Gaétan Pottier : en Guyane, "comme un poisson dans l’eau"
Natif de Saint-Rome du Tarn, le sud-aveyronnais parcourt les zones subtropicales pour étudier les intéractions entre les espèces et leurs milieux. "Un métier passion" que nous dévoile l’ingénieur écologue, ischtyologue de son état et grand passionné de nature.
Il aurait pu se contenter de taquiner les truites du Tarn. Il a préféré les étudier. Spécialiste de la faune aquatique, Gaétan Pottier ne le cache pas, il est amoureux de nature, d’écologie. Son parcours ne dit pas autre chose. Avec une licence en écologie à Albi et un double master en hydrobiologie à Clermont-Ferrand et en gestion de la biodiversité à Toulouse, l’Aveyronnais fait aujourd’hui référence dans le petit monde de la recherche. Ischtyologue junior, il s’est fait spécialiste de la pêche électrique. Cette pêche d’exploration qui permet aux scientifiques de prendre le pouls de la faune halieutique ; en France mais surtout à l’étranger, là où la pression urbanistique met à mal le frêle équilibre de la biodiversité. De retour de Guyane où il a passé quinze jours "dans des conditions très éloignées du confort moderne", le natif de Saint-Rome-de-Tarn apprécie les premiers flocons de l’hiver aveyronnais. Loin en effet de l’hostilité de la jungle guyanaise et de ses pluies torrentielles, "assez insolites pour la période". "Ça n’a pas été simple", confirme l’ingénieur. "Nous sommes confrontés à la très basse conductivité de ces rivières. À titre d’exemple, l’eau du robinet est à 500 microsiemens, l’unité de mesure de conductance électrique, alors que là-bas, on atteint péniblement 40 microsiemens. On a quasiment à faire à de l’eau extra-pure, qui est un super-isolant." Pas facile dans ces conditions de créer un champ électrique susceptible d’étourdir temporairement le poisson. Heureusement pour l’équipe présente sur site, l’Aveyronnais est un des quelques spécialistes au monde à faire de la dispersion du champ électrique dans l’eau son domaine d’expertise.
Homme de terrain
Suivi des populations, étude d’impact – "par exemple d’un barrage sur la faune piscicole" – ou parcours de migration des crevettes d’eau douce en Guadeloupe… les missions s’enchaînent pour l’écologue qui passe aussi beaucoup de temps – sans conteste la majorité – à compiler les données récoltées pour en tirer des variables exploitables.
Un travail de fourmi qu’il apprécie aussi, ne serait-ce que pour valoriser pleinement le volet naturaliste de son job. "Quand on choisit l’écologie, c’est évidemment pour être sur le terrain. Mais j’aime aussi beaucoup les mathématiques. ça aide !"
Et force est de le constater, le terrain change. "J’ai encore peu de recul sur les Antilles, mais on constate bien entendu des évolutions. Même à petite échelle. Quelques espèces tendent à disparaître quand d’autres prolifèrent. En Martinique, on a relevé la présence de deux espèces exotiques invasives. Ce qui n’est déjà pas une bonne nouvelle. Mais deux ans plus tard, on a pu constater qu’elles avaient fait des petits." Le tout au détriment des espèces indigènes qui supportent souvent très mal la compétition. Un exemple de plus de l’utilité du travail de l’écologue, témoin minutieux d’un monde trop souvent ignoré.
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