Géraud Delbès conjugue la langue d’Oc sur toutes les ondes, depuis Toulouse

Enfant, la langue occitane lui glissait entre les doigts. De "patois", Géraud Delbès n’entendait que "pas toi". Quand il surprenait sa grand-mère le parler à la maison, du côté de Villefranche-de-Rouergue, elle s’interrompait aussitôt. Punies quand elles osaient l’occitan à l’école, les générations avant lui avaient intégré que le patois devait rester à la maison. Alors, à l’occitan, Géraud Delbès y est venu seul. D’abord en regardant les émissions bilingues du dimanche, puis en s’intéressant à la musique occitane et aux revendications historiques liées à la langue. La lutte du Larzac et les manifestations des mineurs de Decazeville en premier lieu. En 2001, le Toulousain entre à l’université du Mirail pour devenir professeur d’occitan.

Il anime aujourd’hui une chronique quotidienne sur les ondes de France Bleu, la plus téléchargée de toutes, intitulée "Mots d’oc". Régulièrement sur France 3 et France Bleu, il présente les magazines occitanistes que sont "Viure al país" et "Conta Monde". Salarié de l’Institut d’études occitanes (IEO) de Haute-Garonne, il dispense également des cours pour les adultes. En ce début d’hiver, c’est en librairie que Géraud Delbès se fait remarquer. Aux éditions Privat très précisément, dirigées par un autre Aveyronnais, Dominique Auzel (L’Aveyronnais du 1er novembre 2020), Géraud Delbès publie "Mots d’oc, mots d’ici". Il s’agit d’un recueil de 150 chroniques radiophoniques. "Depuis toujours, j’ai à cœur de faire de l’occitan pour ceux qui ne le parlent pas, explique l’intéressé. C’est d’ailleurs pour ça que mes chroniques sont appréciées, parce qu’elles parlent à tout le monde. Ce qui est fou, c’est que tout le monde sait quelque chose de l’occitan sans même le savoir : beaucoup de mots sont utilisés au quotidien par chez nous". Chaque matin, le Toulousain décortique un proverbe, un toponyme, une tendance pour les conjuguer avec l’accent occitan. "Je n’entends pas idéaliser ni momifier la langue, mais plutôt montrer comment elle évolue et comment elle se fond dans le XXIe siècle, reprend Géraud Delbès. J’adore m’amuser avec les nouveaux mots : comment dit-on trottinette, selfie ou tablette tactile en occitan par exemple ?". Sollicité par Dominique Auzel, Géraud Delbès n’a pas résisté à l’appel de la grande maison d’édition toulousaine. "Un honneur", glisse-t-il timidement. Parce que le quadragénaire tient à son engagement : à savoir, toucher un maximum de personnes et "ne pas parler qu’aux convaincus". Répertorié parmi les langues en danger par l’Unesco depuis 2009, l’occitan est encore parlé dans 30 départements, jusqu’au Val d’Aran en Espagne et même en Italie. Ses défenseurs, dont Géraud Delbès, sont engagés dans "un combat permanent" pour que vive la langue occitane, notamment dans l’enseignement primaire et secondaire.