Espalion, étape majeure du chemin de Compostelle

Abonnés
  • À Espalion le pèlerin longela rive gauche du Loten direction de Bessuéjouls.
    À Espalion le pèlerin longela rive gauche du Loten direction de Bessuéjouls.
Publié le
CORRESPONDANT

Même en cette année particulière où les pèlerins se sont fait beaucoup moins nombreux, le phénomène reste important pour la ville.

Vers le milieu du IXe siècle, une rumeur venue d’Espagne commença à parcourir la chrétienté. Au fond de la Galice, quelque part sur la côte Cantabrique, un ermite avait découvert le tombeau de Saint-Jacques le Majeur. Au fil des ans la légende enfla et les pèlerins commencèrent à affluer pour venir vénérer les reliques de l’apôtre.

Au cours du Xe siècle le pèlerinage s’organisa autour de quatre routes principales tracées à partir de quatre points de concentration qui drainaient les pèlerins venus de toute l’Europe : Tours, Vézelay, Le Puy-en-Velay et Saint-Gilles formant le Chemin de Compostelle "ou Camino Francès". De reliques en reliques, de basiliques et gîtes d’étape, à travers mille périls, les "Jacquaires" se mirent à traverser les Pyrénées toujours plus nombreux.

La via Podensis

Espalion se trouvait sur la route partant du Puy, "la via Podensis" qui, en passant par l’Aubrac, Conques et Moissac, rejoignait à Ostalbat les routes de Tours et de Vézelay avant de franchir les ports pyrénéens. Cette voie fut utilisée dès le milieu du Xe siècle où en 961, Raymond II, conte du Rouergue, mourut assassiné au cours de son pèlerinage.

Les pèlerins qui dès le mois d’avril se concentraient au Puy devaient, peu après le début du voyage, faire face à un obstacle aussi dangereux que les Pyrénées : la traversée de l’Aubrac. Ce tronçon était redouté, surtout par temps de neige lorsque se levait l’Ecir, un vent lugubre et glacé provoquant la tourmente qui en quelques minutes pouvait effacer les chemins. Nombre de pèlerins y sont morts de froid ou d’épuisement après s’être égarés, sans parler des brigands ou des loups.

Au début du XIIe siècle la situation s’améliora lorsque Adalard fonda l’hôpital d’Aubrac. Ses chevaliers permirent de sécuriser le secteur tandis que la "cloche des perdus" sonnant par temps de brouillard sauva d’une mort certaine nombre de pèlerins égarés.

Les ordres des moines soldats

Au XIIe siècle l’aventure des croisades fit apparaître de nouveaux acteurs sur le chemin : les ordres de moines soldats. Templiers, hospitaliers, chevaliers teutoniques ou de Saint-Lazare rivalisèrent d’ardeur pour assurer la sécurité des pèlerins et… la gestion de leurs finances. Entre le Puy et Conques, les chevaliers d’Aubrac sécurisèrent la montagne tandis que dans la vallée s’installaient les templiers et les cisterciens de Bonneval qui, sans changer la nature du pèlerinage, allaient néanmoins en modifier le tracé.

Les pèlerins venant d’Aubrac ne descendaient plus sur Saint-Côme, mais bifurquaient vers la Bastide pour atteindre Bonneval par Auriech et Canto Messo. Ils regagnaient la vallée par les gorges de la Boralde, passaient à Flaujac, à la commanderie d’Espalion avant de continuer vers Estaing où ils franchissaient le Lot. Au XVIe siècle les guerres de religion portèrent de sérieux coups au pèlerinage d’autant que sous l’habit du pèlerin se cachaient souvent voleurs, vagabonds et autres personnages de sac et de corde, ce qui leur valut le surnom ironique de coquillards. Aujourd’hui nombre de pèlerins venus du monde entier passent toujours par Espalion. En suivant le GR 65 ils arrivent généralement par le petit pont de Perse avant de faire halte dans les nombreux gîtes, chambres d’hôtes ou hôtels à leur disposition.

Sources : guide du patrimoine d’Espalion de J-P. Noisier.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?