Bosch : une étude fragilise encore un peu plus le site d' Onet-le-Château

Abonnés
  • L'usine Bosch emploie environ 1300 salariés.
    L'usine Bosch emploie environ 1300 salariés. Archives Centre Presse - José A. Torres
Publié le

L’État a dévoilé ce mercredi à Paris les résultats de son étude sur les niveaux de pollution des véhicules Diesel.

C’est un nouveau coup dur pour les salariés de l’usine Bosch d’Onet-le-Château. Depuis plus d’un an, la direction, le personnel, mais aussi les élus locaux attendaient les résultats d’une étude sur les niveaux de pollution des véhicules Diesel commandée par l’Etat à l’été 2019.

Une technologie dans laquelle l’usine aveyronnaise est spécialisée et qui, depuis quelques années, n’a plus vraiment le vent en poupe. Avec pour conséquences de nombreuses réductions d’effectifs successives dans une entreprise qui ne compte aujourd’hui plus qu’environ 1 300 salariés.

La direction a confirmé en novembre que le site était en danger

Pire, depuis quelques semaines, la direction allemande de Bosch a bien confirmé qu’une des options pourrait bien être la fermeture pure et simple du site. Alors c’est forcément fébriles que les acteurs aveyronnais attendaient l’étude de comparaison des performances environnementales des motorisations essence et Diesel récentes avec l’espoir que les résultats pourraient permettre aux voitures utilisant la technologie fabriquée au sein de l’usine d’Onet d’obtenir le certificat qualité de l’air (Crit’Air).

Pas d’élargissement de la vignette

Les résultats sont tombés mercredi midi lors d’un comité de suivi stratégique de la filière automobile, animé par Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, à Paris et auquel participait notamment la direction France de Bosch. Sur les quatre types d’émissions polluantes étudiés trois sont plutôt favorables au Diesel, la quatrième, la plus importante en termes de santé publique, celle d’oxyde d’azote va largement en faveur de l’essence (lire l’encadré).

Le Diesel toujours aussi peu avantageux en ville

L’étude sur les émissions polluantes a été faite sur 22 voitures différentes. À chaque fois, le même modèle a été comparé entre l’essence et le Diesel (et l’hybride quand il existe). Pour cela, les véhicules ont roulé sur plus de 16 000 kilomètres dans des conditions de tests ont été très variées. Il en ressort que pour les émissions d’oxyde d’azote, le diesel est trois fois plus polluant que l’essence (57 mg d’émission par kilomètre contre 20 mg/km). En revanche, il est plus efficient en termes de gaz à effet de serre (6 % d’émissions en moins), d’émission de particules fines (2,8 fois moins) et de monoxyde de carbone (83 mg/km contre 434). Il faut en conclure, et ce n’est pas une surprise, que le Diesel est plus avantageux sur des circuits ruraux et les trajets longs où les moteurs ont le temps de chauffer. Beaucoup moins en zone urbaine, là où la pollution est la plus importante et où il y a le plus de risque pour la santé publique.

 

"Les véhicules Diesel ne sont pas au niveau des véhicules essence et ne peuvent pas prétendre aux mêmes critères et seuils de réglementation"

Si tous les véhicules récents respectent bien la réglementation, ces résultats ne permettent pas d’élargir les véhicules éligibles à la fameuse vignette qu’attendaient tant les salariés de l’usine Bosch. Du moins pour le moment. "Cette étude servira dans les mois à venir aux autorités européennes à définir la norme Euroset qui sera la future norme pour les prochains véhicules mis sur le marché, confirme-t-on au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, joint par Centre Presse mercredi. Il en est de même pour la vignette Crit’Air qui dépendra des travaux des prochains mois. Mais cette étude a l’avantage de poser factuellement tous les critères et la conclusion qui s’en dégage de manière factuelle, c’est que les véhicules Diesel ne sont pas au niveau des véhicules essence et ne peuvent pas prétendre aux mêmes critères et seuils de réglementation."

Le Département et la Région mobilisés

La conclusion de l’étude montre qu’en ville, là où la vignette Crit’air peut être exigée lors des pics de pollution, les véhicules essence sont bien efficients que les Diesel. Et c’est forcément une désillusion pour tous les défenseurs du site Bosch d’Onet. Car c’est bien en ville, là où il y a une plus grande concentration de voitures et donc d’émissions que les risques sanitaires sont les plus grands. Et ce n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’usine.

Mardi soir, Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie a écrit au président de la République pour lui demander "une mobilisation de l’ensemble des moyens d’action de l’Etat, industriels, politiques et diplomatiques", afin d’obtenir de la direction allemande de Bosch que le site aveyronnais et ses emplois soient maintenus. Vendredi, ce sont les élus du Département qui voteront une motion qui sera adressée à l’Etat dans laquelle ils regrettent notamment que "l’avenir de la filière automobile française – jusqu’alors filière d’excellence – soit exclusivement envisagé sous un mode idéologique". Des réponses qu’ils obtiendront dépendra peut-être directement l’avenir de l’usine aveyronnaise.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?