesque, sont assez sensibles à la démarche. "C’est la bonne nouvelle actuelle, assure-t-il. De plus en plus de collectivités concernées par la ligne prennent des motions pour défendre ce train. Je les relaie sur le site internet et la page Twitter, cela permet de faire tache d’huile." Jointe par nos soins, la SNCF a bien compris l’intérêt de ces comptes et même s’ils sont parfois le terreau de critiques légitimes, elle les voit aussi comme des partenaires de communication. Au-delà de la diffusion des informations, elle a participé à la création d’une brochure de promotion en partenariat avec @Train_Aubrac en 2017. Parce que les usagers sont bien les meilleurs promoteurs d’un outil qu’ils apprécient.

En chiffres

828 abonnés pour la page Facebook Train de nuit Paris/Rodez.
1 440 abonnés pour la page Twitter @Train_Aubrac et 566 sur la page Facebook.
1 217 abonnés pour la page Facebook Ligne Béziers Neussargues.

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