Rodez : de la musique pour guérir les maux psychiques
Depuis septembre, Francis Estèves (Cisco) partage son art, la musique assistée par ordinateur, au sein du CRPS. Il accompagne les patients souffrant de troubles psychologiques chroniques. Un album sera produit à la fin du projet.
Pierre Kevits, psychiatre à l’hôpital Sainte-Marie joue de la guitare, pour le loisir et le plaisir. Ce jour-là, il improvisait, un bœuf avec Olivier, un de ses patients, qui aime "la gratte". Pour le psychiatre, la musique a toute sa place dans une thérapie.
Au Centre de réadaptation sociale (CRPS), à Rodez, où travaille le médecin, ce n’est pas une nouveauté en soi. Cela fait déjà quatre ans, qu’avec Olivier Rabereau, infirmier à Sainte-Marie, ils avaient monté un petit groupe de musique, les Squatteurs du blues.
Depuis septembre, un pas de plus a été franchi, dans la médiation thérapeutique. Francis Estèves, alias Cisco, artiste musicien a débarqué avec la musique assistée par ordinateur (MAO).
"Avec Cisco et la MAO, nous réalisons un travail d’écriture et de composition. Nous pouvons explorer toutes les facettes de la musique. Cette rencontre entre le texte et la musique, devient une verbalisation. Chacun des patients sait qu’il peut parler et il pourra se faire entendre", analyse Olivier Rabereau.
Les patients souffrant de troubles psychologiques ne s’y trompent pas. Ils participent volontairement à ces séances et avec plaisir. "Je suis dans ce groupe de musique car cela me permet de me reconnecter à la vie normale. C’est comme un rétablissement, après une hospitalisation", admet Olivier, souffrant d’un trouble psychologique.
Car chacun le sait, la musique permet d’exprimer ses émotions, comme la joie et la tristesse. "Quand je chante et que j’enregistre avec Cisco, je peux réécouter ma voix. Parfois, je m’aperçois qu’elle est triste", analyse Olivier.
Révélateur de talents et des hommes
"La musique permet aussi de prendre confiance en soi. La réhabilitation permet d’aller vers l’extérieur, donc vers les autres, de sortir de soi. C’est là l’objectif de ce travail", souligne Pierre Kivits.
La MAO de Cisco agit donc comme un révélateur des personnes et des talents artistiques, de chacun. Fabrice Le Guen en est un exemple réussi. Ce patient s’est découvert un intérêt certain pour l’écriture et le chant. Depuis, il a rédigé plusieurs textes.
"Entre tout, nous en sommes déjà à douze chansons enregistrées. Il va vraiment falloir faire un tri. C’est comme chez les artistes, un moment donné, on ne pourra plus tout garder sur l’album", se félicite Cisco.
Ce dernier travaille la production des patients et de l’équipe des soignants aussi, puisqu’Olivier Rabereau est lui-même musicien. Cisco se dit d’ailleurs étonné de la qualité de la réalisation : "je considère que les patients sont d’abord des artistes. Je fais le même montage que pour les professionnels". Ce professionnel de la MAO revendique un "droit culturel pour tous". Ce public, considéré comme "empêché" par la législation en fait évidemment partie.
Ce travail, subventionné en grande partie par la Drac, aboutira à la réalisation d’un album. Un beau cadeau à la fois pour les patients et l’équipe de Sainte-Marie, sans oublier Cisco.
Un projet axé sur l’ouverture
Ce projet MAO qui doit durer jusqu’en mars est financé par la Direction régionale des affaires culturelles, l’Agence régionale de santé et le centre hospitalier de Sainte-Marie. Le but : sortir un album physique. Un projet est également dans les tuyaux pour une diffusion des morceaux musicaux sur une chaîne Youtube. L’équipe réfléchit aussi à un clip. La MAO ouvre tous les « chants » des possibles. Le centre de réadaptation sociale, rue Abbé-Bessou, avait déjà commencé à ouvrir ses murs, à l’occasion des fêtes de la musique. Le groupe les Squatteurs du Blues offrait aussi un concert trimestriel, avant la pandémie.
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