Boussac : dans les pas de René Molinier, l’un des derniers sonneurs du département

  • René Molinier et Paul Boscus (maire) constatent les dégâts après l’incendie du retable en 1981.
    René Molinier et Paul Boscus (maire) constatent les dégâts après l’incendie du retable en 1981. repro cpa
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Centre Presse Aveyron

Les calendes résonnent toujours dans notre clocher avec la bienveillance d’une programmation qui déroule la procédure depuis déjà de nombreuses années. Ces carillons qui précèdent Noël (12 jours avant Noël) créent ainsi une ambiance de fête.

Pour toutes celles et ceux qui se souviennent, anciens ou plus jeunes, on ne peut évoquer cette période de l’année sans avoir en mémoire la personne de René Molinier, un des tout derniers sonneurs de cloche du département.

Notre campanièr, ponctuel parmi les ponctuels pour accompagner chaque évènement religieux, sans oublier le quotidien et ses trois interventions pour sonner l’angélus et midi, a gravi un nombre incalculable de fois les quatre-vingt-une marches qui conduisent au clocher. La période des calendes avait un caractère bien particulier qui créait cette atmosphère chaleureuse auprès de la population avec les jeunes du village qui ne manquaient pas d’accompagner ce cérémonial en allant sonner les carillons. "Los trilhons (carillons) se fasiàn. Onze jorns davant nadal, començàven de far dos classes lo onzième jorn e jusc’a la fin que ne fasian dotze. A la fin, fasiam un clas amb los quatre campanas. Totes los joves montavan al cloquièr, èrem nòu o dètz de còps a far los trilhons." (Témoignage recueilli dans le livre "Al canton")

Le nombre de carillons augmentait d’une unité par jour et pour faire ce décompte et respecter cette procédure, un petit caillou déplacé quotidiennement permettait de respecter le compte à rebours. Ces petits cailloux faisaient figure de boulier, peu onéreux et très efficace.

La vie de sonneur de René Molinier connut aussi des moments plus ou moins inattendus avec en particulier l’incendie du retable à l’automne 1981. C’est bien René qui a découvert ce départ de sinistre provoqué par un court-circuit, engendrant des dégâts considérables à ce qui constitue le joyau de notre église. Sa vigilance a permis d’éviter des conséquences fatalement irréversibles.

Voici également une anecdote bien plus légère rapportée par son petit-fils David, à qui nous devons le crédit photo et documentaire.

"Un soir, après une partie de cartes, notre sonneur quitte ses partenaires de jeu pour aller se coucher car il se devait d’être à l’heure pour sa mission quotidienne. C’est alors que ses camarades pour le moins malicieux eurent l’idée d’aller saucissonner les battants des cloches avec un sac de jute. On peut imaginera la tête qu’a dû faire notre consciencieux sonneur, s’apercevant qu’aucun son ne sortait du clocher !"

Derrière les carillons actuels qui se dispersent du clocher, plane toujours l’âme de René qui a porté sa précieuse contribution pour la programmation électrique de ces derniers.

Saluons encore une fois la mémoire de ces gens qui faisaient partie de la vie du village.

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