Après la table de massage, Marianne Alliot sort les pinceaux pour adresser un message
Ancienne kinésithérapeute, ayant exercé à Rodez, ville où elle a vu le jour en 1965, elle vit désormais à Nantes, où elle est artiste peintre.
Personne ne l’a oubliée... Surtout pas ceux qui fréquentaient les tribunes du stade Paul-Lignon à Rodez. Les joueurs de rugby du chef-lieu aveyronnais étaient alors pensionnaires de Fédérale 1, l’antichambre de l’élite. Ils étaient reconnus pour leur jeu et connus aussi pour avoir confié "l’éponge magique" à une femme. Une des premières à figurer au sein d’un staff médical parmi le haut niveau de l’ovale français. Marianne Alliot, non plus, n’a pas oublié. "J’avais la trouille", confirme l’intéressée. La jeune kinésithérapeute, âgée alors de 30 ans, passée par l’école à Paris et à Montpellier, pas installée (elle avait fait uniquement des remplacements), a été "recrutée" par l’entraîneur Christian Gajan et son premier contact a été le genou du demi de mêlée Nicolas Sigal, installé sur la table de massage : "On aurait dit une patte d’éléphant. Je n’étais pas sûre que mon rouleau de bandage serait assez long !", se souvient-elle. Elle n’a pas oublié cette collaboration qui a duré cinq saisons : "Cela a été une belle aventure humaine et une super expérience professionnelle. Cela m’a donné une vraie confiance en moi. à partir de là, je me suis sentie légitime dès que j’ai ouvert mon cabinet ruthénois". Dix ans plus tard, sa vie "a basculé" : "Je me suis donnée sans compter à mon travail. Pour oublier". C’est à ce moment-là qu’elle a fait la connaissance de Sylvie Marty, professeur de dessin, laquelle a réveillé une passion qui était en elle depuis toujours mais qui s’était progressivement endormie.
Elle rêvait de l’école Penninghen !
Marianne Alliot est née à Rodez, le 17 décembre 1965, dans une famille d’artistes. Après une scolarité classique, marquée par les cours de dessin au collège assurés par Jean Cazelles, créateur des Photofolies, sa voie semblait d’ailleurs écrite : elle envisageait, en effet, d’intégrer Penninghen, la célèbre école d’art graphique à Paris. Elle a finalement dû renoncer à ce projet et prendre une autre route. Elle aimait aussi la musique et le sport, la planche à voile l’été et le ski l’hiver. Elle voulait fréquenter ces univers. Sa mère lui a conseillé de faire kiné. Elle a donc œuvré avec une blouse blanche durant quinze ans à Rodez, avant de ressortir, la quarantaine révolue, son pot de crayons. "J’avais ça en moi, souligne-t-elle. Elle a ainsi recommencé à dessiner, le soir, le week-end : "Comme je ne fais pas les choses à moitié, j’ai replongé, à fond". Le dessin, elle maîtrisait, mais elle avait besoin de prendre des cours de peinture. "J’ai rencontré Franck Kiowski de la petite école d’art de Sainte-Eulalie-d’Olt et cela a été une révélation, insiste-t-elle, émue. Il m’a tout appris, j’ai adoré sa générosité artistique et nous continuons d’ailleurs à échanger souvent".
"Un lien très fort avec l’Aveyron"
Marianne Alliot a changé de tenue en 2011 en même temps qu’elle a fermé son cabinet. Ou le contraire peut-être. Après plusieurs années à faire le grand écart entre Rodez et Nantes, elle a pris ses quartiers en Loire Atlantique voilà quatre ans, à Basse Goulaine plus précisément, au sud du chef-lieu. Elle se consacre à corps perdu dans la peinture. "C’est ma vie aujourd’hui, confirme-t-elle, avec un grand sourire, visiblement très heureuse dans ses baskets. Je me suis lancée ! Après avoir vendu à des copains et à la famille, j’assume désormais de montrer mon travail au grand public. J’ai passé un cap, à la fois technique et dans ma tête". Elle collabore ainsi, notamment, avec une galerie à La Rochelle et avec d’autres lieux à travers tout l’Hexagone. Comme la Galerie Laguiole à Rodez (lire ci-dessous).
Marianne Alliot n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron. Malgré la distance, elle revient "au pays" tous les deux mois. "Le lien est même de plus en plus fort", assure-t-elle. Et la maman de deux garçons (Victor, 27 ans, et Samuel, 20 ans, né de son union avec l’ancien rugbyman Edouard Angoran) de poursuivre : "Plus on veillit, plus on se rapproche de l’essentiel". Elle conclut sur le sujet : "Mes racines sont aveyronnaises. Je ressens un besoin très fort de revenir. Pour mes parents bien sûr mais aussi pourt mes amis. Ils sont, en effet, ma famille". Et il suffit de faire un crochet par sa cuisine nantaise pour être convaincu que l’Aveyron compte : des kilos d’aligot, des plis de saucisse, du fromage... Non, non, pas en peinture !
Un vibrant hommage à l’Aubrac
Après une expérience collective en mai 2016, à la galerie Dici, rue de l’Embergue à Rodez, sur le thème du nu, à l’invitation d’Ozarts citoyens, en compagnie de Dorothée Carpentier, Irène Fau et Maud Touvet, Marianne Alliot expose pour la première fois seule en Aveyron. Ce baptême du feu solitaire a pour cadre, jusqu’au jeudi 31 décembre, la Galerie Laguiole, rue Pénavayre à Rodez. Ce choix n’est pas innocent car cette boutique présente le travail de la Forge, un des fleurons de l’économie aveyronnaise et l’artiste peinte est « très sensible à cette notion de terroir ». Elle développe : « Dévoiler ici ce que j’aime faire, ça a du sens ». Elle a accroché aux cimaises de ce bel espace, très lumineux, seize tableaux pour une exposition baptisée « Avant c’était l’hiver ». Nostalgique de nature, elle rend hommage dans ces œuvres à l’Aubrac. « L’Aubrac, ce sont mes racines et c’est là que j’ai passé tous mes hivers de gamine », souligne-t-elle. Contact : 05 65 68 69 31.
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