Aveyron : l’année contrariée des parcs animaliers

  • Étienne Guy au Jardin des Bêtes de Gages avec une de ses pensionnaires.
    Étienne Guy au Jardin des Bêtes de Gages avec une de ses pensionnaires. José A. Torres
Publié le
Christophe Cathala

A Gages comme à Pradinas, les exploitants n’ont pu compter que sur leur trésorerie, juste alimentée trois mois l’été, pour garder la tête hors de l’eau, sans en faire payer les frais à leurs quelque 600 animaux.

Confinés par nature et en liberté surveillée, les pensionnaires des parcs animaliers n’ont guère subi les affres de la situation sanitaire, si ce n’est une solitude un peu plus marquée par l’absence de visiteurs.

En plein cœur de la saison, ce sont quatre mois de disette qui ont été revanche imposés aux exploitants des trois principaux domaines de l’Aveyron consacrés aux bêtes sauvages : le parc de Pradinas, le Jardin des bêtes et le Saint-Hubert à Gages. Ils sont tous aujourd’hui en hivernage au terme d’une année qu’ils espèrent effacer au plus vite.

L’argent des projets

Car aux charges inhérentes à tous les établissements qui ont dû fermer sur décision gouvernementale, s’ajoute la nécessité de nourrir et soigner les animaux quel que soit le nombre d’entrées et les recettes qu’il génère. L’entretien de quelque 600 animaux a ainsi fait fondre les trésoreries des trois domaines. "On a eu des aides, des crédits de l’État, mais cela n’est pas allé chercher bien loin, explique Étienne Guy, directeur du Jardin des bêtes à Gages. On avait un peu d’argent de côté destiné à lancer de nouveaux projets, il nous faudra financièrement y regarder de près". Mais Étienne Guy garde le moral, envisage même de créer un toboggan aquatique l’été prochain pour développer le parc d’attractions, lancé en 2017 pour compléter le parc animalier et ses 200 pensionnaires.

L’été limite la casse

Des 55 000 visiteurs chaque année, il ne reste que l’affluence de l’été "qui a plutôt bien marché entre fin juin et fin octobre. Jusqu’à la Toussaint où l’on a dû fermer prématurément, alors que la météo était favorable… On compte désormais sur le printemps pour se refaire - on rouvre le 3 avril - et même si l’on se doit de rester serein, l’hiver sera compliqué".

C’est également la parenthèse estivale et automnale qui a limité la casse chez son voisin de Gages, le Saint-Hubert, 150 animaux (principalement du gibier et des lamas) et une ferme-auberge. "Entre le 15 septembre et le 15 octobre, on a fait un bon mois de brame du cerf avec pas mal de groupes, assurent Florent et Jean-Paul Olivier, les propriétaires. Mais ces groupes, prévus à 50 personnes, ne sont venus qu’à 30, distanciation dans l’autocar oblige. La situation a été très sensible à la table de l’auberge, on a divisé par deux notre saison, surtout au printemps. Financièrement, on jointe juste…". Ils portent désormais leurs espoirs sur la réouverture de Pâques pour effacer cette saison.

Trésorerie à zéro

Trésorerie et affluence estivale ont également sauvé du désastre le parc animalier de Pradinas où les aides de l’État n’ont pas permis tous les mois à Jean-Philippe Roman et son épouse (qui tiennent le domaine avec deux salariés) de se verser des revenus. "Ce que j’avais mis de côté pour bâtir de nouveaux enclos m’a aidé à tenir, confie Jean-Philippe Roman. Mais la trésorerie, grâce à une saison 2019 plutôt bonne, est aujourd’hui à zéro. J’ai emprunté pour créer des nouveautés la saison prochaine, mais il va falloir rembourser les dettes. On ne rattrapera ce que l’on a perdu, même l’été n’a pas été si mauvais : on a eu du monde, plus que ce que je pouvais le penser".

Le prochain printemps pour se refaire

à Pradinas, Jean-Philippe Roman développe aussi d’autres activités autour des animaux : ses ours dressés font le bonheur des films publicitaires et cinématographiques. "Mais tout s’est arrêté. Il faut des masques sur les tournages et courir après un ours ainsi équipé, c’est juste pas possible…" Il en est de même pour l’aigle dressé, Mefi, mascotte de l’OGC Nice (Jean-Philippe est le fauconnier officiel du club de foot) dont les matches ont dû se passer, faute d’animation dans les stades. "Quand on a plusieurs activités, on compte sur l’une pour rattraper l’autre. Là, ce ne fut même pas le cas".

Une fois encore, la réouverture le 10 avril donnera le ton de la nouvelle saison. Si d’ici là de nouveaux confinements ne viennent pas ruiner tous ces fragiles espoirs.

Priorité aux soins

Viande, fourrage, alimentation spécifique pour les animaux exotiques… La facture est souvent salée pour un parc animalier, surtout si l’on y ajoute les soins vétérinaires que ne peuvent pratiquer les salariés eux-mêmes. Mais les trois exploitants aveyronnais l’assurent haut et fort : "Les animaux sont notre priorité et n’ont pas eu à pâtir de la situation". Côté fournisseurs, toutes les livraisons ont été assurées sans difficulté, certains d’entre eux ayant même fait de menus cadeaux pour s’attacher leur clientèle aveyronnaise…

 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?