Quand l’épidémie de la peste touchait Espalion

  • Au pied du pic de Vermus, la plaine de Combes se trouve sur la rive gauche du  Lot.
    Au pied du pic de Vermus, la plaine de Combes se trouve sur la rive gauche du Lot. Repro CP
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CORRESPONDANT

L’excellent ouvrage "Châteaux et personnages de l’Espalionnais" de Gérard Astorg rapporte un des épisodes des plus morbides parmi les trop nombreux passages de la peste en Rouergue et à Espalion en particulier.

La terrible maladie arriva à Espalion le 15 septembre 1653 avec la mort du nommé Boyé dit "Merjou". On lui trouva "des glandes aux gencives et du pourpre derrière la tête" signes certains du mal contagieux. Les consuls de l’époque tentèrent toutes les mesures possibles pour éviter la contagion : contrôle des déplacements, interdiction des réunions, condamnation des maisons des pestiférés. Mais rien n’y fit !

Dans les rues, les "corbeaux" -ces volontaires affublés de masques en forme de bec- enterraient les cadavres en série, tandis qu’un certain Cobelly, "parfumeur languedocien", chassait les miasmes en répandant force cannelle, poivre, muscade et... sucre en poudre. Il mit même le feu à plusieurs habitations qu’il avait pour mission de désinfecter ! Aussi, fuir la ville et son atmosphère de mort, telle fut l’obsession des Espalionnais de cette époque.

Chercher refuge à la campagne

Les autorités durent même faire face et réaliser des aménagements pour accueillir tous ces réfugiés, du côté de Flaujac mais aussi surtout du côté de Combes sur la rive gauche du Lot, en amont d’Espalion. Le mas de Combes appartenait en ce temps-là à Guillaume de Lagriffoul d’Espalion qui l’avait acquis, en 1624, de la noble famille de Volonzac. Des huttes furent construites autour de ce mas et jusqu’au pic de Vermus.

Tous ces malheureux réfugiés trouvaient quelque réconfort auprès des nombreuses sources et en particulier de la fontaine de Combes. Celle-ci pourrait être celle située de nos jours à une centaine de mètres de la confortable maison de maître.

Jusqu’au XIXe siècle, une mauvaise réputation était encore attachée à ce point d’eau et bien rares étaient ceux qui auraient osé s’y abreuver. Ce qui n’est bien sûr plus le cas aujourd’hui.

Si on ne connaît pas le nombre de victimes de cette épidémie de 1653-1654, on peut mesurer l’importance de l’exode qu’elle a provoqué par une anecdote.

Le 16 février 1654, le capitaine commandant sept compagnies du régiment du Périgord, venu combattre les "croquants" - un autre fléau de l’époque - vint prendre ses quartiers d’hiver à Espalion et il déclara : "Nous n’avons trouvé que deux consuls, huit à dix habitants au plus, avec le parfumeur pour le service de la ville".

Belle conscience professionnelle pour cet homme de l’art !

Heureusement aujourd’hui la région de Combes est devenue un petit havre de paix et de verdure à la frontière de la commune d’Espalion avec Saint-Côme où il fait bon vivre en toute quiétude, malgré le confinement ou le couvre-feu.

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