Villefranche-de-Rouergue. La préfète dans les mailles de Sophie Cépière

  • Valérie Michel-Moreaux a visité l’entreprise de confection haut de gamme installée dans la zone artisanale de Marcouly, à Maleville.
    Valérie Michel-Moreaux a visité l’entreprise de confection haut de gamme installée dans la zone artisanale de Marcouly, à Maleville. Photo MCB
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Valérie Michel-Moreaux a visité l’entreprise de confection haut de gamme installée dans la zone artisanale de Marcouly, à Maleville.

Sophie Cépière a laissé parler son cœur face à la préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreaux, guidée vers son entreprise de confection haut de gamme de Maleville par la députée Anne Blanc et accompagnée par la maire de la commune, Fabienne Salesses.

Comme de nombreuses entreprises, Sophie Cépière a pris de plein fouet la crise économique due aux deux confinements. "On a perdu 80 % sur la vente en gros et 50 % à la boutique de détail. On a raté la saison d’été, avec les boutiques fermées tous nos revendeurs ont annulé les commandes. Et lors de la seconde période critique, il n’y a eu aucun réassortiment et les gens ont tardé à ressortir", explique la chef d’entreprise. Elle s’était donc lancé dans la production de surblouses pour le milieu hospitalier qui n’a pas fonctionné. En revanche, "sans les masques on serait mort", lance-t-elle, car de nombreuses municipalités et entreprises de Villefranche-de-Rouergue mais aussi de Toulouse ou Béziers lui en ont commandé. "ça nous a sauvé la peau !", même si actuellement le soufflé est retombé.

Remise en question

Quoi qu’il en soit, "cette période va nous obliger à nous remettre en question, à réinventer un monde et une mode meilleure." Les matériaux nobles qu’elle travaille, tels que le lin et la pure laine, collent à cet esprit de fabrication naturelle et française qu’elle cultive depuis toujours et qui attirent maintenant tous les regards dont celui du monde de la mode. "Mon idée est d’arrêter de fonctionner dans les carcans de la mode où on doit produire une collection un an à l’avance. Ce rythme était infernal". Forte de cette toute dernière expérience dans la douleur, Sophie Cépière a décidé de "développer la vente en ligne en créant principalement une ligne de pulls et de vestes avec des prix plus accessibles mais sans baisser la qualité". Elle se veut aussi davantage à l’écoute des attentes de ses clientes dans sa boutique laboratoire où elle observe les silhouettes. Elle se veut aussi encore plus réactive envers ses revendeurs, disséminés en France et Belgique, au lieu d’être esclave des diktats de ce monde de la mode dans lequel elle ne se reconnaît plus. "Il faut que ça change, il faut revenir à l’essentiel".

Sophie Cépière a l’habitude des défis. Cela fait sept générations que sa famille est dans le tissu et la confection. Cela a bien failli tourner court lorsque sa maman, Maryse, est décédée en 2002. L’entreprise était alors à Ambeyrac, comptait une soixantaine de salariés, près de 300 revendeurs, de nombreux commerciaux. "Mais le chiffre d’affaires subissait déjà de sérieux à-coups, de gros impayés s’amoncelaient, la famille partait en vrille et puis j’étais affaiblie par la disparition de ma mère avec qui j’étais très fusionnelle…" Tout cela a fini de dévider la bobine d’une belle histoire…

Passion et soutien

C’était sans compter sans la passion de Sophie Cépière, le soutien indéfectible de son mari, Ghislain Pissavy, à ses côtés depuis qu’ils ont seize ans et se sont rencontrés sur les bancs d’une école de comptabilité à Aurillac, et l’affection de leurs trois enfants. "On avait tout perdu sauf le savoir-faire que je veux absolument faire perdurer et transmettre. On est reparti de zéro, à Ambeyrac, en 2008, et puis, après avoir racheté nos propres machines, on s’est installé à Maleville en 2012". Aujourd’hui le couple travaille ensemble et l’entreprise compte aussi deux salariés, une commerciale et une personne pour le Net.

Sophie Cépière a 50 000 idées à la seconde. Dès qu’elle touche des mailles, qu’elle sent les textures, elle a l’idée de modèles mais se borne à ne pas dépasser les 70 par an. Je veux habiller toutes les femmes, de tous les styles. Je crée pour libérer la femme. Je veux qu’elle se sente bien, qu’elle ose se trouver belle. Mais, même si elle a des projets avec Rauba, la marque villefranchoise de Paul Portal, avec la styliste Agnès B. ou encore avec Germaine des Près, elle confie : "Ma souffrance vient de ce qu’on n’est pas assez reconnu". "Je suis là", a répondu la préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreaux. "Il faut garder nos savoir-faire et les promouvoir, surtout au niveau du textile".

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