Santé : le Nord-Aveyron montre encore la voie de la coordination

Hasard du calendrier, la signature de la première communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du département, du Nord-Aveyron précisément, s’est tenue le jour même où était dévoilée l’étude de l’association des maires ruraux de France et la Macif qui met en lumière l’espérance de vie raccourcie de plus de deux ans à la campagne par rapport à la ville.

Signe de l’inégalité d’accès aux soins et de l’urgence à agir. Le Nord-Aveyron est encore précurseur, comme ce fut le cas avec la création du premier réseau de santé de proximité dès 2008, donnant naissance aux premières maisons de santé du département. Ce qui fut souligné par Benjamin Arnal, directeur délégué de l’Agence régionale de santé (ARS) en Aveyron, partenaire de cette opération avec la CPAM où a eu lieu la signature du contrat d’une durée de cinq ans : " On félicite le personnel du Nord-Aveyron, déjà précurseur de la première maison de santé. Cela montre la volonté forte de faire face à l’isolement ".

Ces CPTS dont l’objectif est de mailler le territoire d’ici 2022, visent "à décloisonner ", résume Benjamin Arnal, en coordonnant les professionnels de santé, à leur initiative. Le chantier est encore long puisque celle du Nord-Aveyron est la quatrième d’Occitanie, mais "des projets sont en cours, en Aveyron ", annonçait Aymeric Seguinot, directeur du CPAM Aveyron. Concrètement, ce dispositif a pour ambition de favoriser l’accès aux soins, de développer des actions de prévention et d’accompagner patients et professionnels de santé.

Créer du lien

En ce sens, le Dr Philippe Nekrouf, médecin à Laguiole et président de la CPTS du Nord-Aveyron, a rappelé la définition de l’Organisation mondiale de la santé : "La santé c’est le bien-être physique, mental et social." Dans cette volonté de réunir l’ensemble des professionnels de santé, quatre groupes de travail ont été élaborés : l’attractivité avec un accompagnement des professionnels de santé, en particulier pour attirer (et retenir) des étudiants, la continuité des soins en améliorant l’accès, l’e-santé pour créer et maintenir le lien entre patients, professionnels et professionnels entre eux, et le parcours santé avec notamment l’arrivée imminente d’une infirmière coordonnatrice pour assurer la gestion et le dépistage des troubles liés à l’apprentissage et du cancer.

Doubler le nombre de professionnels de santé

L’ARS et la CPAM apportent leurs contributions en termes d’équipements, de gestion, montage du statut juridique, l’ingénierie ou encore financièrement avec une première enveloppe de 30 000 €. Cette coordination pourrait permettre "de doubler d’ici un à deux ans le nombre de professionnels, toujours sur la base du volontariat", avance le Dr. Nekrouf qui rappelle "la situation fragile du Nord-Aveyron. La CPTS peut être une des clefs pour être plus robuste car on vieillit, moi-même j’ai 60 ans." Lutter contre les déserts médicaux, renforcer la qualité de soins et la fluidité entre ville et hôpital, améliorer l’attractivité du territoire, recréer du lien pour rompre l’isolement sont autant de bénéfices attentus par ce nouveau dispositif qui coordonne et rassemble l’ensemble des professionnels de santé. "La CPTS donne de la souplesse pour être au plus près du terrain. C’est la dynamique qui compte et ce n’est que début", conclut le Dr. Nekrouf.